Accueil > Articles > Iran nucléaire : Ce que Ahmadinejad ne vous dit pas



Iran nucléaire : Ce que Ahmadinejad ne vous dit pas
02.08.2006 En 2nd partie de l’article : La doctrine nucléaire de la République Islamique d’Iran

La doctrine nucléaire de la République Islamique d'Iran}



Le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, a rencontré lundi soir à Beyrouth son homologue iranien, Manouchehr Mottaki, après s’être prononcé pour une participation de l’Iran «à la recherche d'une solution», estimant que ce pays joue un «rôle important de stabilisation de la région».

Indalecio ALVAREZ de l’AFP a collecté les points de vue des analystes français, suite aux vives réactions qu’ont suscité ces propos, propos que nous jugions d’ailleurs immatures mais conformes aux doctrines du Quai d’Orsay. Selon notre analyse, le défaut n’était pas dû au style personnel du ministre mais aux doctrines du ministère des affaires étrangères qui n’ont guère évolué pour s’adapter aux défis que posent la fronde des mollahs et leur alliance avec 3 autres super producteurs pétroliers (Qatar, Venezuela, Russie).

Aujourd’hui, le Quai d’Orsay a essayé de récupérer le coup en essayant de nous faire croire que les propos du ministre étaient une sorte d’introduction pour ce qui a été dit aujourd’hui, à savoir que la France appelle l’Iran à « assumer toutes ses responsabilités » et à « contribuer à la désescalade » dans le conflit au Liban. Ces derniers propos essaient de justifier la première déclaration jugée sans doute immature et ce afin de continuer dans la direction imposée par les doctrines du ministère.

Le journaliste de l’AFP a cependant essayé d’arranger le coup à sa manière afin de calmer le jeu après ces deux salves de propos qui font états d’une certaine précipitation ou d’impréparation (sans doute la fébrilité précédant les départs en vacances). La dépêche a réuni des experts proches du pouvoir qui désavouent l’approche sans se risquer à critiquer la doctrine.

Pour François Géré, de l’Institut français d’analyse stratégique, l’appel du pied de Paris à Téhéran constitue « une tentative risquée », qui « suppose une volonté iranienne et du Hezbollah de changer de comportement ». Ce spécialiste de l’Iran, selon l’AFP, pense que « le phénomène de radicalisation risque de l’emporter » à Téhéran et au sein du Hezbollah, aux dépens des modérés, plus à même de participer à des discussions. Nous pensons que Géré n’est pas un spécialiste de l’Iran, mais plutôt un spécialiste de la doctrine française concernant l’Iran. Selon cette doctrine, le régime des mollahs n’est pas une entité islamiste et terroriste et le régime est divisé en deux clans : modérés et réfractaires à la modération.

Cependant, depuis que nous rappelons dans nos colonnes le passé des supposés « modérés », les experts de la trempe de François Géré sont moins prompts à nommer ces fameux modérés ! Cette expertise est dénuée de valeur même si dans les faits, elle est proche de la réalité : « le phénomène de radicalisation risque de l’emporter » ! Non pas parce qu’il y aurait un clan modéré incapable de se faire entendre mais parce que les mollahs font de la politique d’état et l’intérêt de l’état l’emporte sur les calculs électoralistes à la Française. Il ne s’agit pas des modérés contres les radicaux, en lutte pour prendre le pouvoir, le régime des mollahs a besoin de Garanties de Sécurité et le Hezbollah est son atout. L’analyse de François Géré est extrêmement réductrice et elle est dans le prolongement de la Doctrine du Quai d’Orsay. Elle ne critique pas le passéisme et l’immobilisme de cette doctrine.

Le second expert consulté par l’AFP est François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, qui doute que les Iraniens soient prêts à jouer un rôle stabilisateur et se demande « quel serait le prix à payer à l’Iran en contrepartie, notamment dans le domaine nucléaire ». Heureusement, l’AFP a eu également la lumineuse idée de consulter Dominique Moïsi, de l’Institut français des relations internationales, qui a répondu aux questions de Heisbourg.

Pour Dominique Moïsi, la France, même si elle s’en défend, dit aux Iraniens : « Montrez-vous responsables sur le dossier du Hezbollah et on sera plus compréhensif sur le dossier nucléaire ».

« La France a une tradition de maintien du dialogue avec les pays les plus radicaux », mais « quand on traite de cette façon avec des régimes totalitaires, non seulement ils ne vous en sont pas reconnaissants, mais ils vous méprisent », assure M. Moïsi. Mais là s’arrête la critique. Pour l’AFP, tous les experts justifient la nécessité de la démarche du Quai d’Orsay. Il fallait le faire (impliquer les mollahs). Et la palme de la flagornerie revient à l’excellent Dominique Moïsi de l’IFRI [1], une institution proche du Quai d’Orsay et qui fait du lobbying en faveur des mollahs modérés comme !

