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STRATFOR RED ALERT : Petit historique du Hezbollah
18.07.2006 [Revue de Presse américaine - Traduction par AB d’IR]

 [1] La décision du Hezbollah d’augmenter ses opérations contre Israël n’a pas été prise à la légère. La conduite de Hezbollah ne s’est pas modérée au cours de ces dernières années et les chefs du groupe sont devenus avec le temps (et l’âge) plus établis et souvent aussi plus riches. Ils se sont installés, sont moins aventureux qu’il y a 20 ans. Les hommes du Hezbollah font même partie du processus politique libanais, et dans un certain sens de l’establishment libanais.



Pourquoi créent-ils des tensions avec Israël en incitant une invasion qui menace leurs vies tranquilles ? Il y a trois choses à prendre en compte : la situation parmi les Palestiniens, la situation au Liban et la situation dans le monde islamique. Mais d’abord nous devons considérer la situation dans le Hezbollah lui-même.

Le Hezbollah a commencé en tant que groupe radical chiite inspiré par la révolution islamique iranienne. Dans ce contexte, le Hezbollah a représenté une alternative militante et non laïque à un Fatah Nassérien, au FPLP, et aux autres groupes qui ont pris leurs racines dans le Pan Arabisme plutôt que l’Islam. Le Hezbollah soutient la communauté chiite libanaise, une communauté qui était hostiles aux sunnites et aux chrétiens mais surtout, engagée contre les Israéliens. Le Hezbollah a tout d’abord fait une importante campagne publicitaire publicité pour discréditer le mouvement palestinien en affirmant que ce mouvement n’avait aucun futur tant qu’il demeurait fondamentalement laïque et tant que les solutions de rechange religieuses venaient des monarchies arabes conservatrices. Plus que n’importe qui, c’est le Hezbollah qui a introduit les commandos-suicide islamiques.

Le Hezbollah a aussi une double personnalité parce qu’il a été porté par deux pays différents : L’Iran et la Syrie. L’Iran était radicalement islamiste et la Syrie qui était (géographiquement) plus proche était socialiste et laïque, mais elle jouait un rôle central au Liban.

Le point de convergence de l’Iran et de la Syrie était leur idéologie anti-sioniste car sur certains points les deux pays ont des positions radicalement opposées. Les Syriens voyaient la demande d’un état palestinien d’un oeil suspicieux. La Palestine était selon eux une partie de la province Syrienne de l’Empire Ottoman divisé par les français et les anglais.

La Syrie voulait détruire Israël mais pas obligatoirement créer un état palestinien. Du point de vue syrien, le véritable avenir du Liban était de se réintégrer à la Syrie ou de devenir sa colonie économique. Les Syriens étaient intervenus au Liban contre l’OLP et aux côtés de quelques éléments chrétiens. Leurs objectifs n’étaient pas idéologiques mais politiques et économiques. Ils avaient perçu le Hezbollah comme un instrument pour lutter contre Yasser Arafat afin d’asseoir la domination syrienne.

D’un point de vue stratégique le Hezbollah était aligné sur Téhéran (son inventeur) alors que tactiquement il devait s’aligner sur la Syrie qui dominait le Liban. Ce qui signifie que lorsque la Syrie avait besoin de raviver la tension avec Israël, le Hezbollah s’en chargeait et lorsque la Syrie voulait que les choses se calment le Hezbollah se mettait en veilleuse. Dans le même temps, la direction du Hezbollah alignée sur les syriens était en état de se développer, et prospérer surtout après le retrait d’Israël du Liban.

Ce retrait a entraîné un accord tacite entre Israël et la Syrie, Israël admettait la domination syrienne sur le Liban, et en échange la Syrie devait mettre en place un régime à sa botte qui contrôlerait le Hezbollah. Les attaques contre Israël devaient rester dans des limites acceptables. La Syrie qui avait beaucoup moins d’intérêts en Israël qu’au Liban voyait en cela un bon moyen d’arriver à ses fins et Israël voyait la domination syrienne comme une force de stabilisation.

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Déstabilisation

Deux choses se réunirent pour déstabiliser la situation. L’émergence du Hamas comme une force majeure parmi les palestiniens ce qui signifiait que la politique palestinienne était à redéfinir. Même avant que les élections ne donnent au Hamas un rôle majeur, il était évident que le gouvernement d’Arafat dominé par le Fatah allait s’effondrer. Tout était prêt pour que cela se passe ainsi. Ce qui signifie que le Hezbollah allait bouger ou allait devenir de façon permanente une organisation libanaise. Il devait prendre des risques pour montrer son efficacité et devait dans les faits faire la démonstration qu’il était le groupe le plus efficace. La direction des anciens avaient beau avoir été efficaces à sa façon, les jeunes avaient une autre vue et ils se bougèrent.

La deuxième partie se déroula au Liban lui-même. Après la mort du 1er ministre Rafik Hariri, sous la pression extérieure, les forces syriennes durent se retirer. Mais il ne faut pas surestimer ce retrait.

