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Iran : La condition ouvrière dans l’industrie automobile | 1
29.08.2006

La révolution islamique ayant eu pour objet l’amélioration du sort des déshérités, il serait opportun de jeter un coup d’œil rapide sur ceux-ci après trente ans d’efforts acharnés d’un régime qui officiellement ne songe qu’au bien être de sa population. Nous prendrons comme exemple l’industrie automobile qui, s’emble-t-il, est devenue le fer de lance de l’industrialisation accélérée du pays.



Avant 1979, un ouvrier peu qualifié travaillant sur une chaîne de montage des usines Iran-National (devenu Iran-Khodro) touchait un salaire équivalant à 80% du SMIC français de l’époque. Outre la participation aux bénéfices de l’entreprise rendue obligatoire par la Révolution Blanche, celui-ci profitait d’un certain nombre d’avantages sociaux dont le plus important était l’accession à la propriété, facilitée par l’entreprise. Il travaillait 8 heures par jour, durée de laquelle le temps de trajet était déduit.

Une voiture fabriquée à cette époque était vendue sur le marché intérieur iranien à un prix inférieur à son équivalent européen ou américain. Tout ceci n’a bien sûr pas empêché de rendre M. Khayyami, patron de la firme Iran-National (logo ci-dessous), l’homme le plus riche de l’Iran.

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Qu’en est-il aujourd’hui ? Le même ouvrier ne peut espérer mieux qu’un salaire équivalent à 15% du SMIC français. Il travaille 12 heures par jour (vous avez bien lu, 12) et ses heures de trajet ne lui sont plus décomptées. Finie la participation aux résultats de l’entreprise, et les nombreux avantages sociaux d’antan.

Une voiture fabriquée en Iran (par exemple une Peugeot 206 ou une Xantia) est vendue 20 à 30% plus cher qu’en France, et malgré un coût de main-d’œuvre dérisoire (comme on vient de le voir), l’entreprise, aujourd’hui nationalisée, ne fait pas de bénéfice. On est en droit de s’étonner et de se demander pourquoi ?

La corruption seule n’explique pas tout. En réalité, nous sommes en face d’un vrai système soviétique où le tissu industriel ne sert pas à produire des richesses mais à préserver le système.

Face à l’évidence de son incompétence, le régime cherche depuis quelques années à vendre ses entreprises nationalisées à des investisseurs étrangers. Or, les principales entreprises nationales iraniennes ne fournissent aucun compte de résultats annuels et le repreneur éventuel ne peut absolument pas savoir ce qu’il achète. Ces entreprises ne disposent d’aucun système informatique de gestion moderne (SAP et compagnie), n’ont aucune visibilité stratégique et ne peuvent compter que sur un marché de monopole.

L’un des problèmes majeurs de ces entreprises est le sureffectif créé par les emplois fictifs. Ici, les emplois fictifs ne se comptent pas par dizaines, comme c’était le cas à la Mairie de Paris, mais par dizaines de milliers. Les entreprises nationales permettent d’assurer le salaire des miliciens (pasdaran et bassidji) ayant atteint un âge les rendant moins efficaces au tabassage des jeunes dans les rues.

Dans une prochaine note, nous essaierons de montrer que l’appareil bancaire est également utilisé dans le même sens.

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Pour en savoir + sur l'industrie automobile :
- Economie : L’industrie automobile iranienne se soviétise
- (26.08.2006)

Pour en savoir + ...
- 1er mai à Téhéran : Les mensonges pieux de l’AFP
- (02.05.2006)

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Nous saluons l’arrivée dans notre équipe de Babak, l’auteur de cet article !