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Iran-USA : Tour d’horizon de la presse européenne
05.06.2006

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne se sont mis d’accord jeudi 1er juin sur une offre de coopération, et en cas d’échec sur des sanctions, destinée à convaincre Téhéran de renoncer à ses activités d’enrichissement d’uranium. Ils n’avaient jusque-là jamais trouvé un consensus sur ce dossier enlisé depuis des années.



Nous vous avions prévenus de l’existence d’une Stratégie Conjointe de la Chine et de la Russie qui aurait pour objectifs de saper l’autorité des propositions Européennes et surtout celle de l’initiative Américaine de nouvelles négociations multilatérales. Il semblerait que les Chinois et les Russes puissent aussi compter sur une presse européenne «US sceptique» qui serait favorable à des négociations bilatérales entre l’Iran et les Etats-Unis, sans aucune condition préalable !

Source : Le Figaro (France) « La stratégie occidentale à l’égard de Téhéran est en train de gagner en subtilité », note Pierre Rousselin, directeur adjoint du quotidien. « Pour la première fois, Washington accepte de parler ouvertement à Téhéran, aux côtés des trois pays européens (...) Une seule condition : qu’il soit mis fin aux activités d’enrichissement pouvant permettre à Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Ce geste spectaculaire, réclamé par les Européens, met la balle dans le camp des mollahs qui vont devoir expliquer leur refus. (...) Si l’Iran a vraiment envie de discuter avec les Etats-Unis - et cela reste à prouver -, il peut faire un pas en proposant, par exemple, de limiter l’enrichissement à des activités de recherche. En l’absence de compromis, les Iraniens auront du mal à faire croire qu’ils ne cherchent pas à obtenir la bombe ».

Source : Politiken (Denmark) Le journal salue la volonté américaine d’ouvrir des négociations avec l’Iran. « On est en droit de penser qu’une détente diplomatique affaiblira le régime iranien de l’intérieur plus efficacement que toutes les politiques de fermeté qui ont été menées jusque-là. Les Etats-Unis ont fait le premier pas sur le chemin des possibles. Certes, on est encore loin du début de la fin dans la crise iranienne. Mais, comme l’a dit un jour Winston Churchill, dans un contexte plus dramatique encore, c’est peut-être au moins la fin du début. Un début qui, jusqu’à présent, semblait devoir déboucher sur une impasse, voire sur une catastrophe ».

Source : Die Presse (Autriche) Burkhard Bischof salue l’offre américaine d’ouvrir des négociations directes avec l’Iran sous certaines conditions. « Naturellement, la méfiance qui a grandi au cours des décennies entre Iraniens et Américains ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Et si l’on considère que cette offre émane d’un gouvernement qui a lancé des opérations militaires en Irak voisin pour des prétextes cousus de fil blanc, on peut comprendre que la première réaction de Téhéran soit la circonspection. Malgré tout, en présentant cette offre, les Américains ont poussé la balle dans le camp iranien. Si Téhéran continue de se montrer buté et intransigeant (...), le pays s’isolera sur la scène internationale et risque un jour de ne même plus pouvoir compter sur l’aide de ses avocats, que sont la Chine et la Russie ».

Source : Helsingin sanomat (Finland) Pour le journal, il n’y a pas vraiment de quoi se réjouir : « La proposition de Washington de s’asseoir à la table des négociations avec l’Iran est, certes, un tournant révolutionnaire, les relations entre les deux pays étant glaciales depuis l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979. Mais il serait exagéré d’évoquer une avancée décisive. En effet, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a posé des conditions strictes à l’ouverture des négociations : l’Iran doit renoncer à ses travaux d’enrichissement de l’uranium et accepter une collaboration totale avec l’Agence internationale de l’énergie atomique AIEA (...). Or, l’Iran n’a aucunement l’intention de suspendre ses activités d’enrichissement de l’uranium et, si la décision de Téhéran devait être irrévocable, la situation se trouverait une nouvelle fois bloquée ».

Source : Sur (Espagne) Le quotidien juge dans son éditorial que le régime iranien est en position de force, car ce pays a particulièrement bien choisi son moment pour défier les Occidentaux. « Même si Washington refuse de négocier bilatéralement avec les Iraniens, qui souhaitent devenir les interlocuteurs de la superpuissance, les Etats-Unis savent qu’ils ont besoin d’un large soutien international face à l’Iran. (...) L’Irak est incapable de freiner la violence fanatique et les économies occidentales sont terrorisées à l’idée de penser que pour la deuxième fois en trois ans pourrait éclater un conflit dans la région du Golfe. Et même si [le président américain George] Bush assure que « le monde agira en conséquence », Téhéran ne perdra sa situation avantageuse que si la Chine et la Russie donnent leur accord à une résolution prévoyant des sanctions ».

- Les opinions exprimées dans ces quotidiens européens vont dans le sens des demandes du régime des mollahs : des négociations bilatérales entre l’Iran et les Etats-Unis, sans aucune condition préalable (pour sortir de la crise, évidemment) !

Pour en savoir plus sur ces exigences des mollahs, nous vous invitons à relire notre lumineuse analyse du 14 mai 2006 : Décodage : L'Iran est prêt à négocier avec tous les pays à l'exception d'Israël !


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