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IRAN : Le statu quo est rompu par les USA
01.06.2006

Les membres permanents du Conseil de Sécurité (+l’Allemagne) se réunissent jeudi à Vienne pour finaliser une offre de mesures incitatives et de sanctions économiques afin d’encourager le régime des mollahs à renoncer à l’enrichissement. Les commentateurs prévoyaient une procédure longue et bloquée, ceci est désormais de l’histoire ancienne !



L’Iran reste fidèle à une tactique de déclarations multicouches [1]. D’un côté, il demande aux Européens d’accepter la « réalité et l’irréversibilité » de son programme nucléaire, refusant net toute suspension des activités de recherche en matière d’enrichissement même pour une courte durée, et de l’autre, le ministre des Affaires étrangères Mottaki annonce que le régime des mollahs est disposé à reprendre les discussions avec l’UE, tout en demandant des garanties de sécurité que seuls les Américains peuvent leur donner !

Il s’agit d’une tactique délibérée pour semer la zizanie et encourager ses partenaires commerciaux (Europe, Russie et Chine) à demander l’intervention express des USA pour de vraies négociations comme le disait ce matin Bernard Guetta sur France Inter. Guetta a été envoyé en Iran pour, depuis l’intérieur même du pays, attester la nécessité de telles négociations (bilatérales) et l’utilité de compter sur Rafsandjani  [2], tout en décrétant que l’opposition aux mollahs est uniquement constituée par d’autres mollahs !

Nous avons l’habitude d’entendre ce genre d’analyses qui, hélas, sont prédéterminées pour correspondre aux objectifs et attentes du Quai d’Orsay. Elles sont similaires aux études géopolitiques d’Yves Lacoste qui fait la liaison entre le régime des mollahs (via le Think Tank de Rastbeen [3]) et l’IRIS : études biaisées pour trouver des justifications raisonnables pour continuer dans la voie tracée . Etudes qui ont malheureusement contribué à renforcer le rôle de la Russie dans la région au point qu’aujourd’hui la France risque de perdre ses intérêts en Iran sous l’impulsion des Russes, alors que les sanctions auraient nui à ses intérêts sans les remettre entièrement en cause.

Les réactions « iraniennes » sont désormais à analyser dans le contexte Euro-Russe.

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Une initiative pour briser ce Statu quo

Les Etats-Unis ont tout d’abord réagi positivement à l’annonce iranienne, en affirmant qu’ils seraient « heureux que (les Iraniens) reviennent aux discussions avec l’UE-3 » (Allemagne, France, Grande-Bretagne). Mais, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a annoncé une « initiative » sans précédent qui brise le statu quo imposé par les tactiques dilatoires des mollahs alliés aux Russes.

L'intiative. Dès que l'Iran suspendra complètement et de façon vérifiable ses activités d'enrichissement et de retraitement, les Etats-Unis rejoindront leurs collègues de l'UE-3 [France, Allemagne, Grande-Bretagne] à la table des négociations et rencontreront les représentants iraniens!

Même si cette initiative ne prévoit pas cependant de discussions bilatérales, elle met le régime des mollahs devant un défi et lui enlève l’argument selon lequel ce sont les Etats-Unis qui bloqueraient l’avancée des négociations en refusant de rencontrer les dirigeants iraniens.

Mme. Rice a également évoqué les violations des droits de l’homme en Iran, le besoin de liberté des iraniens et le soutien des mollahs au terrorisme au Liban et en Irak. Cependant, l’offre américaine concerne le nucléaire et les mollahs ne peuvent accuser les Américains d’utiliser les droits de l’homme pour résoudre le conflit nucléaire.

Cette annonce a surpris le régime des mollahs qui est resté sans voix et n’a fait aucun commentaire sur cette offre déstabilisante. La Russie et la Chine auraient accueilli cette initiative très favorablement car l’initiative américaine ne fait qu’affirmer la demande de l’AIEA à savoir l’arrêt des activités de l’enrichissement. Les russes et les Chinois n’ont cessé de réclamer l’application des mesures exigées par l’AIEA. Etant donné qu’ils ont toujours été les défenseurs inconditionnels de cette exigence de l’AIEA, ils ne peuvent se contredire ! Idem pour les Européens ! C’est pourquoi tout refus, esquive ou dérobade de la part des mollahs affaiblira les tenants de la modération avec les ayatollahs et ouvrira la voie des sanctions.

