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La Russie et sa révolution Grise
08.10.2006

Le gaz, l’Or Gris, attise toutes les convoitises. La Russie s’est mise à rêver d’une révolutionnaire offensive pour contrôler le réseau qui transporte le précieux carburant. Hier encore nous avions consacré un article au danger d’une alliance avec un fournisseur qui a des prétentions stratégiques et entend reconstituer son ex-empire soviétique. Force est de constater que les Russes ont convaincu un grand nombre d’états européens de créer des partenariats énergétiques avec Gazprom.



Ceci est d’autant plus dangereux que certains en France veulent privatiser GDF, non pas pour faciliter une fusion avec Suez afin de créer un front pour résister à l’appétit des Russes, mais plutôt pour un partenariat dépourvu de toute garantie de réciprocité avec Gazprom.

On dirait un bon bourgeois qui, las de se faire importuner par la concurrence, lui donnerait ses clefs en déclarant, mon affaire sera la tienne et nous serons des frères ! C’est un concept plutôt novateur dans le monde des affaires.

Sans avoir tiré une leçon de la mésaventure d’ENI à Sakhaline, d’autres états Européens se précipitent pour se rapprocher des Russes sans aucune sorte de solidarité avec d’autres états Européens, et ce, qu’ils aient leur propre compagnie pétrolière comme dans le cas des plus grands, ou qu’ils en soient dépourvus comme dans le cas des plus jeunes membres de l’Union. Le chacun pour soi des compagnies européennes est l’un des éléments de la réussite de Gazprom qui a créé une telle panique en hiver dernier que tous tombent à ses genoux comme dans la superbe chanson de Dutronc. Gazprom a le truc qui fait crac-boom-uuh.

La dernière victime de Gazprom est le groupe pétrolier hispano-argentin Repsol YPF qui a annoncé la signature d’un protocole d’accord de coopération et d’alliance commerciale avec le géant gazier russe. Comme dans le cas de l’Italien ENI ou de l’Algérien Sonatrach, il s’agit officiellement d’un accord de principe pour étudier le développement de possibles projets communs des marchés du gaz, du pétrole et du gaz naturel liquéfié (GNL), en Europe, en Amérique Latine et en Afrique. Mais comme pour le cas de l’Italie et d’Algérie (et bientôt de la Grèce), il s’agit pour Gazprom d’accéder au marché national du pays partenaire.

Dans le cas de l’Alliance avec Repsol, il s’agit pour Gazprom d’accéder au marché espagnol. En contrepartie Repsol espère avoir accès aux immenses ressources en hydrocarbures de la Russie. Ressources qui peuvent du jour au lendemain être disputées aux Espagnols par les paysans russes en colère et un José Bové russe élevé à la vodka non transgénique.

Les chiffres d’affaires 2005 des deux sociétés sont éloquents et montrent clairement qui avale qui : Repsol a affiché un bénéfice net de 3,12 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 51,04 milliards d’euros. Gazprom a réalisé un bénéfice net de 11,7 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires presque similaire de 51,4 milliards de dollars.

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Compléments d’infos... Gazprom sur tous les fronts

Gazprom et la Grèce | La Russie et la Grèce ont un projet de partenariat énergétique et les Russes ont même remboursé une vieille dette de 12 millions de dollars contractée par la défunte URSS pour encourager ces Grecs décidément très loin de leurs ancêtres démocrates et philanthropes. La Grèce s’est même transformée en porte-parole du partenariat énergétique approfondi de l’Union Européenne avec la Russie. Les deux nouveaux amis ont également décidé de réactiver le projet d’oléoduc Bourgas-Alexandroupolis (carte) reliant la Mer Noire à la Mer Egée qui est un autre projet de contournement des transits terrestres d’hydrocarbures Russes pour l’approvisionnement de l’Europe.

Officiellement, les deux pays se taisent sur la question, mais la Russie a également d’importants projets de ventes d’armes à ce pays qui l’intéresse particulièrement par sa position stratégique sur la route (terrestre et maritime) de l’approvisionnement de l’Europe. On parle des deux côtés d’un renforcement des liens économiques gréco-russes. Et les milieux informés affirment que la coopération militaire fait bien partie des discussions sur le projet pétrolier.

Dans une récente interview au journal grec Kathimerini, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a déclaré que son pays était prêt à doter l’armée grecque d’avions militaires ultramodernes, des Su-30 de quatrième génération. Athènes a également prévu d’acquérir des frégates, des engins de transport de troupes et des hélicoptères. Des coopérations industrielles sont aussi évoquées. La Grèce suit l’exemple du Venezuela et veut aussi produire elle-même des fusils Kalachnikov ou des avions d’entraînement MiG.

Quinze ans après la chute de l’URSS, la Russie est récemment remontée aux premiers rangs des exportateurs d’armes. Selon des chiffres officiels russes, elle a vendu en 2005 des armements à 61 pays pour la somme record de plus de 6 milliards de dollars, avec parmi ses principaux clients la Chine, l’Inde et l’Iran.

Par des coopérations énergétiques et militaires de qualité, la Russie recrée un empire d’un genre nouveau basé sur le contrôle des routes de transit des hydrocarbures et sur l’interdépendance militaire.