Accueil > News > Iran nucléaire : Administration Bush divisée et affaiblie



Iran nucléaire : Administration Bush divisée et affaiblie
01.09.2006

En Février 2006, les premiers doutes ont fait jour à la rédaction d’Iran-resist. Il y avait des signes d’un revirement de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran. Nous avons alors décidé d’adresser une lettre ouverte à Condoleezza Rice afin qu’elle puisse donner une nouvelle orientation à sa diplomatie iranienne : nous la croyions mal conseillée.



Nous avons eu beaucoup de difficultés à faire publier cette lettre et beaucoup nous ont trourné le dos. A contre-cœur nous avions publié la lettre sur notre site en espérant toucher Condoleezza Rice. En réponse nous avons eu un mail d’un des services du Département d’état que nous avions mis en cause. La vérité a finalement éclaté sous la plume acerbe de Laurent Murawiec : Condoleezza Rice est elle-même l’architecte de cette politique suicidaire qui a comme résultat le déclin d’une aura exceptionnelle dont jouissaient les Etats-Unis auprès du peuple Iranien.

Ce changement s’est opéré par un alignement de Rice sur les positions diplomatiques Européennes. Désormais existe chez les Américains la même interprétation libre du TNP qui existait chez les Européens. Ce changement fait craindre à des millions d’iraniens que l’Amérique les lâche une fois de plus : en 1979, Carter avait aidé Khomeiny, En 1985-86 Reagan s’était entendu avec les mollahs (affaire Irangate), Clinton avait soutenu Khatami et maintenant, George Bush semble reprendre la main.

Ce dernier a longtemps soutenu qu’il serait au côté des Iraniens dans leur lutte pour la libération de l’Iran et à présent il se range sur des positions dites « réalistes » d’une Condoleezza Rice, présidentiable et en mal de popularité. Hélas, cette politique a des conséquences et la plus imporrtante d’entres toutes et l’entente avec le régime des mollahs. Ce régime est allié à la russie qui entend chasser les Etats-Unis du Moyen-Orient, du Golfe Persique, de l’Afrique et prendre la Revanche de la Guerre Froide . Car la Russie utilise les mêmes armes que les Etats-Unis ont utilisées pour détruire l’URSS : l’islamisme contre le libéralisme (en réponse au Christianisme contre le communisme) et la guerilla en Irak pour venger leur défaite en Afghanistan puis dans la Guerre Froide... Le régime des mollahs et sa querelle atomique sont les armes fatales des Russes. Nous l’avons longuement expliqué et n’y reviendront pas. Mais cette revenche de la Guerre Froide est menée par les Russes grâce à leur soutien aux états qui remettent en cause l’autorité des Etats-Unis. De nombreux états soutiennent cette fronde et par conséquent le droit à l’enrichissment nucléaire pour le régime des mollahs.

La politique d’entente de Condoleezza Rice a uniquement l’avantage de donner aux mollahs encore plus de délais pour remettre indéfiniment en cause l’autorité des Etats-Unis et encourager d’autres états à en faire autant. Le régime des mollahs applique des concepts soviétiques dont le plus efficace reste les manœuvres dilatoires : + de délais = + de crises = + d’aura d’invincibilité de l’Alliance de tous les ennemis des Etats-Unis.

On pourrait nous dire que nous somes pro-américains. Détrompez-vous, l’Amérique de Carter à Condoleezza Rice est à l’origine de cette catastrophe qui a transformé l’Iran en une poubelle. Peu d’Iraniens pardonneront à Carter ou à Clinton et à Reagan, mais avec Bush, ils avaient espéré tourner la page. Des fantômes aux visages hideux reviennent les hanter : Carter, l’artisan de la défaite de la modernité iranienne a déclaré qu’il inviterait Khatami à séjourner à son domicile pendant sa visite des Etats-Unis et le vieux baptiste, qui ne jurait que par la bible et admirait la sainteté de Khomeiny, s’empressera d’organiser des rencontres avec Khatami, ce digne fils de Khomeiny, le préparateur d’Ahmadinejad.

L’autre fantôme qui revient est Micheal Ledeen, un espion de l’affaire Irangate qui se veut Think Tanker et soutient tous les dissidents iraniens, c’est-à-dire ceux qui veulent que le régime demeure mais change de masque. Cette politique sera celle de la victoire de tous les Hezbollahs : changer de masque et devenir les amis des Etats-Unis. Mais, cette manœuvre ne réussira qu’à donner plus de délais aux mollahs. Ce régime aura toujours plus d’affinités avec la Russie qu’avec les Etas-Unis. En Russie il n’y a pas d’opinion publique et la Russie ne refusera rien à sa danseuse.

