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Analyse : Ahmadinejad et la capacité nucléaire de l’Iran
05.01.2007

La république islamique de l’Iran, principalement par le biais d’Ahmadinejad, tente de maintenir la crise au niveau de l’intolérable dans le dossier nucléaire iranien. Ce dernier ne cesse de faire des déclarations propres à effrayer la communauté internationale. La dernière en date est l’annonce de la production prochaine du combustible nucléaire par le régime des mollahs (il s’agit d’ailleurs d’une reprise d’une précédente déclaration de mars 2006). Cette déclaration ou plutôt cette nouvelle provocation nous incite à vous exposer un point de vue inédit : l’Iran bluff.



Nous avons été les premiers voire les seuls à annoncer sur la base de notre analyse (et avec plusieurs semaines ou de mois d’avances) que l’élection d’Ahmadinejad avait été programmée pour déboucher sur une rupture des pourparlers avec la Troïka,

- que l’offre incitative européenne n’avait aucune chance d’être acceptée par Téhéran,

- que le Rapport Baker était voué à l’échec,

- que les mollahs étaient les instigateurs de la guerre ethnique en Irak.

Et nous avons également été les premiers à détecter l’offensive énergétique russe, son objectif et son alliance avec les mollahs.

Un enjeu géopolitique

La crise nucléaire iranienne a servi les intérêts régionaux de la Russie et cet état à tout fait pour faire durer cette crise dans ce seul but, tout en sachant que la possible bombe nucléaire iranienne (même en un seul exemplaire) serait certainement annonciatrice d’un bouleversement régional intéressant pour Moscou. Cette bombe mythique inaugurerait une tendance à la nucléarisation militaire de la région et fragiliserait la position anti-proliférationniste des Etats-Unis. La supposée bombe iranienne servirait, en priorité, les intérêts de Moscou dans la région. Les mollahs ont pleinement profité de cette intention non déclarée de Moscou mais avérée dans les faits par les déclarations de reconnaissance du droit au nucléaire de l’Iran mais aussi de l’Egypte.

Un enjeu vital pour le régime

Cependant, dans nos articles, nous avons toujours laissé entendre que la rupture des pourparlers avec la Troïka, le rejet de l’offre incitative européenne, le rejet du rapport Baker comme les ingérences en Irak étaient reliés par un fil conducteur qui est l’exigence explicite de la reconnaissance américaine du rôle régional de l’Iran, rôle exercé par le biais du Hezbollah.

Explications | L’instabilité de la région permet aux mollahs de se poser en arbitre de la confusion. Cette confusion ne peut exister que si les mollahs ont des agitateurs sur place.

Tel est le fondement de leur stratégie, ils restent en retrait et laissent faire des intermédiaires : le Hamas, le Hezbollah et même la Syrie. C’est pourquoi le Hezbollah est une nécessité pour les mollahs.

Le Hezbollah garantit la politique de nuisance régionale des mollahs et au retour les mollahs doivent trouver un cadre international qui garantisse le Hezbollah. La communauté internationale s’y oppose (avec des nuances). C’est pourquoi le régime des mollahs doit faire peur à une très grande échelle afin de pousser les Européens et surtout les Américains à consentir à accepter un compromis : un statut quo sur le Hezbollah.

La guerre libanaise de l’été 2006 et la main mise des mollahs sur l’Irak comme leur implication dans les évènements de la Somalie ou leur espionnage en Afghanistan ont confirmé l’hyperactivité du Hezbollah qui entend s’affirmer comme un composant incontournable en Orient comme en Afrique, en attendant son déploiement en Amérique du Sud. L’ensemble des crises actuelles où sont impliqués les mollahs tourne autour de la reconnaissance des Garanties régionales de sécurité pour la république islamique d’Iran. Les mollahs veulent rester au pouvoir et conserver le leadership de l’islamisme révolutionnaire. Ils doivent mettre Bush dans une situation impossible afin qu’il cède au sujet du Hezbollah.

Autrement dit, la crise nucléaire et les déclarations alarmantes dans ce domaine sont aussi un moyen efficace pour Téhéran de pousser les Américains à un consensus. Dans ces conditions, une visite guidée des installations nucléaires et enterrées de l’Iran provoquerait une crise sans précédent et sans doute plus efficace que l’ensemble des déclarations et provocations nucléaires tentées par le régime.

Ceci nous permet aujourd’hui, bien avant d’autres Think Tanks, de vous annoncer que Téhéran, malgré sa volonté et ses efforts, est certainement loin de posséder le centième de capacité nucléaire ou même du savoir faire scientifique pour parvenir à une quelconque prouesse technologique dans le domaine nucléaire.

Ainsi la déclaration d’Ahmadinejad : « L’Iran a maîtrisé le cycle du combustible et va lancer la production de combustible nucléaire à l’échelle industrielle », est une provocation supplémentaire pour maintenir la crise à un niveau intolérable qui ferait céder l’Europe en premier entraînant dans son sillage, la Russie dont l’intérêt est dans la durée de la crise.

