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L'Iran refuse à présent de coopérer avec l’AIEA : décodages
16.07.2006

« Dans l’offre des Occidentaux, il y a deux conditions préalables, celle de la suspension des activités nucléaires et la réponse aux questions du Conseil des Gouverneurs » de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)… Les dirigeants du régime sont arrivés à la conclusion de ne pas accepter de conditions préalables de la part des Européens », a déclaré l’adjoint de Larijani.



C’est la première fois depuis la remise de l’offre, le 6 juin, que le régime des mollahs affirme vouloir refuser cette offre avec une certaine clarté. Cependant, il faut avoir à l’esprit que le déclarant est un quasi inconnu et que, de nombreuses fois, le régime des mollahs a eu recours à cette tactique. Les mollahs savent que les Européens sont plutôt en faveur d’une solution négociée. Par Solution Négiciée, on entend un refus de soumettre l’Iran à sanctions. La solution négociée ne mettra pas en péril les intérêts Européens en Iran, et peut même les augmentera. La solution négociée suppose une certaine complaisance vis-à-vis des provocations (énergétiques, diplomatiques, négationnistes ou terroristes) des mollahs. Sûrs de l’appui de l’Europe à une solution négociée et de cette complaisance implicite, les mollahs font tout pour amplifier la crise et espèrent que cette attitude négative conduira vers une conférence internationale multilatérale, où les Européens, Américains et Iraniens pourront essayer de mettre les problèmes sur la table et de les résoudre «avec l’Iran».

Afin de provoquer la tenue d’une telle conférence, le régime des mollahs ne lésine pas sur les moyens. Cependant, il doit provoquer des mini-crises et éviter les maxi-crises. Le cas de l’action menée par le Hezbollah contre Israël était censé être une mini-crise, mais elle a débouché sur une maxi crise internationale, ce qui est loin de convenir aux mollahs. Ils veulent que l’on négocie avec eux et non pas que l’on réalise qu’ils sont nocifs et donc à éliminer.

Dès à présent, ils calment le jeu au Liban et ramènent l’épicentre de la crise en Iran en faisant cette déclaration par un sous-fifre (et non pas par un haut dirigeant). Il est prévisible qu’il y aura des démentis ou une déclaration qui adoucira la portée de cette déclaration. Cette déclaration intervient alors que les pays membres du G8 doivent examiner la question nucléaire iranienne et adopter une position commune lors du sommet de Saint-Pétersbourg.

L’adjoint de Larijani qui s’appelle Rahmani-Fazeli a par exemple ajouté que « l’Iran continuait à examiner l’offre des grandes puissances en séparant les ambiguïtés et les questions » et il a rappelé que son chef Ali Larijani avait insisté auprès de Solana sur le fait que le régime ne voulait pas des négociations avec des conditions préalables. C’est ce que sur ce site, nous avons qualifié de déclaration multicouche. La déclaration crée une mini-crise et permet de jauger jusqu’où l’on peut aller. Elle permet aussi d’évaluer par la réaction déclanchée, le niveau de la complaisance des Blocs Russe, Chinois et Européen.

Pourtant, dans ce cas précis, où il fallait une déclaration forte qui ramène l’épicentre de la crise en Iran, les mollahs ont fait une gaffe terrible. La déclaration parle d’un refus d’accepter les deux pré-conditions du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA.

Or, les Russes et les Chinois avaient toujours et continuellement basé leur discours de complaisance sur la coopération de l’Iran avec l’AIEA.

Continuellement et depuis plusieurs mois, nous avons entendu Vladimir Poutine dire qu’il estimait que cette coopération avait ses hauts et ses bas mais que selon lui, seule l’AIEA avait les compétences nécessaires pour traiter le dossier. Or, les mollahs viennent de refuser toute soumission à une demande du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, une assemblée où ils comptent de nombreux alliés islamiques ou non-alignés. En cherchant à créer une dernière mini-crise par une déclaration forte, le régime des mollahs a fait une gaffe qui doit être réparée le plus rapidement possible.

En effet, les mollahs ne disposent d’aucune stratégie et au fur et à mesure qu’ils ne constatent aucun progrès dans leurs manoeuvres, ils sont contraints d’imaginer de nouvelles provocations qui les placent dans des situations inattendues. Ils ont déclanché la crise du Hezbollah (qui a créé une crise internationale et le désavoeu des Saoudiens) et doivent à présent battre en retraite, et pour ne pas perdre la face dans cette politique du pire, ils ont opté pour cette déclaration dévastatrice pour leurs alliés Russes, Chinois et Européens…

Après cette bourde, ils trouveront quelque chose de rassurant afin de dédramatiser et recréer la confiance, pour reprendre leur terminologie démagogue. Une fois la confiance rétablie, ils reprendront leurs manœuvres de «crisologie» contrôlée.

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