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Liban : la Crise du Hezbollah, la France se démarque
17.07.2006

Le G8 s’est ouvert hier avec un dossier qui a bouleversé l’ordre du jour : la crise au Proche-Orient. Après avoir exprimé des opinions très différentes, les diplomates ont tenté d’élaborer une déclaration commune sur le sujet. Ainsi nous avons encore eu droit à quelques bonnes résolutions impossibles à tenir et qui omettent intentionnellement de préciser la nature du conflit et le rôle occulte du régime des mollahs.



Réunis sous la présidence Russe pour leur sommet annuel à Saint-Pétersbourg, les pays du G8 ont adopté une déclaration qui se veut ferme et équilibrée, mais dont l’impact sur le terrain reste à démontrer, tant leurs demandes semblent déconnectées des véritables causes du conflit (pour reprendre les termes utilisés par Condoleezza Rice).

Tout en suggérant du bout des lèvres une « présence internationale de sécurité et d’observation » au Liban-sud ou , les 8 ont demandé :

- le retour des soldats israéliens (enlevés) sains et saufs de Gaza et du Liban,
- l’arrêt des bombardements du territoire israélien,
- l’arrêt des opérations militaires israéliennes au Liban et à Gaza,
- le retrait rapide des forces israéliennes de Gaza, et enfin
- la libération des ministres et parlementaires palestiniens (du Hamas) arrêtés...

Cette déclaration est la copie conforme du point de vue exprimé par Jacques Chirac qui avait condamné la « violence » (qui ne résoudra rien, selon lui) et préconisé d’arrêter « toutes les forces qui mettent en cause la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban » : des formules qui ne visent pas explicitement le Hezbollah ou le terrorisme islamique.

Nous assistons donc là à la cristallisation des craintes que nous avions exprimées précédemment. La France évite de mentionner la nature terroriste des activités du Hezbollah afin de ne pas heurter la susceptibilité de son protecteur  : le régime des mollahs. c’est pourquoi Jacques Chirac reste vague et parle d’un « désarmement de toutes les milices » au Liban sans nommer ces derniers.

- S’attaquer au Hezbollah serait synonyme de reconnaître la nature terroriste de son créateur c’est-à-dire le régime des mollahs. Ce qui reviendrait à admettre la nécessité de les combattre et par conséquent d’être du même avis que George Bush.

Pour ses intérêts économiques présents ou futurs en Iran et aussi pour satisfaire d’évidentes raisons démagogiques de politique intérieure nourries par un anti-américanisme populiste, le Président Chirac, en fin de règne, doit éviter d’être du même avis que George Bush.

La déclaration de Jacques Chirac est un modèle du genre, un lieu commun vide de sens car c’est bien le terrorisme financé par les mollahs qui empêche par la violence tout processus de paix au Proche-Orient. Le rôle terroriste du Hezbollah sera donc occulté autant que possible par les Européens et surtout par la France qui ambitionne de devenir le partenaire commercial n°1 du régime des mollahs. Par conséquent, si le Hezbollah n’est pas qualifié de Terroriste, l’état qui l’a créé pour peser sur le conflit israélo-palestinien ne le sera pas non plus.

La France confirme donc nos craintes car elle a une fois de plus fait le plus mauvais choix dans ce conflit en réduisant l’affaire à un conflit local et en ignorant ses aspects géopolitiques. Cette déclaration de Jacques Chirac qui refuse d’aborder le terrorisme islamique du régime des mollahs est loin de rassurer des pays comme l’Arabie Saoudite et les petites pétromonarchies du Golfe Persique (comme le Qatar) qui sont dans la ligne de mire du régime des mollahs. Nous avons écrit que la France n’avait pas la capacité militaire de devenir l’allié stratégique des mollahs car elle ne possède pas de bases militaires dans région pour assurer la sécurité de son allié iranien. À présent, nous assistons avec effroi à une dérive (ou délire) de la diplomatie française qui continue à ambitionner un tel rôle stratégique, quitte à perdre ses alliés arabes du golfe Persique. Est-ce justifié ? Surtout si cette politique délirante fait uniquement le jeu des Russes dans la région ?

La déclaration «pacifiste» du président s’oppose à l’affirmation de Bush qui défend le droit d’Israël à assurer sa propre défense. On est autorisé d’exprimer une autre opinion et de condamner la violence (d’Israël) si en même temps, l’on reconnaît la qualité terroriste du Hezbollah et de leurs commanditaires au pouvoir en Iran. Or, la France évite soigneusement de reconnaître ces acteurs occultes de la tragédie libanaise qui sont par ailleurs coupables de nombreux enlèvements et de meurtres d’otages (français), mais aussi coupables reconnus et revendiqués d’innombrables attentats à la bombe contre les intérêts Israéliens ou français au Liban en Israël, en France et même en Amérique du Sud.

