Adeptes de la méthode Coué, les diplomaties européenne et américaine persistent à maintenir leur offre d'ouverture à l'Iran. Les signaux émanant de Téhéran et de Vienne, où se réunissait cette semaine l’organe exécutif de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), présagent cependant davantage l’impasse que l’apaisement général, prélude à une hypothétique « entente cordiale » entre la république islamique et l’Occident.

Tout en déclarant préférer « la coopération à la confrontation », l’Iran a quasiment cessé de coopérer avec l’AIEA. Dans un rapport transmis aux trente-cinq États membres du Conseil des gouverneurs, le directeur général de l’Agence, Mohammed El Baradei, dresse un bilan éloquent : au lieu de mettre un terme à ses activités nucléaires, comme l’en implore la communauté internationale, Téhéran a accéléré ses activités d’enrichissement d’uranium, relancées le 11 avril dernier sur le site de Natanz. Et ce, depuis le 6 juin, le jour même où le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, remettait à Téhéran l’offre « Six Grands », les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l’Allemagne.

Le représentant iranien à Vienne, Ali Agha Soltanieh, parle de simple « coïncidence » sans volonté de provocation, ajoutant que [la stratégie] « de la carotte et du bâton a toujours été contre-productive ». Conclue le 1er juin à Vienne, l’offre présente un ensemble de mesures incitatives pour l’Iran, s’il accepte de suspendre ses activités nucléaires et de coopérer étroitement avec l’AIEA. Elle prévoit également un éventail de sanctions graduées, si Téhéran refusait d’obtempérer.

En outre, Téhéran n’a toujours pas fourni les documents demandés de longue date par l’AIEA, concernant d’une part la fabrication de demi-sphères d’uranium métal, une technologie exclusivement liée à la conception d’armes nucléaires, et d’autre part une rencontre secrète survenue en 1987 entre émissaires iraniens et représentants du « réseau Khan », cette nébuleuse pakistanaise à l’origine d’un marché noir mondial du nucléaire. Pas plus qu’il n’a autorisé les inspecteurs onusiens à se rendre sur des sites sensibles. Depuis la décision prise par l’AIEA de saisir le Conseil de sécurité à propos du programme nucléaire iranien, l’Iran a, en représailles, cessé d’appliquer le protocole additionnel du Traité de non-prolifération (TNP), qui conférait aux enquêteurs de l’agence le droit de mener des « inspections renforcées et inopinées ».

S’exprimant au nom des trois pays membres de la « Troïka » européenne, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, l’ambassadeur français Francois-Xavier Deniau a regretté que « la coopération avec l’agence [ait] été réduite à presque rien ces derniers mois ». D’après les diplomates occidentaux présents à l’AIEA, les Six Grands attendraient désormais une réponse de l’Iran le 29 juin. Une semaine après la tenue du sommet entre l’Union européenne et les États-Unis à Vienne, en présence du président américain George W. Bush.

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