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Iran : Décodage de la résolution Européenne
26.10.2006

Selon l’AFP, « les Européens ont fait savoir aux Etats-Unis (qu’ils allaient) présenter le texte aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et qu’ils comptaient le faire aujourd’hui ». | Décodages |



On peut y voir la détermination des Européens à aller vite et en avant pour apporter une solution à la crise voulue et amplifiée par les refus répétés de Téhéran d’accepter des offres très alléchantes en échange d’une suspension de son programme de maîtrise de 2 technologies nucléaires synonymes d’accès à la bombe atomique.

Pourtant ce n’est pas la détermination ou l’envie d’empêcher un état à fort pouvoir de nuisance terroriste d’accéder à l’arme de la terreur suprême. En réalité, les 3 membres européens en question ont menacé les Etats-Unis de présenter leur propre résolution, et ce dans le but de donner une certaine orientation aux sanctions contre l’Iran. Nous tenons à rappeler que ces trois états sont également les trois plus importants états européens, les trois plus importants partenaires commerciaux de l’Iran [1] et aussi, les trois qui ont complaisamment négocié avec les mollahs pendant 3 ans avec pour seul résultat des délais supplémentaires accordés aux mollahs. Un délai qui fut efficacement exploité par les mollahs pour améliorer leur rendement nucléaire.

Cependant, cette dernière résolution qui cherche à forcer la main aux Américains n’est pas la preuve d’une nouvelle complaisance vis-à-vis des mollahs et elle n’est pas une tentative de plus pour neutraliser de futures sanctions susceptibles de nuire aux intérêts européens en Iran.

Ce ne sont pas les mollahs que les Européens protègent mais Vladimir Poutine et la Russie.

Les 3 Européens, agissant au nom des 25, ont décidé de proposer des sanctions qui ne puissent pas apporter atteinte à la Russie qui est le partenaire stratégique du régime des mollahs, mais également et surtout le principal fournisseur énergétique stratégique de l’Europe.

Les trois Européens et les Etats-Unis divergent sur une demande formulée par Washington qui exige l’arrêt par la Russie des travaux engagés dans la centrale nucléaire iranienne de Bushehr. Ce projet est censé rapporter 800 millions de $ à la Russie. L’Europe donne ainsi une compensation à la Russie en échange de sa clémence concernant le chantage exercé par Moscou sur les compagnies pétrolières Européennes. Ces dernières sont non seulement menacées de sanctions économiques mais aussi d’une privation de leurs droits.

Du coup, les sanctions proposées sont de nature symbolique. Les Européens affirment que leur projet de résolution empêchera toute coopération avec l’Iran en matière nucléaire en omettant de préciser que la Russie n’est pas soumise à la règle !

Il y est également question d’interdiction de vente de missiles balistiques et d’autres clauses que nous avons déjà évoquées précédemment. En bref, on interdirait ce qui était déjà interdit (ou presque [2]). Mais le texte est rédigé de manière tendancieuse : « les Etats doivent aussi prendre les mesures nécessaires pour ne pas fournir à l’Iran d’assistance technique ni d’assistance financière, d’aide à l’investissement ou tout autre service, ni le transfert de ressources financières ou de services liés aux programmes nucléaires et de missile balistique de l’Iran »…

En fait la résolution passe sous silence le terrorisme des mollahs et n’établit pas de lien entre leur activisme nucléaire et les activités terroristes. De fait elle oppose un refus poli à des sanctions bancaires qui freineraient des activités terroristes. La résolution essaie aussi de séparer le pétrole du nucléaire, même si 80% des revenus iraniens proviennent du pétrole, le financement du programme nucléaire est attribué à d’hypothétiques fonds extérieurs et non pas aux richesses énergétiques iraniennes.

La rédaction de la résolution est ouvertement pro-Russie et l’on dirait même qu’elle a été rédigée à Moscou. Pourquoi ? Parce que depuis un certain temps, Moscou rechigne à finir les travaux à Bushehr et utilise le projet comme une monnaie d’échange dans leurs négociations avec les Américains pour obtenir le droit d’entrée dans l’OMC.

Mais Bushehr est devenu l’objet d’un double chantage qui s’exerce sur les USA mais aussi sur l’Iran des mollahs. Depuis 2004, Moscou retarde la finalisation du projet et surtout refuse de livrer du combustible nucléaire pour ce réacteur : un chantage pour maintenir les mollahs sous leur influence et les dissuader de prendre le large et s’entendre avec certaines factions américaines.

Devinez quoi ? Selon l’AFP, l’exception de la résolution Européenne ne porte pas sur les livraisons de combustible ! Ce qui signifie, toujours selon l’AFP, que la Russie ne serait pas autorisée à alimenter le réacteur.

Désormais, la diplomatie Européenne se décide à Moscou [3].

Pour en savoir + :
- Du Real Politik au Sommet Chirac-Poutine-Merkel
- (23.09.2006)

[1France, Allemagne, Grande-Bretagne, les trois plus importants partenaires commerciaux de l’Iran. Dans l’ensemble, 51,8 % des importations de la république des mollahs proviennent des Pays Européens dont 41% de l’UE. L’Allemagne est le leader du marché des importations iraniennes avec 10,8%.

- La France occupe la 2e place avec 8,5%. Le secteur automobile concentre 55 % des exportations françaises. Les entreprises françaises sont également très actives dans le secteur des hydrocarbures (contrats de buy-back, fourniture d’équipements), dans les transports ferroviaires et maritimes, l’aviation civile (entretien & maintenance) et le secteur financier.

Dernièrement, la banque française Société Générale a investi 2,7 milliards de dollars dans le pétrole et le gaz iranien. Toujours selon nos sources, un certain Mojtaba Hashemi-Samareh, a été dépêché à Paris le 12 septembre pour recnontrer Chirac et lui proposait un contrat d’un montant 7 milliards de $ sur un champ gazier (l’info a été confirmée par i-télé international).

Par ailleurs, BNP-Paribas a déjà prêté 5,9 milliards de $ à l’Iran, somme que le régime des mollahs est dans l’incapacité de rembourser. Les contrats octroyés par les mollahs à la France sont certes à des prix défiant la concurrence mais transforment la France en donnateur officiel d’un état terroriste et insolvable.

- La Grande-Bretagne occupe la 5e ou la 4e place avec 7 à 8 % du marché des importations iraniennes, mais la Grande-Bretagne ne figure pas dans le classement des plus grands partenaires commerciaux des mollahs car la moitié des exportations britanniques vers l’Iran se fait par des sociétés basées dans les Emirats du Golfe Persique.

[2Tous les Fournisseurs secrets du nucléaire iranien | Les Britanniques, les Nords Coréens, les Français, les Belges et les autres ! |

[3Cette même Russie qui fournit les armes du Hezbollah, du Hamas, des guérillas irakiennes et des Talibans et utilise la crise iranienne pour s’affirmer au Moyen-Orient, cette région vitale pour l’Europe. | (lire les paragraphes consacrés aux Alliés et aux objectifs |