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Le Figaro : Seule solution durable au conflit, renverser le pouvoir islamiste iranien
02.08.2006 | Par Louis Chagnon |

L’Iran veut l’arme nucléaire et elle l’aura ; les mollahs feront tout pour l’en doter. Actuellement, ils ne font que mettre en pratique la célèbre devise de Clausewitz : « La guerre n’est que la poursuite de la politique par d’autres moyens. »



Le 12 juillet dernier, le dossier du nucléaire iranien était renvoyé devant le Conseil de sécurité de l’ONU ; le même jour, deux militaires israéliens étaient enlevés par le Hezbollah et sept autres étaient tués, provoquant la réaction de l’État hébreu et une nouvelle guerre au Liban ; ce nouveau conflit provoqua une nouvelle hausse du prix du baril de pétrole qui frôla les 80 dollars ; ces faits sont consécutifs d’une stratégie des responsables iraniens.

Le Hezbollah constitue l’outil des mollahs iraniens pour menacer Israël. L’Iran qui se trouve déjà dans une situation intérieure économique et sociale extrêmement fragile peut difficilement prendre le risque d’affronter directement Israël, ses dirigeants savent très bien que l’armée iranienne serait parfaitement incapable de s’opposer à une offensive aérienne de grande envergure de la part d’Israël, les dégâts pourraient être considérables et cela donnerait lieu à un conflit régional dont l’importance en dépasserait les simples enjeux. L’Iran n’en a pas pour l’instant les moyens.

Pour contourner ce risque, l’Iran arme et finance le mouvement terroriste du Hezbollah à raison de 500 à 800 millions de dollars par an, suivant les estimations. Ce mouvement serait prêt par exemple à entrer en action en cas d’attaques aériennes sur l’Iran destinées à détruire les sites liés au processus d’accession de ce pays à l’arme nucléaire.
L’Iran a fourni au Hezbollah un armement léger classique et des missiles Zelzal d’une portée d’environ 200 km et pouvant emporter une charge utile de 500 kg. La ville de Tel-Aviv se trouve dans le rayon d’action de ces missiles. L’alliance entre l’Iran et la Syrie prend toute son importante dans ce contexte puisque c’est par la Syrie que transitent les armes.

Pendant que le monde a les yeux tournés vers le Liban, l’Iran poursuit tranquillement son chemin vers l’accession à l’arme nucléaire, arme qui devient légitime compte tenu de l’inversion à laquelle nos « élites » intellectuelles et politiques nous ont habitués, transformant les agressés en agresseurs et les agresseurs en victimes ; Israël agressé par le Hamas puis par le Hezbollah devient l’agresseur selon la propagande arabe et tout renforcement militaire de l’Iran prend toute sa légitimité face à « l’agresseur sioniste ». Le 20 juillet, Téhéran affirmait sa volonté de produire du combustible nucléaire et menaçait de se retirer du TNP, tout cela en pleine crise au Liban alors que le dossier iranien était renvoyé devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Toujours dans le même temps, l’Iran en profitait également pour étendre son influence régionale au Turkménistan et au Tadjikistan, avec l’ambition de l’étendre à toute l’Asie centrale, au niveau des républiques de l’ancien état soviétique ; dans le passé, l’Iran avait déjà joué le rôle d’intermédiaire dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie [1]. L’Iran se veut et devient une puissance incontournable, ce qui serait tout à fait légitime pour ce grand pays s’il n’était gouverné par des terroristes fondamentalistes musulmans qui, à force de jouer avec le feu, pourraient bien provoquer une guerre de très grande ampleur.

Cette guerre arrange d’ailleurs bien les affaires de l’Iran par ses répercussions financières. Ce conflit provoque, comme tout conflit dans cette région, des tensions sur le prix du baril de pétrole, qui connaît une hausse conséquente depuis plusieurs années, passant en 2001 de 24,44 $ (cours moyen) pour atteindre 38,24 $ en 2004 ; au début juillet 2005, il dépassait la barre des 60 $ ; en avril 2006, c’était la barre des 70 $ qui était atteinte. Avec le nouveau conflit au Liban, le baril a dépassé les 78 $ le 14 juillet (Point de désaccord 1. [2]).

Rappelons que l’Iran se place au 4e rang des producteurs de pétrole et au second rang des exportateurs de l’Opep. Cette nouvelle envolée du prix du pétrole est bénéfique pour l’Iran qui voit augmenter ses revenus : ainsi la hausse du prix du pétrole finance la poursuite des recherches iraniennes dans le domaine nucléaire et participe à l’augmentation du financement du Hezbollah.

La Syrie a une production pétrolière modeste comparativement aux pays du Proche-Orient, elle ne représente qu’approximativement 14% de celle de l’Iran. Cette production pétrolière est en baisse constante et les réserves devraient s’épuiser dans les prochaines années. Ce qui implique que pour la Syrie l’avenir s’annonce assez sombre puisque les exportations pétrolières représentent une partie importante de ses recettes, d’où l’importance pour elle de l’alliance iranienne. L’arme nucléaire iranienne pourra servir à sanctuariser non seulement le territoire iranien mais aussi celui de la Syrie.

Bref, la puissance des mollahs iraniens se nourrit de la guerre et ceux-ci ont tout intérêt à ce que l’état de guerre persiste au Liban. Dans ce sens, une force de maintien de la paix envoyée par l’ONU serait surréaliste, elle ne résoudrait aucun problème et serait inefficace. La seule solution durable passe par le renversement du pouvoir islamiste iranien et donc un soutien sans faille de la part des occidentaux à l’opposition démocratique iranienne ; la Syrie, qui n’a pas les moyens de l’Iran, serait alors isolée et son bellicisme aurait moins de portée.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Par Louis Chagnon

Pour en savoir + sur l'auteur :
- Primo europe : Entretien avec Louis Chagnon
- (une interview exclusive de Primo Europe)

[1Chagon souligne l’influence des mollahs en Asie Centrale :
- Pétrole : L'Alliance Iran-Russie et le statut Juiridique de la Caspienne |