Sa question intervenait au sujet du drapeau iranien. Il avait toujours entendu les critiques de ces milliers d’iraniens qui ont fui la république islamique. Il pensait que ces Iraniens considéraient la république islamique comme traître à l’histoire et à l’identité iranienne, qu’ils la décrient et honnissait le drapeau qui en est le symbole. De retour d’Allemagne, il était perplexe et ne comprenait pas que ces mêmes iraniens puissent brandir le drapeau d'un régime islamo-fasciste.

De toute évidence pour un étranger, c’est bien un ensemble compact et uni, un seul peuple, qui apparaît derrière le drapeau (islamique) pour soutenir une équipe nationale, mais aussi la république islamique. République qui soit dit pour mémoire avait protesté auprès des organisateurs parce que sur le car de transport de l’équipe figurait le mot «Iran» et non pas les mots «république islamique» !

La remarque de cet ami américain nous a fait chaud au coeur, car nous nous étions posé cette question et nous pensions véritablement être les seuls. La seule réponse que nous ayons été capables de lui apporter est que les iraniens sont aujourd’hui dans une horrible situation parce que justement ils ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes.

En 1979, sans réfléchir aux conséquences de leurs actes, ils ont suivi aveuglément un mollah qui les a mis dans cette situation. 27 ans plus tard, ils s’enveloppent dans le drapeau de la république islamique, un régime qui les a forcés à l’exil, qui a tué des dizaines de milliers d’entre eux. Sans réfléchir, ils cautionnaient le régime. Alors qu’ils auraient pu brandir le drapeau historique aux emblèmes du lion et du soleil, les symboles d’un peuple et pas uniquement de l’Iran monarchique. Même des opposants aussi détestables que les Moudjaheddines du peuple l’utilisent pour s’attirer la sympathie des iraniens non-expatriés. Ces derniers n’ont pas le choix entre le drapeau islamique et celui d’avant : ce n’est pas le cas des iraniens en exil.

Mais quand est-ce que les iraniens en exil, qui ont le choix , apprendront à faire la différence entre le bien et le mal ? Quand des personnes qui furent les premières à quitter l’Iran cesseront-ils de commercer avec elle ? Comment peut-on appeler des opposants qui continuent d'avoir des intérêts immobiliers et financiers en Iran? Comment peut-on appeler des opposants qui passent une partie de l’année dans le pays ? Comment appeler des opposants qui font des conférences en invitant d’autres opposants qui non seulement sont ceux qui ont fait la révolution mais qui continuent de la soutenir encore ? Comment peut-on appeler des opposants qui par leurs agissements rendent encore plus insupportable l’oppression intérieure ?

Les non-expatriés doutent de leur intégrité et les considèrent comme des traîtres. N’est-il pas de la responsabilité des opposants d’envoyer des signes forts à ceux que nous avons laissé derrière nous ? N’avons-nous pas pour devoir de leur faire comprendre par des signes comme le drapeau que nous continuons de lutter pour la liberté ?

A nos amis iraniens qui se sont servi du drapeau islamo-fasciste nous rappelons que le premier de leur devoir est de lutter contre celui-ci. Nous n’avons pas demandé de boycotter la Coupe du Monde de Football et ses retransmissions parce que nous pensions que le sport était quelque chose de bien en soi… Mais nous savons que de nombreux iraniens non-expatriés ont boycotté ces jeux.

Mais peut-être qu’une prochaine fois, vous serez quelques-uns de plus à réfléchir avant de commettre un acte qui fait plus pour le régime de Téhéran que pour les iraniens, leurs libertés ou même l’avenir de vos enfants. En attendant sachez que vous, iraniens en exil drapés dans l’emblème du régime des mollahs, êtes immortalisés dans les journaux du régime islamique avec cette légende : «même eux supportent la république islamique»… N’oubliez pas, que dans ces journaux, le mot « Iran » n’est mentionné nulle part !