La déclaration de Chirac ne condamne même pas le terrorisme [1] (comme l’a fait par exemple Poutine). Elle occulte seulement l’existence du Terrorisme islamique. Cette politique est délirante car elle privilégie un seul état : la république Islamique d’Iran. Cette politique est délirante parce qu’elle inquiète les états musulmans modérés, les fait douter et les encouragera à se tourner vers d’autres alliés : les Russes ou même les Chinois. La France peut évidemment continuer à briller internationalement par des coups d’éclat en campant sur des positions comme celles qui avaient été exprimées avec emphase par Villepin aux Nations Unies (afin de refuser la guerre contre Saddam), mais en abusant de ces discours démagogiques qui renforcent l’impunité des états islamiques extrémistes, elle précipite son déclin diplomatique réel et perdra des alliés arabes sans réussir à devenir le 1er partenaire économique des mollahs.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + :
- L’Iran inquiète les Etats arabes du Golfe Persique
- (06.05.2006)

et surtout lire ou relire :
- La France doit choisir son allié dans le conflit avec l’Iran
- (14.07.2006)

[Recherche Par Mots Clefs : Golfe Persique : Conseil de Coopération du Golfe (CCG)]

[Recherche Par Mots Clefs : Jacques Chirac et le régime des mollahs]

[Recherche Par Mots Clefs : Enjeu : Guerre contre le Terrorisme / Islamo-fascisme]

[Recherche Par Mots Clefs : Terrorisme Islamique]

[1POINT DE PRESSE DU 13/07/06 du Ministère Français des Affaires Etragères


Est-ce-que la France est favorable à un déploiement renforcé des forces internationales, FINUL ou autres, au Liban, pour prévenir une escalade encore plus dangereuse de la situation dans ce pays ?

Les forces internationales, comme la FINUL, agissent dans le cadre de mandats définis par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le renouvellement du mandat de la FINUL est d’ailleurs prévu fin juillet. C’est donc dans le cadre des Nations unies que la question que vous posez pourrait éventuellement être débattue. Je n’ai pas, à ce jour, de position a exprimer sur ce point.


Quels sont les objectifs que la France recherche d'une discussion au Conseil de sécurité sur la situation au Liban dont elle soutient le principe au Conseil, compte tenu de «l'action de guerre» israélienne, comme décrite par le ministre ?

Comme vous le rappelez, le ministre a pris position ce matin sur l’action conduite par Israël, mais aussi sur les tirs de roquettes en direction du territoire israélien et sur l’enlèvement de soldats israéliens. Je vous invite à vous reporter à l’intégralité de ses propos, disponibles sur le site du ministère dans quelques instants.

S’agissant des Nations unies, la France soutient la demande libanaise d’un débat au Conseil de sécurité, compte tenu de la gravité de la situation. Il est trop tôt pour dire sur quoi ce débat pourra déboucher. Des consultations sont en cours à New York.


L'Administration américaine accuse Téhéran et Damas d'être directement derrière les actions récentes du Hezbollah au Sud Liban. Partagez-vous ce point de vue ?

Nous ne souhaitons pas pointer du doigt tel ou tel pays, mais il est important que tous contribuent à l’apaisement et a une sortie de crise.


Comment espérez-vous trouver un règlement a la situation actuelle au Liban ?

Nous prenons actuellement tous les contacts nécessaires. Il est notamment important que les Nations unies puissent jouer tout leur rôle afin de favoriser une sortie de crise. Ce sera l’objet des discussions à New York.


La France a joué, il y a dix ans, un rôle central lors de l'opération israélienne «Les raisins de la colère» en proposant la constitution d'un «groupe de contact». Estimez-vous qu'il y a lieu de faire la même chose pour contenir l'escalade ?

Comme je viens de l’indiquer, tous les contacts nécessaires sont pris par les autorités françaises auprès des pays de la région, de nos partenaires européens et des Nations unies. C’est a partir de ces contacts que seront prises les décisions que la situation requiert.


La France se dit l'amie du Liban. Que comptez-vous faire pour desserrer le blocus maritime et aérien qu'Israël a imposé au Liban ?

Le ministre a rappelé ce matin que nous demandions la libération immédiate des soldats israéliens enlevés. Il a aussi condamné l’action de guerre disproportionnée conduite par Israël en réaction. C’est le message que nous faisons passer aux autorités locales, afin qu’il soit mis un terme a cette escalade. | (Mot clef : Quai d'Orsay)|