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Histoire de la condition de la femme en Iran
18.05.2006

Durant les millénaires qui composent notre histoire, la femme iranienne a été confrontée à de nombreuses périodes de péril qui ont révélé sa force de caractère et son étonnante capacité de résistance.



La place sociale des femmes a toujours été un révélateur du régime qui gouvernait l’Iran à ce moment-là : ainsi sa place sociale bascula d’une position de quasi-égalité avec l’homme à une position de totale soumission.

Durant la période pré-zoroastrienne, Anahita symbolise la prépondérance du rôle de la femme : Anahita était la déesse de l’eau, de la pluie, de l’abondance, de la fertilité, des unions, de l’amour, de la maternité et de la victoire. Les couronnements royaux avaient lieu au Temple d’Anahita (Organisation des femmes zoroastriennes iraniennes).

Des statues découvertes lors de fouilles archéologiques à Suse et sur d’autres cités mésopotamiennes nous ont révélé la morphologie de la femme iranienne de jadis et nous renseignent sur sa vie. À cette époque, la mère du Roi avait le plus haut rang féminin et suivaient après elle respectivement, la mère du prince héritier, les filles et les soeurs du Roi bien que toutes avaient jouissance d’un certain pouvoir à la cour. D’autres pièces révèlent que les hommes comme les femmes avaient droit à un salaire. Les femmes avaient leur indépendance économique à cette époque. Certains métiers étaient autorisés aux deux sexes et d’autres étaient exclusivement réservés à l’un ou à l’autre. Les femmes de condition ordinaire avaient le droit de posséder des propriétés et elles avaient le droit de les vendre à leur guise. Comme les hommes, elles étaient tenues de payer des impôts.

De plus récentes découvertes archéologiques ont démontré l’existence de femmes dirigeantes d’entreprises. À cette même époque, les femmes ont atteint des hauts rangs militaires dans les métiers d’armes.

La période post-islamique a été synonyme d’un déclin général du rôle social de la femme iranienne. La plupart de leurs droits ont été abolis et elles furent écartées de toute participation dans les sphères politiques et civiles. Le port du voile comme seule tenue islamique autorisée devint obligatoire. La polygamie devint la règle et les lois familiales avantageaient désormais exclusivement les hommes.

Durant le XIXe siècle, des femmes ont marqué l’histoire de notre pays comme Fatémeh, née en 1814, qui devint une des figures du Mouvement Babi et fut la première femme à paraître non voilée en public. Le Mouvement Babi s’est engagé pour l’émancipation féminine et a continué à apporter son soutien aux ligues féministes iraniennes. Des activistes telles que Khorshid Khanoum et Roustameh voyageaient alors dans tout l’Iran et haranguaient les foules pour les sensibiliser au sujet de l’émancipation féminine. Les femmes de la cour royale de la dynastie des Qajar étaient nombreuses à soutenir l’audacieuse initiative de Fatémeh malgré le fait qu’elle était perçue comme radicale. Fatémeh a été pendue en 1852 pour avoir attenté à la vie du Roi Nasser-Eddin Shah.

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la contestation gagne les plus hauts niveaux : Taj Saltaneh, la fille de ce même Roi, Nasser-Eddin Shah, a consacré une partie de ses mémoires autobiographiques à une longue description révélant les conditions déplorables de la femme iranienne. Elle y critique le port obligatoire du voile et souligne le fait que les femmes taient tenues à l’écart de tout progrès et de la jouissance d’une quelconque forme de liberté en raison de cette tenue obligatoire et stricte.

Plus tard lors de La Révolution Constitutionnaliste de 1906, les femmes se sont fait remarquer notamment dans la ville de Tabriz. On peut à ce titre citer l’épouse de Haydar Khan Tabrizi qui, armée d’un couteau, protégeait les orateurs constitutionnalistes. L’engagement actif des femmes soutenait l’approbation des revendications des constitutionnalistes. Elles ont adhéré à la coalition réunissant des groupes comme les zoroastriens, les juifs, les bahaïs, les Arméniens et des musulmans pour revendiquer des droits émancipateurs pour les femmes mais aussi pour faire aboutir l’adoption de la constitution. Mme Jahanguir de la famille d’un des martyrs de cette révolution, a même été jusqu’à barrer la route à la voiture du Roi Mozaffar-Eddin shah pour le presser d’autoriser cette Constitution. La Constitution a été accordée en 1906 mais les lois familiales étaient maintenues sous l’autorité de la charia.