Un vent de désespoir souffle sur l’Iran. Les Américains soutiennent ces faux opposants qui démobilisent le peuple. Longtemps nous nous demandions les raisons de cette trahison de Bush et l’article de Laurent Murawiec nous apprend des « vérités qui tuent ». Laurent Murawiec nous révèle les identités de ceux qui ont trahi les espoirs des Iraniens.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Administration Bush : Les détails qui tuent

On voudra bien, je l’espère, me pardonner l’énumération un peu ennuyeuse de l’affaire qui suit ; elle mérite toutefois d’être récapitulée pas à pas, tant son déroulement illustre à merveille la manière dont fonctionne, ou « malfonctionne », la politique à Washington et les effets délétères de sa misérable mesquinerie sur les grandes affaires et sur la politique mondiale. Un peu de patience, donc, pendant que j’essaie de démonter une mécanique plutôt salissante.

Dans son argumentaire concernant le programme d’acquisition et de développement d’armes de destruction massives de Saddam Hussein, le discours sur l’état de l’union du 20 janvier 2003 du président Bush comportait une rapide mention – 16 mots – de tentatives irakiennes d’acheter au Niger des matériaux (du yellowcake) faisant partie du cycle nucléaire. George Bush précisa que l’information provenait des services de renseignement britanniques. Il a, depuis, été établi qu’un envoyé irakien de haut rang, qui avait la responsabilité de l’acquisition de matériaux et d’équipements nucléaires, était bien allé au Niger pour prendre langue avec des dirigeants gouvernementaux locaux dans cette intention.

Les 16 mots devinrent bientôt l’objet d’une féroce polémique politique. L’opposition démocrate et les media en firent un cheval de bataille : selon eux, tout cela était faux, de fond en comble. Le trouble s’étendit jusqu’en Angleterre, où il fut définitivement établi que les services anglais avaient bien rapporté la chose, non comme un achat, mais comme une tentative exploratoire de la part des Irakiens. Bush ne s’était pas écarté des informations transmises par Londres, et Londres n’avait rien inventé. Mais, puisqu’il fallait vouer Bush aux gémonies, on épilogua sans fin, et Bush fut traîné dans la boue tel un menteur. Bush est un menteur ! Toute la guerre d’Irak, répétait-on à satiété, est fondée sur un mensonge !

L’administration monta une défense plus ou moins habile, excipant de sa sincérité et de son honnêteté. La Maison Blanche fit, quant à elle, preuve de moins d’adresse. Si l’affaire en était restée là, il ne se serait agi que de politicaillerie washingtonienne, enrobée de sa gredinerie grand style. On n’aurait eu qu’à assister, une fois de plus, à l’une de ces manipulations auxquelles se livrent, à jet continu, la grande presse écrite – New York Times, Washington Post, Los Angeles Times, pour ne mentionner que les titres les plus influents – et télévisuelle – forte de ses trois networks traditionnels, ABC, CBS et NBC, avec la CNN et MSNBC en plus –, qui penchent à gauche de la gauche, à raison de quatre-vingt à quatre-vingt-dix pour cent.

C’est alors que, « pour défendre l’administration », la CIA embaucha l’ambassadeur Joseph Wilson, un diplomate quelque peu secondaire, et l’envoya au Niger « enquêter » sur les manigances nucléaires irakiennes. Il faut préciser, de crainte que le lecteur ne s’y perde, que la CIA se trouve en pleine insurrection contre Bush ; ses dirigeants passent leur temps à distiller à la presse et au Congrès des « briefings » aussi biaisés que mensongers, qui servent la gloire et les objectifs de la Centrale, au détriment du président élu par la nation. Détails fort troublants : la CIA a choisi Wilson sur recommandation de l’épouse de celui-ci, employée de la CIA, et bien connue des cocktails politiques mondains de la capitale fédérale. Un choix plutôt singulier, Wilson étant un opposant bien connu de la politique de Bush. Plus curieux encore fut le fait que l’agence de renseignement ne fit pas signer l’accord de confidentialité usuel au diplomate avant de l’engager, comme il est de rigueur.