L’influence syrienne au Liban demeure énorme. Mais cela a libéré le Hezbollah de la tutelle syrienne. Et Israël n’était pas très enthousiaste à l’idée du départ des forces syriennes du Liban justement pour cette raison. A partir de cet instant, la Syrie pouvait proclamer qu’il n’avait ni influence ni devoir vis-à-vis du Hezbollah. Et lorsque le retrait syrien fut amorcé, le Hezbollah lui ne subissait aucune restriction et d’ailleurs malgré sa promptitude à déclarer de telles choses il ne pu le faire. Le retrait syrien ouvrait une porte dans laquelle le Hezbollah ne pouvait s’empêcher de s’engouffrer. Pendant ce temps, les mollahs iraniens étaient en pleine négociation tant sur l’Irak que sur le dossier nucléaire et ils cherchaient tous les leviers possibles pour pouvoir s’en servir dans les négociations contre les USA. Ils avaient déjà la capacité de déstabiliser l’Irak et avaient un programme nucléaire dont les USA comptaient se débarrasser. La réactivation d’un réseau capable de menacer directement les intérêts américains était donc un atout à la table des négociations. Ne pas s’en prendre aux intérêts américains, mais attaquer Israël démontrait la puissance du Hezbollah sans menacer directement les USA. Mieux encore, les activités américaines insuffisamment dissimulées dans le monde donnèrent à l’Iran un plus fort pouvoir.

En prime, cela a permis à l’Iran de réclamer sa place comme leader de la résurgence islamique radicale. Al Qaeda, un groupe sunnite avait supplanté l’Iran dans le monde islamique, la collaboration de l’Iran avec l’occident dans certains domaines avait permis à Osama Ben Laden de décrire l’Iran comme un pays d’hypocrites. Or l’Iran voulait devenir la puissance dominante du Golfe Persique et pour cela il fallait supplanter Al Qaeda dans le domaine de l’islamisme radical. Al Qaida est au mieux une organisation blessée et depuis que le Hezbollah s’est montré à la tête du terrorisme islamiste, pour Téhéran il était évident que c’était une bonne chose que de le réactiver.

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La position du Hezbollah

La Syrie a tiré un bénéfice en montrant que sa présence manquait au Liban, l’Iran obtint plus de pouvoir face aux USA et le Hezbollah pu réclamer une place de choix dans les négociations pour la future politique palestinienne.

Bien sûr on se doutait que cela ferait réagir Israël mais vu de Syrie c’était une bonne chose. En effet Israël risquait de s’enliser un peu plus et les Syriens espéraient qu’il pourrait alors se tourner vers Damas pour lui demander de revenir au Liban. Israël ne voulant pas d’un régime islamique à Damas, pour la Syrie c’était une occasion de maintenir son régime et de retourner au Liban.

L’Iran obtiendrait une guerre loin de son territoire laissant le soin à d’autres de combattre pour lui. Il pouvait alors se proclamer comme le véritable ennemi d’Israël dans le monde islamique. Et les USA risquaient même de céder sur certaines choses en Irak dans le but de pouvoir contrôler le Hezbollah. Une invasion israélienne ouvrait donc de nouvelles possibilités avec des risques limités. Le Hezbollah par nature et à cause de ses relations n’avait pas le choix de toute façon et devait s’exécuter. Que peut faire le Hezbollah quand arrivent les israéliens ? Il peut toujours résister, il possède des armes antichars et d’autres systèmes offerts par l’Iran. Il peut infliger des dégâts, il peut imposer une contre-attaque. La Syrie pense qu’Israël ne doit pas intervenir au Liban, mais les plans d’Israël sont de détruire les infrastructures du Hezbollah et de lui infliger une défaite si lourde qu’il ait pour des années à s’en remettre.

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Que fera le Hezbollah ?

Dans les années 80, ce que le Hezbollah faisait était de prendre les occidentaux comme otages. Les USA sont très sensibles sur cette question, c’est ce qui avait fait que Ronald Reagan s’était lancé dans sa politique Iran-Contra. Les USA sont politiquement déstabilisés lors des prises d’otages, c’est une chose qu’a retenue le Hezbollah des années 80. Il sait qu’une collection d’otages équivaut à une assurance-vie et le Hezbollah retourne vite à ses vieilles habitudes. Il y a une raison pour agir de la sorte.

Mais il n’agira pas ainsi tant qu’il peut éviter une invasion, par contre dès qu’il sera clair que celle-ci va avoir lieu, alors les prises d’otages auront un sens.

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C’est en 1980 qu’Ali Akbar Mohtaschami (auj. un réformateur), l’ambassadeur la République Islamique en Syrie qui devint plus tard ministre des Affaires intérieures a fondé l’organisation chiite extrémiste « Hezbollah » au Liban.

Depuis lors, l’Hezbollah poursuit ses efforts visant à faire dérailler le processus de paix au Proche-Orient et s’oppose à tous les intérêts occidentaux dans la région.

À partir de sa base principale au Liban, l’Hezbollah libanais entretient un contact direct avec la République Islamique, par le relais d’une unité spéciale (connu sous le nom « Département 15) du Ministère des Renseignements (Chercher VEVAK ou Hajarian). Plus d’un tiers des aides accordées par la République Islamique aux mouvements islamiques dans le monde est destiné au Hezbollah libanais.

En 2005, Ali Khamenei, le Guide Suprême a publiquement annoncé d’avoir accordé une aide supplémentaire de 280 millions de dollars au Hezbollah. Certains estiment le budget global et annuel du Hezbollah à plus de 500 millions de dollars par an. Plus d’un tiers de l’aide accordée aux mouvements islamiques dans le monde est destiné au Hezbollah libanais. (Source : IRAN-RESIST)

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Pour en savoir + sur la perception des «Palestiniens» en Iran et par les Iraniens :
- Un méchant intellectuel iranien : Saïd Leylaz (15.12.2005)

Pour en savoir + sur la perception des «Palestiniens» par rapport à Khomeiny :
- Et si Arafat avait fait basculer le destin de l’Iran ? (31.03.2006)

Pour en savoir + sur la perception des «Palestiniens» par rapport à Ahmadinnejad :
- Séisme, Pluie diluvienne & sans-abri tabassés par les miliciens (02.04.2006)

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