Les femmes étaient encore écartées de la vie politique et [’émancipation semblait comme un rêve relevant du conte de fées. En 1838, la première école pour filles a été fondée par des missionnaires américaines en Azerbaïdjan et bientôt la tendance se répandit et gagna d’autres villes et ce fut le tour de Téhéran, de Hamedan et de Rasht d’avoir leur école pour filles. En 1913, il y avait déjà trois écoles pour filles à Téhéran et une liste d’attente de 3000 places (extraits de : Une brève histoire des Mouvements des Femmes iraniennes de 1850 à 2000).

Le règne de la dynastie Pahlavi a été une période de considérables améliorations de la condition féminine en Iran. En 1931, l’assemblée iranienne, le Majlis, a finalement approuvé le projet de loi qui accordait à la femme iranienne le droit de demander le divorce et l’âge légal du mariage pour les filles a été élevé à 15 ans (au lieu de 13 ans). Sous l’impulsion de Reza Shah, des lois ont été votées en 1934 afin d’imposer des réformes fondamentales pour une amélioration de la condition féminine, et en 1936, un même système d’éducation national et sans distinction entre les filles et les garçons vit enfin le jour. La même année, une loi abolit la contrainte du port du voile : la loi imposait l’interdiction pure et simple du port du voile aux femmes.

Reza Shah en fit le fer de lance de sa politique d’encouragement du travail féminin en dehors du domaine de la maison. Mohammad-Reza Shah continua l’oeuvre de son père pour parachever l’émancipation féminine en Iran. Cependant les femmes n’eurent le droit de vote qu’en 1962 et c’est 6 ans plus tard, en 1968, que la « Loi de la Protection Familiale » fut approuvée par l’assemblée. Le divorce et la polygamie furent soumis à des contraintes significatives dans le but de décourager cette dernière pratique au point qu’elle était devenue obsolète et très rare. L’âge légal du mariage a été fixé à 18 ans à l’instar de tous les pays civilisés. L’Iran a eu avec Mme Farrokh-Rou Parsa sa première femme ministre. Elle fut ministre de l’éducation nationale (elle a été pour cette même raison torturée et tragiquement assassinée par les nervis du régime islamique en 1979). En 1978, 33% des étudiants étaient des femmes et le monde du travail en comptait 2 millions.

Elles étaient aussi présentes dans l’armée et les appelées filles servaient dans « Sepah Danesh », autrement dit le Corps Educatif (les appelés iraniens avaient le choix entre un service militaire classique ou l’engagement pour une durée similaire dans 3 corps civiques différents d’éducation, de santé et de la technologie au service des régions). Ces corps leur faisaient prendre conscience de la réalité des besoins de notre pays et les occupaient durant cette période de leur vie à des actions citoyennes utiles à la nation.

Il y avait 22 femmes parmi les députés à l’Assemblée nationale iranienne et 2 sénateurs. En 1979, la femme iranienne avait acquis une quasi égalité en termes de statut social avec les hommes et bénéficiait des mêmes avantages éducatifs. Les femmes travaillaient dans de nombreux domaines professionnels. L’OFI (Organisation des Femmes Iraniennes) fondée en 1967 par la princesse Ashraf Pahlavi réunissait divers organismes qui traitaient du confort familial, de la protection des enfants, de la formation professionnelle, du planning familial et du conseil juridique.

Les femmes iraniennes ont contribué très largement au succès de la Révolution de 1979. Elles ont défilé aux côtés de leurs époux et leurs enfants dans les marches contre le régime. Malheureusement, la victoire de la Révolution Islamique a sonné le glas de la loi de la protection familiale.

Les femmes ont été écartées de toute haute fonction dans le secteur public et se sont résignées à respecter le Hijab, l’uniforme islamique. Selon Salaam Iran, le site officiel du gouvernement iranien, « le Hijab protège la femme contre toute tentative de viol ou de violence » !

