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Pétrole : Le syndrome de l'oléoduc vieillissant
09.08.2006

La Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole, est soumise à un risque important d’accidents sur ses oléoducs, réseau vieillissant qui transporte une production sans cesse croissante, mettent en garde les experts après un incident sur le plus important gisement américain.



Le réseau est très ancien, et de nombreux oléoducs dans les régions ont été construits à l'époque soviétique, quand les critères techniques n'étaient pas aussi élevés qu'aujourd'hui, estime ainsi Chris Weafer, analyste de la banque Alfa.

Ce réseau est destiné à être soumis à une pression croissante, alors que la compagnie semi-publique Rosneft, deuxième producteur russe, et Gazprom Neft (ex-Sibneft), rachetée par le géant gazier Gazprom, tablent sur des augmentations de production et d’exportation, explique Weafer.

La fermeture annoncée lundi du gisement de Prudhoe Bay, en Alaska, par la compagnie britannique BP, en raison de traces de corrosion sur un oléoduc, qui va amputer la production américaine de 8%, a encore fait grimper les prix.

Pour Weafer, il est inévitable que davantage de fuites se produisent à l’avenir sur ce plus grand réseau d’oléoducs du monde, long de plus de 69.000 kilomètres selon le monopole des oléoducs russes, Transneft, alors que le manque d’investissements pour des travaux de modernisation est dénoncé.

Dans notre analyse du jour, nous avons souligné les bénéfices d’une flambée des prix du pétrole pour les adversaires des sanctions contre l’Iran. Nous prévoyions que le mouvement serait suivi par l’ensemble des partenaires du régime des mollahs. C’est désormais chose faite puisqu’après les Britanniques, voici que les Russes évoquent eux aussi de pratiquer des vérifications de l’état de leurs oléoducs. Toute nouvelle hausse des prix aura pour effet de créer un malaise qui dissuadera les partisans de sanctions pétrolières à l’encontre du régime des mollahs.

L’AFP a même publié une analyse qui prévoit des hausses jusqu’à 250$ le baril. L’ensemble de ces annonces (fermeture de la production en Alaska, possibles fermetures de vannes en Russie, baril à 250$) va créer un malaise et conforter les milieux financiers à minimiser le danger des activités nucléaires des mollahs, discréditant ainsi les éventuelles sanctions qui seront alors jugées comme une « riposte disproportionnée et nocive ».

Le régime des mollahs est un allié énergétique et stratégique pour les Russes et un allié économique et surtout politique pour les Britanniques qui comptent sur leur réseau au sein du clergé chiite pour s’implanter sur les champs pétrolifères de la zone chiite en Irak dont le très prometteur Rumaila.

Dès le début de l’invasion de l’Irak, les Britanniques ont débarqué dans la péninsule de Fao afin de sécuriser le gisement géant de Rumaila (au sud près de Bassorah), qui se prolonge en territoire koweïtien.