Cela peut sembler étrange alors que vu d’occident, on considère ces deux pays comme les leaders du monde islamique qui soutiennent chacun à leur façon des mouvements intégristes et terroristes. Mais en fait, en dépit de ces caractéristiques communes, la république Islamique d’Iran et le royaume wahhabite sont très différents et loin d’être des états amis : les deux pays sont de véritables ennemis ou à minima de véritables rivaux.

En fait, les pays arabes et majoritairement sunnites ne sont pas dupes, ils savent que le Hezbollah est une milice n’agissant que sur ordre de l’Iran. Les états arabes savent également que le Hezbollah dispose sur leur territoire d’agents dormants prêts à agir afin de combattre les monarchies régnantes. La bombe nucléaire iranienne est présentée par Téhéran comme islamique et facteur d’unité pour l’ouma, mais les états arabes du golfe Persique voient en elle une menace. Cette bombe peut devenir un élément symbolique qui unirait l’Ouma autour du projet politique défendu par la république des mollahs. Un tel évènement serait évidemment une menace pour la sécurité nationale de ces pays : l’Iran des mollahs pourra alors très facilement contrôler l’opinion publique de ces états, influencer la vie politique et y promouvoir des partis islamistes à la solde de Téhéran.

Ceci explique aussi la méfiance pour ne pas dire l’hostilité des Saoudiens vis-à-vis du Hezbollah et son ascension médiatique dans la crise actuelle. Les Saoudiens ont connu une situation similaire avec Saddam Hussein.

En Août 1990, Saddam avait envoyé des Scud sur Israël tout en envahissant le Koweït, mais les états arabes n’avaient pas été dupes face à cette opération de marketing sentimental et avaient intégré la coalition pour la libération du Koweït. Aujourd’hui les déclarations haineuses d’Ahmadinejad ou l’opération du Hezbollah ont beau plaire aux pays arabes qui sont aussi anti-israéliens que le régime des mollahs, mais elles ne les rendent pas dupes pour autant. Ces derniers savent qu’ils sont eux aussi les victimes toutes désignées de cette république islamique iranienne aux visées impérialistes tout aussi territoriales (comme au Liban ou en Irak ) que politico-religieuses.

Aujourd’hui (c’est-à-dire au lendemain de la déclaration contre le Hezbollah), l’Arabie Saoudite a cherché à ménager les susceptibilités iraniennes et surtout celles de ses propres opposants chiites : le souverain saoudien vient d’inviter Larijani, le responsable du dossier nucléaire iranien, à Djedda pour parler de la situation au Liban !

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