M. Wilson ficela ses bagages, partit au Niger, et, ô surprise, n’y ayant pas beaucoup retourné de montagnes, il ne trouve rien qui confirme les faits rapportés par les espions anglais. Il rentre donc au bercail pour y faire son rapport. Et pour conclure brillamment sa mission au service de la nation, à peine quelques semaines plus tard, Joseph Wilson se fend, dans le New York Times, d’un article qui attaque violemment l’administration Bush, l’accusant de mensonge délibéré et de manipulations magouilleuses destinés à tromper l’opinion. Pour soutenir sa thèse, l’ambassadeur-enquêteur se sert des conclusions de son propre rapport officiel. On fait difficilement mieux, ou pis, dans la forfaiture intellectuelle.

Aussitôt éclate la tempête médiatique qui avait été ainsi orchestrée, sur le slogan de "Bush-menteur". Une secousse qui se mue rapidement en tremblement de terre international. La "vérité" éclate et peut être proclamée grâce à l’admirable M. Wilson. Les parlementaires démocrates s’en saisissent et se lèchent les doigts dans la confiture. Le monde musulman monte sur ses grands chevaux.

Peu après cette fantasia, le journaliste washingtonien Robert Novak, dont la solide réputation est d’être le déversoir de tout ce que l’establishment républicain modéré – c’est-à-dire non-bushien – compte de gens puissants, révèle, dans un article, que Madame Wilson, blonde pulpeuse qui, à l’Etat-civil, apparaît sous le nom de Valérie Plame, est employée par la CIA. En l’espace d’une milliseconde, voilà la presse ameutée : on y parle d’un crime honteux de Novak, mettant en danger la vie de Mme Wilson, qui a été télécommandé par la Maison Blanche ; précisément, par le conseiller politique principal de Bush, Karl Rove et le vice-président Cheney. Scandaleuse conspiration ! La Maison Blanche, dans la tradition de Nixon du Watergate, et celle du sénateur Joe McCarthy, salit la réputation de ses opposants. L’article qui lance l’affaire Plame est signé David Corn, chef du bureau de Washington de The Nation, un hebdo d’extrême gauche.

Une machine infernale se met en route. Un special prosecutor est nommé par le ministère de la Justice, et rien ne fait plus peur aux gouvernants, aux USA s’entend bien, que l’accusation ou même le soupçon de cover-up, d’étouffer la vérité. Patrick Fitzgerald devient donc l’inquisiteur public : le special prosecutor est un procureur extraordinaire, qui ne rend de comptes à personne, dispose d’un budget illimité, et jouit de pouvoirs judiciaires extrêmement étendus. Ce statut est un legs du même Watergate et symbolise parfaitement l’explosion des pouvoirs extraconstitutionnels à la suite du scandale provoqué par Richard Nixon.

Procureur aux dents longues, Fitzgerald se rue à la hussarde sur la viande fraîche que représente à ses yeux l’administration. Deux cibles préférentielles dans son collimateur : Karl Rove, et Lewis Libby, dit « Scooter », le chef d’état-major du vice-président Cheney. L’un et l’autre sont soupçonnés par Fitzgerald d’être les auteurs de la « fuite ». Ils sont ainsi amenés à consacrer la partie essentielle de leur temps à construire leur défense, négligeant les affaires de l’Etat. Ils doivent lever des fonds considérables pour payer les meilleurs avocats. Fitzgerald la joue en virtuose, distillant des fuites en direction de la presse pour entretenir l’affaire, en parfaite violation du secret de l’instruction.

La curée continue. Fitzgerald désigne Libby – assurément un criminel de haut vol, puisqu’il travaille pour Cheney – à la vindicte des media et des Démocrates, qui tiennent enfin une proie juteuse, d’un calibre capable d’affaiblir Cheney et Bush. Entre-temps, le journaliste Novak, par lequel le scandale est arrivé, se tait et protège sa source. Quant à Joe Wilson, qui n’avait cessé de prétendre qu’il ignorait tout, mais absolument tout, des circonstances de sa désignation pour la mission Niger, il est démasqué comme authentique menteur ; il était au courant indeed.

Cependant, lui et Valérie Plame posent en couverture des magazines à succès. Wilson pond un livre intitulé La politique de la vérité, où il se présente comme un combattant glorieux et héroïque de ladite vérité. Pensez ! « Ils » ont dégommé Libby, qui vient d’être inculpé – non pas de délit de « fuite », mais de parjure, pour avoir fait des déclarations contradictoires sur des points de détails au cours de l’interminable instruction du Grand inquisiteur. Libby a été contraint de démissionner de son poste. Dick Cheney s’en trouve effectivement affaibli.