Selon Moïsi, « le fond de l’affaire c’est que personne n’a envie de participer à une force internationale pour désarmer le Hezbollah… et, on se dit : si l’Iran peut le faire, c’est une épine qu’on se retire du pied ». Finalement que se soit Géré, Heisbourg ou Moïsi, l’aspect dangereux de la contrepartie nucléaire est totalement gommée afin de «justifier» des propos immatures aux conséquences désastreuses pour la Dissuasion Française.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

La doctrine nucléaire des mollahs iraniens

Le régime des mollahs, soutenu par la Ligue Arabe, le Venezuela et son allié Russe, tente d’ arracher le droit à l’enrichissement et ainsi créer une jurisprudence nucléaire qui ouvrira la voie pour un Droit à la Dissuasion.

Cette Dissuasion Banalisée abolira le principe même de la Dissuasion qui a donné lieu à la guerre froide, a empêché d’autres conflits mondiaux et mis l’Europe à l’abri d’une attaque sur son sol.

La Dissuasion Banalisée sera la fin de la guerre froide et des conflits par procuration et réduira à néant la place de la France sur la scène internationale. Ce pays n’a pas de pétrole et ne sera plus l’une des 5 seules super-puissances nucléaires (5+3). En face d’elle, il y aura la Russie qui est une hyper puissance nucléaire et travaille avec acharnement pour augmenter sa puissance de feu et il y aura aussi le régime des mollahs avec d’extraordinaire capacité terroriste alliée à une capacité nucléaire militaire [2] (s’il obtient le droit à l’enrichissement). La France reste roidement sur ses doctrines de « sa diplomatie pro-islam » sans comprendre qu’elle contribue à renforcer l’influence du régime des mollahs dans le monde arabe et devient la cheville ouvrière d’une Alliance oeuvrant pour l’octroi d’un droit à l’enrichissement à l’Iran. La république islamique veut avoir accès au savoir-faire nucléaire et l’objectif final n’est pas la bombe nucléaire «classique» mais lAbolition de l’Exclusivité de la Dissuasion.

La France participe gaiement à sa propre déchéance en aidant les mollahs à disqualifier l’un de ses derniers privilèges de « grande puissance ». Aucun des experts consultés, qui sont des experts en flagornerie du pouvoir, n’a fait remarqué que le Liban était un épiphénomène dans la lutte acharnée de l’Iran à obtenir le droit à l’enrichissement. Le problème n’est pas la sécurité d’Israël, la souveraineté du Liban ou les ingérences de la Syrie ou du Hezbollah : Le problème est centré sur l’effort de l’Iran à obtenir le Droit d’Abolir l’Exclusivité de la Dissuasion.

La prolifération sauvage, le concept de «tous nucléaires» [3] sera la fin de la Guerre Froide et le retour à la période précédant la Dissuasion.

Les mollahs et leurs alliés, le Venezuela [4], l’Algérie [5], la Syrie, la Corée du Nord et la Russie [6]…, se militarisent à une très grande échelle sachant qu’ils vont bientôt neutraliser le parapluie protecteur de la Dissuasion et alors ils pourront faire parler la poudre. Chacun visera à dominer sa région et sans que les affrontements se déroulent en Europe, l’Europe sera dépouillée de ses intérêts en Afrique ou en Amérique du Sud et sans combattre, elle devra déposer les armes.

Ce qui est incroyable c’est la myopie de la diplomatie française et de ses experts. Le président de la république, les Experts et les diplomates avancent le nez dans le guidon (obnubilés par les nuisances créées par les mollahs). Aucun d’entre eux ne se doute que la république islamique a des alliés qui ont un objectif commun : mettre un terme à une discrimination qui dure depuis 50 ans, la dissuasion Nucléaire ! Cette discrimination assure à la France une position que beaucoup d’états lui envient. Ils attendent avec impatience de pouvoir se mesurer avec cet ancienne puissance coloniale que beaucoup jugent arrogante, suffisante et gourmande. Faire confiance aux mollahs est bien plus « risqué » que ne se l’imagine François Géré.

[1En février 2005 le directeur général de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thierry de Montbrial avait écrit dans le Monde : «Si le successeur de Khatami est un homme fort et expérimenté, comme Rafsandjani, on peut imaginer que la République islamique reconnaisse Israël et s'engage durablement à respecter les obligations du Traité de non-prolifération - pour s'en tenir à deux demandes occidentales impérieuses - en échange de la prise en considération de son rôle légitime dans l'organisation de la sécurité régionale et de concessions économiques».

PDF - 329.2 ko
Article de Thierry de Montbrial dans le Monde du 19 Février 2005

Pour en savoir + sur Rafsandjani | L'Iran ne se pliera pas aux pressions |

[2Le régime des mollahs n’aura pas une dissuasion basée sur la qualité ou la puissance de sa bombe mais sur la qualité de l’attaque qui sera une attaque terroriste : par exemple une bombe à plutonium qui explosera à bord d’un avion civil. Une attaque de ce genre défierait toute sorte de système de défense ou de détection de tir de missile balistique. Une attaque de ce genre permettrait de détruire plusieurs cibles dans différents endroits en même temps et en plus, l’état iranien ne serait pas inquiété car l’attaque ne serait pas lancée depuis l’Iran. Telle est la dissuasion des mollahs : la combinaison du nucléaire et du terrorisme de type 11 septembre.

[3« Tous Nucléaires » : c’est d’ailleurs, la France qui inventé le concept de la Prolifération Coopérative En savoir +...|