Telle est la vision officielle du gouvernement iranien quand bien même la femme iranienne confinée sous ce linceul étouffe sous la charge des restrictions qui lui pèsent. Le Chador protège-t-il ou alors serait une oppression ? L’histoire le retient comme le symbole de la vulnérabilité de la condition féminine et il a été contemporain de bien des mesures misogynes. Dès le début de l’instauration de la République Islamique, les femmes iraniennes ont contesté ces mesures ségrégationnistes parmi lesquelles on peut citer le scandaleux rabaissement de l’âge légal du mariage à 13 ans pour les filles.

Les femmes souvent mariées dès leur plus jeune âge se voient ainsi privées de toute poursuite d’études secondaires. Leur résistance héroïque leur a permis de restaurer quelques-uns de leurs acquis comme le droit de poursuivre des études, secondaires et universitaires, bien qu’elles restent encore très contenues et sous la coupe de la charia qui a restauré la polygamie et un divorce très désavantageux pour elles. Cette ségrégation misogyne est omniprésente et s’étend à la vie publique, au monde du travail, aux salles de classes, aux transports en commun, même aux stades de football mais surtout au code pénal : ainsi la lapidation est devenue l’emblématique punition pour les femmes « incorrectes ». Salaam Iran, le site officiel du gouvernement iranien est éloquent quant à cette politique : « La République Islamique d’Iran est hautement engagée au sein des instances internationales de la protection légale des femmes pour la promotion de leurs statuts sociaux. Du point de vue de l’Islam, la femme a une dignité innée et apporte du sublime à la société » !

Aujourd’hui, l’Iran lutte contre un fléau d’une puissance extrême. En raison du chômage qui touche plus dramatiquement les femmes, la prostitution est très répandue parmi les femmes iraniennes et les plus jeunes n’ont guère plus que 12 ans d’âge. Dans son livre “ les Lois sacrées de l’Islam", Dr. Hamid Koucha de l’Université A&M de Texas fait remarquer que l’application inadéquate des lois sacrées de l’Islam et les tensions sociales et économiques oppressantes ont acculé la femme iranienne à la criminalité, à l’usage des drogues dures et au suicide. Il affirme que les données de la République islamique sur la criminalité féminine classent l’Iran parmi les plus violents états islamiques par d’exceptionnels taux de délits et d’arrestations des femmes. Toujours selon le même livre, aucun pays musulman ne peut contester cette suprématie des taux de criminalité féminine iranienne. Malgré cette réalité sordide, le nombre de femmes inscrites dans les études supérieures dépasse celui des hommes même dans les matières traditionnellement réservées aux hommes comme les études scientifiques.

Les femmes ont beaucoup souffert sous la coupe des Mollahs de la République Islamique et continuent de souffrir encore d’avantage. De cette souffrance est né un engagement en première ligne contre les oppresseurs et contre le pouvoir. Cet engagement rappelle le rôle qu’elles ont joué durant l’histoire perse... Aujourd’hui elles sont à nouveau en tête dans des actions symboliques mais ô combien périlleuses comme l’enlèvement ou l’immolation du foulard en public, souvent au prix de leur vie.

Il est fort triste que la femme iranienne qui s’est battue durant toute l’histoire perse pour être libre et reconnue soit aujourd’hui confrontée à certains points de vue de chercheurs occidentaux qui devisent sur le port du Hijab. Ces chercheurs occidentaux parmi lesquels beaucoup de femmes placent le port du voile dans un certain contexte historique et en arrivent à justifier cette pratique, l’assimilant à une forme de diversité culturelle et ce sans tenir compte des réalités occultes de cette pratique imposée et surtout aux dépens des femmes iraniennes et sans les avoir consultées pour connaître le degré de l’impopularité du Hijab pour elles.

Ce statu quo de la condition féminine en Iran est pénible et blessant pour une nation réduite à vivre dans la stagnation, sans aucun espoir d’évolution ou avenir. « Le dépit est le premier pas vers le progrès social et humain » comme le dit si bien Oscar Wilde, nous ajouterons à ceci que les femmes iraniennes sont depuis longtemps fin prêtes pour marcher vers le progrès.

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Pour en savoir + sur la condition féminine en 2005 :
- Excision, en Iran aussi !


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