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Sauver le tombeau de Cyrus le Grand !
30.08.2005

SIVAND est un village près de Chiraz, connu aujourd’hui pour son barrage. Sivand est le berceau d’une langue indo-européenne, une langue posée comme un îlot au milieu des perso phones. On estime à moins de 7 000 personnes le nombre de ceux qui parlent encore cette langue.




Entre Pasargades, la première capitale de l’empire Perse et Persépolis, une route serpente en longeant une gorge et une vallée profonde qui se nomme Bolaghi.

Un barrage en construction devrait entrer en service cette année. Sa mise en eau devrait créer un lac artificiel d’une vingtaine de Km², faisant monter l’eau de plusieurs mètres. Normalement l’eau aurait due stopper à six kilomètres de la tombe de Cyrus le Grand, mais le barrage est en voie de rehaussement. Le risque est donc élevé. À la demande des autorités iraniennes des archéologues du monde entier ont effectués des recherches en 2003 et 2004.

Ils ont répertorié dans ce périmètre plus d’une centaine de sites, dont deux canaux souterrains aux dimensions impressionnantes. Les archéologues ont mis en évidence des demeures et des poteries de différentes époques, dont certaines préhistoriques. La plupart des découvertes remonte à l’époque Achéménide ou après, jusqu’à des périodes très récentes.

La région du Bolaghi et de Sivand attire l’attention de l’ensemble des archéologues, car elle a occupée une zone stratégique de l’Histoire de l’humanité et si rien n’est fait, les restes à découvrir seront irrémédiablement perdus.

La question que se pose les archéologues est de savoir comment concilier les impératifs économiques modernes et la protection d’un héritage culture préislamique.

Le projet du barrage de Sivand a débuté en 1992. La responsabilité des archéologues fut d’alerter les autorités, mais l’accès aux sites concernés n’a pas été toujours facilité.

Les projets hydrauliques sur le Karoun qui remontent à l’ère du Shah dans les années soixante ont soudainement été remis en vigueur et alors que les choses allaient doucement pour le plus grand bonheur des historiens, la décision d’accélérer la mise en eau suscite bien des inquiétudes.

Heureusement, le niveau d’eau ne montera que lentement, mais des centaines voire des milliers de sites d’importance seront sous les eaux et ne permettront plus d’être étudiés.

Même s’il n’est pas question de faire des fouilles sur chaque mètre carré de cette immense région, il est important de pouvoir en faire pour établir une chronologie aussi fiable que possible. Dès à présent les preuves de civilisation de plus de 3000 ans existent, et l’on a retrouvé des villages, des camps, des routes, des cimetières, des fermes... Et d’après certaines trouvailles récentes, on aurait des sites néolithiques.

Le temps presse, mais il est encore possible d’agir. Le centre iranien pour la préservation de l’héritage culturel aurait accepté que des équipes de chercheurs du monde entier puissent travailler sur les zones non encore inondées.

La vallée de Bolaghi pourrait un jour apporter la preuve de l’existence d’autres civilisations dans la province du Fârs où seuls les plus fameux monuments comme ceux de Persépolis ont été étudiés.

Face à ce qui ressemble à un désastre culturel en perspective, il nous apparaît important qu’un comité de soutien se crée le plus rapidement possible afin qu’avec l’aide de l’UNESCO notamment, le nécessaire soit fait pour préserver au maximum l’histoire d’une grande civilisation.