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Iran - Khatami : Business as usual
04.11.2006

Les autorités anglaises n’ont pas donné suite à la plainte déposée contre Khatami et ce dernier a pu se rendre à l’Université Saint Andrews pour y recevoir un doctorat honoraire. Ainsi la Couronne Britannique qui entretient de très bonnes relations avec les mollahs iraniens depuis le XIXe siècle a prouvé qu’elle entend maintenir ce régime sous sa bonne protection. Cependant, le voyage de Khatami n’a pas été un succès. | Récit.



Le voyage a suscité des réactions et n’a pu être un succès médiatique. Les articles parus sur cet hôte inopportun ont contraint le ministère britannique des affaires étrangères à s’exprimer par l’intermédiaire de Kim Havel, le responsable du département du Moyen-Orient, qui a critiqué le régime des mollahs pour son activisme nucléaire et son antisionisme agressif. Répondant aux questions du Parlement, Havel a également évoqué le système des élections en Iran et le fait que le choix des candidats à la présidence avait été fait par les vrais décideurs de la manière à faire élire Ahmadinejad.

Cependant, ces critiques servaient d’alibi à un soutien complet du gouvernement de Tony Blair qui a accompagné les mollahs pas à pas afin de lui éviter d’être au contact de manifestants iraniens et anglais mais aussi au contact de journalistes à la langue bien pendue.

Ainsi les manifestants iraniens ont été tenus à l’écart de l’entrée de l’université écossaise de Saint Andrews et ont dû manifester à quelques kilomètres de l’auditorium dans des lieux où ils n’étaient ni visibles ni audibles. Il semblerait que la situation ait été hostile à l’intérieur de l’université au point que Khatami décida finalement de s’habiller à l’Européenne et pénétra dans l’enceinte du campus dans une voiture réservée à la sécurité. Les policiers britanniques ont même fait immobiliser l’automobile n’y voyant aucun mollah à l’intérieur ! Le malentendu dissipé, le mollah moins souriant que d’ordinaire arriva finalement à destination et enfila sa tenue de mollah (uniforme du serviteur des intérêts Britanniques [1]) avant de pénétrer dans l’auditorium pour parler de démocratie islamique et de tolérance. Il reçut son cadeau en échange des 200,000 livres sterling [2] que le régime islamique avait donné à cette université et il est reparti sans tarder barbe en avant.

Dès lors, chacun espérait que l’on puisse arrêter Khatami à son arrivée à Londres en vertu d’une loi Britannique de 1988 permet en effet d’arrêter n’importe où dans le monde une personne, quelque soit sa nationalité, si elle est impliquée directement ou non dans un acte de torture.

Ce procédé avait été appliqué à Pinochet, mais cette affaire était liée à un contrat d’armement entre la Grande-Bretagne et le Chili. Cet état accepta finalement le contrat britannique et le général toucha même une commission et rentra chez lui. On se souvient également, que le ministre chargé de cette affaire était Jack Straw, alors ministre de l’intérieur. C’est lui qui libera Pinochet pour des raisons de santé.

Dans le cas de Khatami, on retrouve à nouveau Jack Straw, l’ex ministre britannique des affaires étrangères que les iraniens surnomment Ayatollah Jack Straw. Aussi bien à Saint Andrews qu’à Londres, Khatami a bénéficié de la protection spéciale et personnelle de Jack Straw et dans ce dernier cas, nul besoin d’invoquer les raisons de santé, la plainte déposée contre Khatami a tout simplement été rejetée par Sir Ian Blair, le commissaire général de Scotland Yard. Ce dernier n’a pas jugé la plainte déposée par Maître Hamid Sabi recevable.

Ainsi après Saint Andrews, Khatami se prépara à se rendre à Londres en direction de Chatham House, un centre de recherches diplomatiques que l’on compare à l’American Enterprise Institute (AEI) aux Etats-Unis [3].

600 manifestants de toutes les tendances politiques l’y attendaient. Le mollah a dû prendre une ruelle pour pénétrer dans les lieux par une porte secondaire. A l’intérieur de la salle, les journaliste avaient reçu l’ordre de ne poser aucune question sur les violations des droits de l’homme, la plainte contre Khatami ou tout sujet qui déplaisait à ce mollah.

Cependant l’un d’eux se risqua à l’interroger sur les manifestants qui criaient à l’extérieur. Le mollah a répondu que Bush attirait plus d’hostilité mais il a oublié sans doute que lui-même n’est plus président à moins qu’il le soit resté encore et qu’Ahmadinejad ne soit qu’un pantin sans pouvoir à ses yeux (sans doute un lapsus révélateur de l’état d’esprit du régime iranien).

