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Le Figaro : Pékin pousse l’Iran au compromis
17.06.2006

Jean-Jacques Mével | 17 juin 2006 | Rubrique International
- Le numéro un chinois Hu Jintao n’a pas cédé à l’offensive de charme iranienne.



L’Iran a pour la première fois porté un regard favorable sur l’initiative des cinq grands et de l’Allemagne destinée à l’amener à suspendre son programme nucléaire d’enrichissement : « Nous considérons l’offre comme un pas en avant », a dit hier le président Mahmoud Ahmadinejad, tandis qu’un haut responsable iranien souhaitait l’ouverture de négociations.

L’appréciation du président, en visite en Chine, tranche avec le refus implicite opposé jeudi à la proposition des Six par l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême iranien. « J’ai donné comme instruction à mes collègues d’examiner l’offre avec attention », a précisé le président de la république islamique à Shanghaï. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Seyed Abbas Araghchi a estimé de son côté que l’offre « contient beaucoup d’éléments positifs, mais aussi bon nombre d’ambiguïtés », lors d’un déplacement à Almaty (Kazakhstan).

Ni le président iranien, ni le vice-ministre n’ont cependant fixé de délai précis à la réponse de Téhéran. A l’origine de la proposition, les cinq pays qui disposent d’un siège permanent au Conseil de sécurité espèrent, avec l’Allemagne, que la discussion sera engagée lorsque le G 8 se réunira au sommet à Saint-Pétersbourg. A la mi-juillet, c’est le prochain rendez-vous des grandes puissances.


Petit couac diplomatique

L’avancée iranienne, aussi modeste qu’elle paraisse, est un succès pour le n° 1 chinois Hu Jintao comme pour l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) dont il vient de présider le sommet. Au contraire, des craintes affichées aux Etats-Unis, Pékin et dans une moindre mesure Moscou ont pressé Téhéran de revenir dans le droit chemin. « La Chine est une amie de l’Iran et le rôle d’un ami n’est sûrement pas de pousser vers le précipice », dit Yin Gang, directeur de la Société chinoise d’études sur le Moyen-Orient.

Pour faire passer le message, le président Hu s’est même payé le luxe d’un petit couac dans l’univers bien lisse de la diplomatie chinoise. Peu après que Mahmoud Ahmadinejad a assuré que la « question nucléaire » n’avait pas été abordée lors d’un entretien bilatéral avec le n° 1 chinois, l’agence d’Etat Chine Nouvelle diffusait une longue dépêche affirmant tout le contraire.

Si l’on suit l’agence, Hu Jintao a fait savoir à son interlocuteur que « la proposition de la Chine, de la Russie, des Etats-Unis et de l’Europe fournit une nouvelle chance de régler le problème » nucléaire. « Nous espérons, aurait-il ajouté, que l’Iran étudiera (l’offre) sérieusement, répondra positivement et reprendra rapidement les négociations ». Devant la presse, le dirigeant iranien a acquiescé sur le premier des trois points.

Mahmoud Ahmadinejad était venu à Shanghaï dans l’espoir d’y trouver, avec l’aide des Chinois, un bouclier contre d’éventuelles sanctions occidentales. La Chine, partagée entre sa responsabilité de grande puissance et ses intérêts pétroliers immédiats, n’est pas prête à lâcher Téhéran. Mais le président Hu s’est bien gardé de céder à l’offensive de charme iranienne.

Pékin n’a pas donné de suite immédiate à la grande conférence sur l’énergie que le président Ahmadinejad se proposait d’accueillir chez lui. L’OCS ne semble pas avoir étudié plus sérieusement la candidature de l’Iran, aujourd’hui doté d’un strapontin avec le statut d’observateur. Le projet, soutenu du bout des doigts par Moscou, se heurte à un obstacle pratique : l’Iran n’est pas en Asie centrale. Mais le souci de l’OCS de ne pas s’encombrer d’un partenaire en conflit avec l’Occident semble avoir pesé aussi lourd.

Déçu et peut-être désireux de trouver un responsable, le président iranien s’en est pris sans surprise à son ennemi avoué : le sionisme. Une fois de plus, il a mis en doute le génocide juif par les nazis et demandé qu’« une enquête menée par des parties impartiales » en vérifie la réalité.

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