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L’échec de la politique Latino Américaine de l’Iran
20.01.2007

L’antiaméricanisme soude les liens entre l’Iran et l’Amérique latine, c’est pourquoi Mahmoud Ahmadinejad a visité le continent pour la 2° fois en quatre mois. Mais le périple d’Ahmadinejad en Amérique Latine est loin d’être un succès.



La première visite d’Ahmadinejad en Amérique Latine a été pour Cuba, au 14° sommet des non-alignés entre le 11 et le 16 septembre 2006. Bien qu’il n’ait pu rencontrer Fidel Castro, au plus mal et hospitalisé, il a reçu un très chaleureux accueil à La Havane.

Le président du régime des mollahs a commencé son périple en Amérique latine en visitant le Venezuela où il a rencontré Hugo Chavez. Leur amitié a presque été renforcée par l’islamisme d’Ahmadinejad qui a rencontré le catholicisme de Chavez. Vocation qui avait failli le pousser plutôt vers le séminaire plutôt que vers la carrière militaire. Pourtant là s’arrêtent les coïncidences.

Chavez est maître à bord, mais Ahmadinejad n’est pas le chef de l’Etat en Iran, mais un pion du régime. Chavez rêve du triomphe du socialisme dans les arrières cours du grand empire capitaliste américain et le petit Ahmadinejad rêve modestement de servir un état qui est supposé faire asseoir la suprématie de l’islam dans le monde.

Dans une pure logique terre-à-terre, l’objectif des mollahs est la survie du régime et Chavez le sait bien. Chacun des deux associés entend utiliser l’autre, ce qui fait d’ailleurs leur faiblesse.

Le pétrole est la seule arme efficace dont disposent l’Iran et le Venezuela, mais les prix sont à la baisse, handicapant quelque peu les rêves de super-puissance de ces 2 pays. Chavez soutenu par la république islamique d’Iran, a réussi, pour soigner son image, à mettre sur pied un fond d’aide international aux pays pauvres. Mais ce front de Caracas et Téhéran nécessite des montagnes de dollars.

Pour l’heure, les deux pays ont seulement accepté d’agir en commun dans diverses organisations internationales dont l’OPEP et ils avaient projeté de convaincre d’autres états producteurs à réduire leur production afin de faire repartir les cours à la hausse. Ils espéraient porter un coup à l’économie américaine.

Cependant, le Venezuela risque de payer cher ses liens avec les mollahs aussi bien au sein du Mercosur que dans ses relations avec la Ligue Arabe et les états arabes du Golfe Persique (qui soutenaient son entrée dans le Conseil de Sécurité). Bien avant que l’Iran et le Venezuela n’entreprennent des démarches au sein de l’OPEP, 6 états arabes du Golfe Persique, membres de l’OPEP, ont adressé un avertissement à l’Iran et l’Algérie, un autre membre influent de cette organisation a officiellement rappelé son hostilité à prendre partie pour l’Iran.

Chavez risque de déchanter, mais le projet très démagogique du Fond d’Aide International aux Pays Pauvres lui tient à cœur et il est son va-tout pour se maintenir au pouvoir grâce à ce combat inégal contre le Capitalisme.

Ces fonds idéologiquement anti-américains serviraient donc à soutenir les pays latino-américains les plus pauvres, mais aussi les ambitions continentales de Chavez (et encore la popularité de son donateur iranien). C’est pourquoi Ahmadinejad est allé du Venezuela au Nicaragua pour rencontrer Daniel Ortega, un autre anti-américain de longue date, qui vient d’être réélu président d’un pays pauvre et ruiné.

Cependant, le projet semble plus médiatique que réel. Ortega entendait profiter pleinement de la générosité intéressée des mollahs mais ces derniers ont refusé sa demande pour annuler sa dette de 152 millions de dollars et se sont contentés de promettre la construction de logements sociaux et la vente d’une usine de montage de bus.

Cette pingrerie des mollahs, eux-mêmes ruinés, a refroidi Ortega. Une autre explication est que Téhéran voudrait avoir un moyen de pression sur Managua afin qu’il ne s’oriente pas vers d’autres alliances. Ce double manque de générosité a eu un effet immédiat sur la rhétorique anti-américaine d’Ortega, et ce dernier s’est contenté de dire qu’Ahmadinejad et lui avaient formé « une alliance contre la pauvreté et le chômage ».

Pour faire passer la pilule de son anti-américanisme dilué, Ortega a remis à Ahmadinejad la médaille Augusto Sandino (fondateur du sandinisme) !

La tournée latino-américaine d’Ahmadinejad n’a pas été un succès. Au retour, Ahmadinejad a été fraîchement accueilli à Alger et critiqué à domicile. A l’arrivée, les « 6+2 » ont sévèrement bousculé la république islamique et relégué aux calendes grecques le projet d’une OPA anti-américaine sur l’OPEP. Reste à mesurer la patience de Chavez qui doit sans doute préférer sa présidence à la survie du régime des mollahs.

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| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Pays : Amérique Latine |