Parallèlement, les Etats-Unis pourraient modifier leur position concernent la mention du chapitre VII de la Charte de l’ONU dans le texte du projet de résolution. « Afin d’apaiser les Russes, les Etats-Unis sont d’accord pour se référer uniquement à l’article 41 et non pas à l’ensemble du chapitre VII ».

Dans l’article 42 et les suivants, il est question des cas où l’usage de la force armée est possible. Dans l’article 41 il s’agit de sanctions qui n’impliquent pas le recours à la force armée : ces mesures « peuvent comprendre l’interruption complète ou partielle des relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques ».

Les Etats-Unis ont aujourd’hui marqué des points, et c’est silence radio à Téhéran. Le régime des mollahs est confronté à un dilemme et il risque de perdre l’appui de ses partenaires commerciaux. C’est jouissif !

PDF - 4.8 Mo

Droit de Réponse

Toutes les personnes citées comme proches de la République Islamique d’Iran, de ses dirigeants ou de leurs idées, celles qui sont mises en cause comme collaborateurs à des Think Tanks, colloques, conférences ou ouvrages favorables à ce régime bénéficieront d’un droit de réponse afin de se justifier et d’apporter la preuve du contraire.

On peut se tromper, l’erreur est humaine et nous concevons qu’une personne malgré elle se retrouve prise dans les nasses tendues par le régime, mais lorsque l’on est systématiquement et ce dans le temps, repris, cité et référencé auprès d’organismes soutenant directement ou indirectement le régime de Téhéran, nous ne considérons plus cela comme une erreur.

Toutefois les personnes qui changent d’avis après avoir été l’objet de publicité progouvernementale peuvent aussi nous le faire savoir, nous ne manquerons pas de publier la nouvelle.


IRAN-RESIST.

[2Rafsandjani, actuel Chef du Conseil de Discernementest sous mandat d’arrêt International (depuis 1997) suite à l'affaire de la Tuerie du MYKONOS en 1992 (du nom d'un Restaurant Berlinois). Le mandat d'arrêt international de l'interpol empêche ce dernier de voyager hors d'Iran et de ce fait, il est réduit à occuper des fonctions occultes. Il ne fait aucun doute que l'approbation de la candidature de Khatami à la présidence n'avait pas été sans rapport avec les sanctions internationales contre Rafsandjani. Entre autre, l'étiquette politique du Khatami a donné un éclat politiquement correcte à la république islamique qui n'avait eu nul besoin de cette condamnation humiliante de Rafsandjani.

Selon le Ministère allemand des Affaires Etrangères, le jugement rendu en avril 1997 dans le procès relatif à l'attentat du restaurant Mykonos, dans le cadre duquel un tribunal de Berlin a constaté que les autorités iraniennes avaient été impliquées dans un autre attentat perpétré en 1992, a déclenché une crise prolongée. Il a fallu attendre 2000 pour que les relations retrouvent une base solide. La visite du Président Khatami en Allemagne en juillet 2000 a entraîné une augmentation sensible du nombre de visites dans chacun des deux pays.
- Source : Auswäertiges- Amt
- Rafsandjani, Maître absolu de la République Islamique.

[3à propos d’Yves Lacoste : Rastbeen est spécialisé dans le lobbying auprès de l’IRIS et du parti socialiste, mais il a aussi mis sur pied un réseau de vieux gaullistes anti-américains,de personnalités souverainistes et de chercheurs américains de gauche. Rastbeen est à la tête de l’Institut International d’Etudes Stratégiques (88 rue des Entrepreneurs, 75015 Paris), un think tank défendant des positions très proches de celles de la ligne Rafsandjani.