Le régime des mollahs ne peut en aucun cas être dangereux avec sa petite quantité de bombes, mais ce régime utilise cette menace intolérable pour obtenir une refonte des alliances américaines dans la région et pérenniser le rôle du Hezbollah. En même temps, si cette bombe est peu utile à l’Iran, elle desservira uniquement les Etats-Unis et permettra le retour en force de la Russie dans la région. Mais même sans cette bombe, le régime des mollahs reste dangereux car il entend surtout combiner le terrorisme et le plutonium ou les déchets nucléaires pour s’orienter vers le terrorisme sale.

Ce régime a longtemps profité de la division atlantique, de la naïveté de ses partenaires commerciaux qui n’ont pas détecté ses visées régionales, il a aussi profité de la bienveillance intéressée des Russes. Mais aujourd’hui, son activisme confessionnel nuit aux puissances régionales et sème les germes d’une instabilité propre à mettre en danger l’approvisionnement énergétique par le Golfe Persique. Aujourd’hui, ce régime n’a aucun allié déclaré et son économie est à l’agonie. Il peut être renversé et il le doit car les enjeux de l’Iran sont stratégiques, énergétiques et confessionnels.

Nous ne pouvons que recommander la plus grande fermeté à son égard, que ses capacités nucléaires soient vraies ou feintes comme nous vous le confirmons : il doit être renversé pour être remplacé par un état garant de la stabilité régionale. Il faut pacifier cette région enfiévrée. Ce futur Iran sera la terre de passage des gazoducs d’Asie Centrale vers l’Europe. Sans ces changements, la république islamique continuera à professer l’agitation islamiste et maintiendra une alliance énergétique avec la Russie pour démolir la défense Européenne.

Se donner un air menaçant...

Ces doutes sur l’inexistence d’un programme nucléaire menaçant se confirment par des détails mystérieux qui sont justement de nature à suggérer la menace. Le régime des mollahs laisse entendre qu’il possède une vingtaine de centrales ou centre de recherches, juste pour se donner un air menaçant (Saddam en faisait également autant).

Le régime des mollahs a fait démonter une usine nucléaire pour empêcher des visites d’inspecteurs de l’AIEA. Nous sommes perpétuellement dans le mystère. En mai 2006 l’AIEA révéla que l’Iran avait utilisé des stocks de gaz UF6 (hexafluorure d’uranium) chinois, plutôt que celui qu’il prétendait avoir produit quelques mois plus tôt et ce car il avait hâte de prouver qu’il maîtrisait l’enrichissement de l’uranium. Il est fort possible que El Baradai n’ait pas menti en affirmant qu’il n’avait aucune preuve de l’existence d’un programme nucléaire militaire en Iran. Cependant, El Baradai a aidé le régime des mollahs en retardant le renvoi du dossier au Conseil de Sécurité.

L’exposé des mystères du programme nucléaire iranien renforce notre analyse : il y a bien un enjeu qui va au-delà du nucléaire, un enjeu qui pousse les mollahs à endurer les sanctions alors qu’ils ont le moyen de les stopper : faire visiter leurs centrales.

Cette visite peut radicaliser leurs provocations et booster le débat ou au contraire prouver l’inexistence d’un programme nucléaire cohérent et menaçant. Mais ils ne font ni l’un, ni l’autre et restent dans le domaine des provocations verbales d’un certain niveau. Ce régime cherche à provoquer une crise internationale qui fasse craindre le risque d’une déflagration mondiale ; il fait un chantage permanent… Les mollahs utilisent le nucléaire, l’Irak et le Liban comme un panel d’atouts dans ce chantage.

Enjeux croisés

L’ensemble du dossier nucléaire iranien est d’ailleurs un imbroglio d’enjeux et d’objectifs opposés. L’objectif des Russes est d’amplifier la crise afin de casser l’ordre régional, l’objectif de la Ligue Arabe est de discréditer la dissuasion israélienne par l’intermédiaire d’El Baradai, l’objectif des mollahs est de Garantir leur main mise sur la région en garantissant l’avenir du Hezbollah, l’objectif de l’Europe est d’assurer ses intérêts en Iran et les américains ont plusieurs objectifs qui sont parfois incohérents (rétablir la stabilité et injecter de la démocratie dans un environnement acquis à l’islamisme). Les mollahs ont profité de cette cacophonie pour continuer leur politique d’amplification des crises. Trois éléments se dégagent de cette analyse :

- Il y a une crise nucléaire (voulue par l’Iran) mais pas de « capacité nucléaire iranienne » prouvable. Le « programme nucléaire iranien » a deux fonctions :
- Maintenir la pression sur la communauté internationale
- Couvrir un programme clandestin d’achat de bombes et de missiles nucléaires auprès des ex-républiques soviétiques,

- Il existe donc un risque de prolifération régionale en réaction à l’activisme nucléaire des mollahs,

- Il y a l’enjeu (iranien) de cette crise : Garantir l’avenir du Hezbollah afin de maîtriser cette région de transit d’hydrocarbures,

- Il existe donc un risque de rejet de cette hégémonie, risque d’instabilité régionale et de guerres sunnite-chiite par milices interposées,

- Il y a la nécessité de reconnaître ces enjeux et ces risques pour résoudre cette crise.

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Cependant...
- Iran : Le régime est dans une double impasse
- (1er Janvier 2007)

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