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Rapport Baker : Le presque soulagement de l’Iran et le retour du Hezbollah
08.12.2006

L’Iran a réagi avec prudence aux propositions du groupe d’étude américain sur l’Irak, qui a recommandé à Washington de dialoguer directement avec Téhéran. Comme nous vous l’avons sans cesse asséné sur ce site, l’objectif des mollahs n’est pas de négocier pour la stabilité de l’Irak. L’objectif est d’utiliser la crise en Irak, au Liban et au sujet du nucléaire pour obtenir des Garanties de sécurité pour les mollahs et pour le Hezbollah.



Pour parvenir à ce résultat, les mollahs doivent amplifier les crises et multiplier les provocations et non accepter les mains tendues pour la stabilité de l’Irak. L’atout des mollahs est l’instabilité de l’Irak. C’est pourquoi nous avions jugé le rapport boiteux et artisan de son propre échec. La réponse de l’administration Bush de soumettre la reprise d’une quelconque négociation à la cessation vérifiable des activités nucléaires en Iran a presque soulagé les mollahs. Ce refus mesuré parce que lié à une cessation vérifiable des activités condamnées par le Conseil de Sécurité dispense les mollahs de refuser de s’engager dans un processus de pacification de l’Irak. Il aurait été amusant que l’administration Bush ne réponde pas au tac au tac et laisse les mollahs devant l’impossible choix : démontrer de façon vérifiable qu’ils désirent contribuer à la stabilité de l’Irak.

Mais George Bush a agi en président américain, c’est-à-dire un dirigeant tenu de rendre compte de ses actions devant le congrès et le peuple. Il a immédiatement fait connaître sa décision sur les recommandations du Baker-Hamilton : la Maison blanche a tenu à préciser que le chef de l’Etat ne s’estimait pas tenu de suivre les idées préconisées par le groupe d’étude et rejetait le principe de discussions directes avec l’Iran, tant que ce pays n’aurait pas suspendu ses activités d’enrichissement d’uranium.

Réponse des mollahs | La décision des Etats-Unis de se retirer d’Irak ne nécessite pas des négociations avec l’Iran ou avec un quelque autre pays de la région. Le régime des mollahs a répondu sans se prononcer sur le sujet et ce parce que ce régime ne veut pas s’engager dans un processus, même verbal, de stabilité qui le priverait d’un droit de nuisance en Irak. Il en va de même pour le Liban.

D’ailleurs la vraie réponse des mollahs est venue du Liban : dans un discours fleuve, le chef du Hezbollah a promis le sang et le feu au gouvernement élu du Liban. Il a même déclaré que si Siniora avait été un chiite, il l’aurait lui-même tué de ses propres mains pour amitié avec Israël qui à ses yeux équivaut à une trahison envers l’Islam.

Le seul endroit où le rapport Baker est loué pour son pragmatisme, c’est à Paris. Où les analystes, les journalistes de tout bord et Villepin y ont vu un progrès. Paris imagine qu’il rend ainsi service aux mollahs de Téhéran. Il y aussi sans doute une tentative de diaboliser Washington pour affirmer que la seule solution pour tout arranger est de négocier avec Téhéran sur « tout ». Cependant à l’image de Guillaume Parmentier, on ne précise pas ce que ce « tout » englobe. Ce « tout flou » finira par accorder en catimini des Garanties de Sécurité au Hezbollah, Garanties qui seront le déni du Souveraineté du Liban et la promesse de guerres successives sur le modèle de la dernière guerre du Liban.

Au lendemain de la publication de ce rapport, il y a donc le presque soulagement des mollahs, le retour à une rhétorique putschiste du Hezbollah, le silence gêné de Paris face à la violence inouïe des propos de Nasrallah.

Le cheikh Hassan Nasrallah (sur l’écran géant) s’adressant depuis sa cachette à ses partisans. Il a même évoqué le meurtre de ses propres mains de Fouad Siniora. Mais le commentaire en français qui accompagne la photo de presse précise que le chef de file du Hezbollah a promis de poursuivre le mouvement entamé il y a une semaine pour faire tomber le gouvernement libanais, tout en balayant la perspective d’une confrontation violente. Ce sera sans doute un étranglement en douceur.