Voilà pour la préhistoire. Passons à l’histoire maintenant. Comme je l’ai souvent écrit dans les colonnes de la Mena, la première administration de George Bush était coupée en deux en ce qui concerne la politique à mener au Moyen Orient. D’un côté, Bush, Cheney et Rumsfeld, désireux de s’attaquer à Saddam Hussein, et de l’autre, Colin Powell et son second, le préposé aux coups fourrés de « Monsieur Propre Powell », Richard Armitage, porte-étendards des « modérés » et « réalistes » washingtoniens, ceux qui acceptent le grand « narratif » arabo-musulman selon lequel Israel est à l’origine de tous les maux du Moyen Orient.

Un livre publié cette semaine par le journaliste de gauche du Time, Michael Isikoff, et le journaliste d’extrême gauche, David Corn, déjà nommé, établit avec certitude que la fuite était venue d’Armitage. Ce dernier avait, de plus, joué un rôle certain dans l’adjonction de la litigieuse phrase des 16 mots dans le discours de Bush.

Armitage a gardé le silence alors que la réputation d’hommes intègres était traînée dans la boue à cause de lui. Powell n’a pas pipé mot, lui qui aime à poser en chevalier sans peur et sans reproche. Non seulement ces deux-là se comportent de fait en magouilleurs de bas étages – si Powell était en désaccord avec la politique de Bush, et il l’était, que n’a t-il démissionné ? – mais en hommes sans honneur.

Bush a été trahi par ceux qu’il avait nommés. Il les a laissés mener leurs combines sans entraves. Il a toléré toutes leurs trahisons, leurs coups de Jarnac. Au nom de l’« esprit équipe », qu’il aura bien mal interprété, il a gardé tous les félons (Powell, Armitage), les nuls et les incompétents (Tenet à la CIA, Mueller au FBI), et ceux qui sont en profond désaccord avec sa politique (Condi Rice et Nick Burns).

Fitzgerald-Torquemada, le procureur extraordinaire, sort de l’affaire comme un crétin accompli qui s’est acharné contre les moulins à vent pendant que les vrais coupables gloussaient. Il n’a ramené de sa pèche que des faux coupables dans sa gibecière. Il est probable que la belle carrière de Patrick Fitzgerald soit ruinée, et que les abus auxquels il s’est livré feront en sorte qu’aucun special prosecutor ne soit jamais plus nommé.

Quant à la meute démocrate et médiatique, j’attends, sans impatience et sans aucun espoir, qu’elle présente ses excuses à Bush, à Cheney et à « Scooter » Libby ; qu’elle admette, ce serait bien là la moindre des choses, une certaine « imprudence », une certaine « légèreté », une « incapacité » à discerner le vrai du faux dès qu’elle aperçoit un Républicain. J’attends – et j’attendrai longtemps – l’autocritique de ces Narcisses, dont la rage écumante déborde depuis plus de six ans, et dont le souci du bien public s’efface toujours devant leurs haines idéologiques.

Et la Gauche européenne, qui a fidèlement léché toutes les balivernes qui suintaient des égouts de Washington, dans laquelle quiconque n’est pas inconditionnellement islamophile est conséquemment et forcément au moins un menteur doublé d’un danger public – elle a à avaler ses chapeaux, ses casquettes, ses galures et ses bonnets. Mais n’est-il pas vain, dans ce cas, de faire appel à son sens de l’honneur et de la honte ? J’attends tout de même, ne serait-ce que pour la forme.

Le jeu washingtonien, orchestré par une mafia politico-médiatique, incestueuse et convaincue de son droit inconditionnel à tout savoir, tout dicter et tout régenter, ne prendra pas fin pour autant. Les fuites instrumentées, les mensonges organisés, les saletés débitées par de grands journalistes véreux, par des politiciens éminents et jusqu’à des porteurs d’eau anonymes, en passant par les bancs de salonnards qui savent toujours tout, ce jeu ne cessera pas. Mais c’est ainsi, sous l’action des médiocrates, que ploient souvent les grands royaumes.

Par Laurent Murawiec à Washington | Metula News Agency ©

de Laurent Murawiec...
- Iran, l’urgence d’une stratégie coercitive (03.02.2006)