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Nucléaire : l’Iran tente d’amadouer
13.09.2006

Le Figaro - Maurin Picard |Téhéran pourrait suspendre l’enrichissement d’uranium pendant deux mois.
LE SCÉNARIO est bien rodé : depuis quatre ans, chaque fois que l’Iran semble devoir être soumis à des sanctions, à cause de son programme nucléaire, le régime de Téhéran maugrée, tempête, menace et, à la dernière minute, opportunément, lâche du lest face aux Occidentaux.



Depuis dimanche, la rumeur court que Téhéran accepterait de renoncer, temporairement, pendant deux mois, à ses activités d’enrichissement de l’uranium, ouvrant ainsi la porte à des négociations sérieuses avec le « groupe des 5+1 », qui rassemble les cinq États membres permanents du conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne) et l’Allemagne. Cette révélation a été faite par des diplomates européens à l’issue des discussions marathon survenues au cours du week-end dernier à Vienne entre Javier Solana, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, et Ali Larijani, le chef négociateur iranien sur le dossier nucléaire. Non confirmée à Téhéran, elle laisserait entendre que l’Iran cède aux exigences qui lui ont été présentées, mais à la condition expresse que « cela lui soit présenté sans pression apparente ».

Javier Solana est reparti vers Bruxelles, Ali Larijani vers Téhéran, les deux hommes louant des « progrès » notables. Ils sont convenus de se revoir rapidement, dès jeudi ou vendredi, une fois que le chef de la diplomatie européenne sera revenu d’un déplacement en Afrique.

Mais le temps semble compté pour les derniers efforts de règlement à l’amiable de la crise nucléaire iranienne. A Vienne s’est ouverte hier la session trimestrielle du conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), inaugurée, comme d’habitude, par les habituelles récriminations américaines à l’encontre de l’Iran et le message conciliant du directeur général de l’agence, Mohamed El Baradei.

Forcing de la diplomatie américaine

Le diplomate d’origine égyptienne devait présenter aux trente-cinq États membres du conseil les conclusions de son rapport sur le programme nucléaire iranien, remis le 31 août dernier au Conseil de sécurité des Nations unies. Il a rappelé que l’Iran n’avait « pas mis un terme à ses activités nucléaires » à la date butoir du 31 août, fixée dans la résolution 1696 du Conseil de sécurité du 31 juillet. Il a fait part de sa « sérieuse inquiétude », enjoignant Téhéran à renouer une pleine coopération avec l’agence, et prédit que « la fenêtre d’opportunité » pour parvenir à un compromis ne serait « pas longue ».

Divisés sur la poursuite, ou non, des pourparlers avec l’inamovible émissaire de Téhéran, les Occidentaux n’ont toujours pas choisi entre la carotte et le bâton face à l’Iran. Emmenée par le sous-secrétaire d’Etat Nicholas Burns, la diplomatie américaine pratique un véritable forcing pour boucler cette semaine un projet de résolution portant sur des sanctions. Celui-ci pourrait être prêt lorsque s’ouvrira l’assemblée générale des Nations unies, le 19 septembre. La Chine, la Russie, l’Union européenne, qui continuent de soutenir la voie diplomatique à l’égard de l’Iran, n’ont que tièdement accueilli cette initiative.