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L’Iran n'a pas encore sorti son Joker
21.07.2006

Depuis deux semaines, c’est-à-dire avant le sommet du G8, le régime des mollahs envoie des signaux contradictoires. Un jour, il refuse de dialoguer avec Solana, lui reprochant son absence d’autonomie en matière de décision, et une semaine plus tard, il insiste sur un besoin de dialogue uniquement avec l’UE.



Il y 3 jours, Ahmadinejad voulait relancer le dialogue alors que le matin du même jour, Boroujerdi, le président de la commission des affaires étrangères du Parlement Islamique, avait évoqué l’option de quitter le TNP ce qui assurément serait synonyme d’un refus de l’offre incitative des Europens, Russes, Chinois et Américains.

Aujourd’hui encore, nous n’avons pas été à l’abri de cette dissonance. D’un côté, les mollahs ont annoncé qu’ils continuent l’enrichissement, et de l’autre ils ont rappelé qu’ils continuent d’étudier l’offre des P5+1. Certes, il y a la volonté de retarder les sanctions voire de diviser les membres permanents du Conseil de Sécurité afin que les débats sur la nature des sanctions s’enlisent, mais ce n’est pas la première fois que les mollahs agissent ainsi et donnent l’impression d’une certaine division interne.

En réalité, il ne s’agit pas d’une division interne mais d’une alternance ou d’une succession des diverses manoeuvres dont ils ont usent et abusent depuis 2002. L’impression de la cacophonie ou du désordre est le résultat d’une accélération de cette succession des séquences d’ouverture et de fermeture. Plus nous nous rapprocherons de l'éventualité d’une résolution de vote des sanctions et plus nous assisterons à cette succession de plus en plus rapide. Les mollahs s’imaginent qu’en augmentant l’allure de la succession, ils en modifieront la qualité.

Or, il s’agit des mêmes éternels arguments et mêmes menaces : quitter le TNP, rompre avec l’AIEA pour la partie pacifique des menaces et l’usage de la violence contre les intérêts occidentaux ou fermeture du détroit d’Ormuz pour la partie moins pacifique. Mais il apparaît que les mollahs ne souhaitent pas accepter l’offre incitative qui est essentiellement commerciale car elle ne comporte pas la reconnaissance de leur rôle au Proche-Orient et aucune Garantie de Sécurité accordée par les Américains. Pour résumer on peut dire que les mollahs ne désirent pas céder et ne désirent pas aggraver leurs relations avec les américains et les intermédiaires Européens.

Les évènements du Liban en sont un exemple. L’Iran ne cherche pas à radicaliser la situation bien qu’il en ait les moyens car la démonstration de force du Hezbollah est en quelque sorte la vitrine de ce que les mollahs pourront accomplir dans le Golfe Persique ou chez les pays riverains où ils possèdent des réseaux aussi culturels et pacifiques que le Hezbollah et le Hamas. Certes, il y a des provocations permanentes, mais le régime ne cherche pas à aggraver la situation tout en refusant de céder.

Ni céder, ni aggraver : Pour ce qui est de rompre avec l’AIEA, il n’existe plus de doute quant à l’inexistence de cette coopération avec l’éviction du chef des inspecteurs par l’AIEA à la demande des mollahs. Ils n’ont jamais coopéré avec l’AIEA ou appliqué le TNP. Sortir du TNP est d’ailleurs soumis à un règlement et ne peut être synonyme de la fin des soupçons qui pèsent sur le régime mais bien leur confirmation. Une seule menace manque à cette panoplie de contre-mesures punitives : la rupture des relations économiques avec l’Europe, le plus grand partenaire commercial des mollahs. Les menaces se succèdent, l’allure de succession augmente, les provocations se multiplient, mais les mollahs se gardent de franchir même verbalement cette limite.

Pour le moment, Il n’y a pas de menace valable sur les intérêts occidentaux en Iran et ces derniers continuent d’espérer qu’il en sera ainsi tout le temps. C’est puéril, car dans cette équation, l’Iran n’est pas le seul à chercher à imposer ses revendications en profitant du désordre qui règne au Liban ou en Irak grâce à la République Islamique d’Iran. Ce régime a des alliés qui ont des objectifs parallèles, la Syrie qui cherche à posséder le Liban profite de ce désordre et la Russie a intérêt à envenimer la situation pour affaiblir les américains en Irak et les contraindre à Partir d’abord de ce pays et ensuite de l’Asie Centrale.

Bientôt encouragés par la Russie, les mollahs évoqueront la rupture des relations commerciales avec l’Europe. Dans le scénario tel que nous l’imaginons, l’annonce de la rupture sera faite quand d’autres états (partenaires de l’Europe) donneront aux mollahs la certitude qu’ils les suivront dans cette aventure de chantage collectif.



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