A l’issue de cette rencontre cryptée, selon les confidences de Jane Kokan, les journalistes ont quitté la salle, déçus par des propos répétitifs dont ils ne décelaient pas les messages cachés. Ces confrères n’ont pas l’esprit tordu et ne peuvent imaginer que ce voyage soit juste une offensive de charme pour relancer les négociations afin d’échapper à des sanctions onusiennes : ils s’attendaient à du contenu et ils n’ont eu que des slogans.

C’est comme d’habitude le vrai défaut des totalitarismes idéologiques : ces dirigeants ne peuvent susciter un vrai débat, ils proposent des idées et s’ils ne reçoivent pas de réponse positive, ils se lancent dans des diatribes hostiles contre des bouc-émissaires et Khatami ne dérogea pas à la règle. Les journalistes présents ont eu droit à un sermon de vendredi sur George Bush et quelques couplets sur la « civilisation islamique » et la démocratie islamique, un projet qui a d’ailleurs été salué à Londres par les autorités de ce pays. Un autre religieux, le mécréant (selon l’islam) Archevêque de Canterburry a également rencontré Khatami et il a aussi loué les mérites de son hôte, grand défenseur de la démocratie islamique.

Au lieu de rentrer par l’aéroport de Heathrow, Khatami a décidé de rentrer via Orly. Il est à noter qu’il avait fait escale à Paris avant d’entreprendre son tumultueux périple anglais. Il y avait fait un discours sur le dialogue des civilisations sans que quelqu’un lui rappelle l’affaire Kazemi (journaliste canadienne) ou des dizaines de cas de lapidation qui ont eu lieu sous sa présidence. C’est sans doute un des effets de la démocratie islamique qui plait tant aux Européens : chacun pour soi et dieu pour tous (business as usual et bonnes paroles…).

Explications | Khatami bat le pavé et voyage à travers le monde pour proposer un plan de paix aux conditions définies à Téhéran : Garanties de Sécurité pour le Hezbollah en échange d’une accalmie en Irak et un gel des activités nucléaires (une suspension de l’enrichissement pendant la reprise des négociations). Après l’avoir proposé sans succès à Washington, il en fait de même à Londres et à Paris.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

<HTML>Pour en savoir + sur les idées de Khatami :
- Un Interview de Khatami : LE MONDE RELU ET EXPLIQUÉ
- (30.09.2006)

<HTML>Pour en savoir + sur le CV de Khatami :
- Mohammad Khatami : une biographie sommaire
- (14.11.2005)

| Recherche Par Mots Clefs : Grande-Bretagne |

[1Les mollahs et les British. La Grande-Bretagne, qui a toujours eu des liens très tenus avec le clergé chiite iranien, se montre très discrète sur les conflits avec les Russes. Il y a 100 ans, en 1906, les Britanniques ont soutenu la révolution constitutionnaliste iranienne qui donnait le pouvoir à une assemblée soumise à la charia et s’assurait la loyauté d’un pays qui les intéressait pour sa position stratégique et pour son pétrole nouvellement découvert.


La révolution constitutionnaliste de 1906 avait en effet octroyé des droits égaux aux minorités religieuses, mais la même constitution prévoyait la présence de 5 mollahs au sein du Parlement qui avaient un droit de veto sur leurs collègues laïques. La Constitution de 1906 appliquée, lIran serait devenue un Etat islamique parlementaire  : c’est-à-dire exactement ce qu’il est aujourd’hui. (source IRAN-RESIST) |

[2Nous avions indiqué 100,000 $ mais il s’agissait de 200,000 Livres (article IR) |

[3Chatham House ou Royal Institute of International Affairs (RIIA) Le RIIA/Chatham House a été fondé en 1920 et est le jumeau anglais du Council on Foreign Relations américain, un think tank pro-mollahs et proche des Démocrates US.


A la fin de la première guerre mondiale, sur les modèles de la Round Table et de la Fabian Society de l’empire Victorien, les décideurs britanniques ont réuni discrètement les personnes des milieux financiers, politiques, médiatiques, industriels, syndicaux, intellectuels et universitaires pour créer des groupes de pression.


Edward Mandel House, mentor du Président Woodrow Wilson, fonda le Council on Foreign Relations à New York et le Royal Institut of International Affairs (Chattam House) à Londres, deux organisations qui essaimèrent par la suite en d’autres organisations similaires dans bien d’autres pays.


Le Council on Foreign Relations emploie actuellement comme consultants ou experts iraniens : 1 faux dissident, Sazgara, et 2 pro-mollahs islamistes, Vali Nasr et Ray Takeyh.


- Council on Foreign Relations
- >Khatami à Chatham house |