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<HTML>Derrière l’Iran, la Russie attend son heure de retour
30.05.2006

Joshka Fisher a repris sa plume pour encourager les Américains à s’entendre avec les mollahs. Dans un texte publié par Libération, il dépeint une situation préoccupante et se demande : « Dans ces conditions, que faire ? »



Evidemment s’entendre avec l’ennemi et le transformer en client ou en fournisseur. Il est vrai que présentés crûment, comme nous l’avons fait, ses propos perdent leur logique.

Fischer, qui avait déjà signé un appel dans ce sens [1], n’a tiré aucune leçon du cuisant échec de la diplomatie Européenne : les mollahs sous la direction du souriant et « réformateur » Khatami [2] ont utilisé ces négociations pour parachever des travaux [3] dans les usines nucléaires afin de lancer l’enrichissement le moment choisi dans l’espoir de mettre également les négociations dans une impasse et susciter l’intervention américaine dans les négociations.

Et on dirait que Joshka Fisher ainsi que les actuels ministres des affaires étrangères de la Troïka qui continuent de réclamer ces négociations-là approuvent pleinement la stratégie iranienne [4]. On pourrait se demander si pendant trois ans, ils n’ont pas menti à leurs propres opinions et qu’ils ne préparaient pas cette demande de négociations bilatérales dans l’espoir de repousser encore plus l’échéance d’une prise de décision contraignante pour le régime des mollahs. Et si l’UE ne voyait pas de danger dans l’acquisition par l’Iran d’une bombe nucléaire ?

C’est en tout cas, l’incroyable conclusion qui s’impose à la lecture du texte de Joshka Fisher. Ce dernier estime encore possible que l’AIEA puisse organiser la supervision des recherches nucléaires par les techniciens du régime des mollahs !

L’AIEA n’a rien découvert en Iran, et n’a même pas réussi à pénétrer dans les centres nucléaires révélés par des informations vendues par des mouchards. L’AIEA n’a pu confirmer ou infirmer la provenance des traces d’Uranium Hautement Enrichi et ne s’est jamais intéressée à des sites comme Neyshapour [5] [6]. L’AIEA et l’ensemble des personnes qui s’intéressent au parc nucléaire en Iran ne sont aucunement en mesure de connaître l’étendue des installations. Exiger une étroite surveillance de l’AIEA [7] est faire preuve d’une méconnaissance et d’une incompétence abyssale du problème posé par la maîtrise du nucléaire par un état terroriste ou simuler l’ignorance. Il se pourrait également que Joshka Fisher et l’ensemble des états réticents (à l’application des sanctions économiques), comme la Russie et l’UE, voient dans la bombe islamique une possibilité d’une refonte de l’équilibre des forces au Moyen-Orient dans lequel les Etats-Unis n’auront plus leur place. .

C’est une perspective effrayante pour l’avenir d’Israël qui sera sacrifié mais aussi pour l’avenir de l’Iran qui peut subir les conséquences de cette modification de son importance par une animosité de l’ensemble de ses voisins. Il n’est pas impossible que tous se liguent pour chasser les mollahs et les remplacer par un état islamiste moins hégémoniste. Il est plus que probable que les Russes ne boudent pas une telle évolution, les Européens sont plus attentistes et par leur diplomatie [8] donnent le sentiment qu’ils n’y sont pas opposés. Les conséquences seront dévastatrices pour la région qui sera la proie de toutes sortes de guerres inter-ethniques ou inter-religieuses [9] qui s’étendront inévitablement à l’ensemble du mondes arabe ou musulman.

Nous lançons un appel à la sagesse, afin que les Français qui sont un des moteurs de cette politique insensée ne se laissent pas convaincre par la Russie qui est l’allié militaire et pétrolier [10] [11] du régime des mollahs. Au-delà de toute considération, les Russes s’allieront avec les mollahs pour contrôler le Golfe Persique et l’Asie Centrale, et les voies d’accès à leurs ressources. Les mollahs ont également des alliés musulmans en Afrique : ces alliés leur permettront de contrôler les accès aux ressources pétrolières de ce continent et les pipelines (de transit du pétrole) qui traversent leurs pays. En Amérique du Sud, les mollahs disposent d’alliés idéologiques comme le Venezuela et la Bolivie.

Toute solution de nouvelles négociations qui accorderait des délais supplémentaires aux mollahs préparera la déconfiture de l’Europe qui agit en allié anti-américain des mollahs et des Russes sans mesurer l’ampleur du danger pour lui-même. La solution proposée par Joshka Fisher, c’est-à-dire la pleine normalisation des relations commerciales et politiques avec des garanties de sécurité, renforcera le régime des mollahs.

La république islamique d’Iran pourra continuer la mise en place de son piège pétrolier intercontinental (Iran-Russie-Venezuela) avec l’aide de ses alliés que nous avons nommés et en même temps comme nous l’avons écrit plus tôt, l’AIEA sera dans l’incapacité de surveiller les installations dont elle n’a aucune connaissance. Toute solution d’entente avec ce régime lui donnera les moyens d’étendre ses réseaux et préparer un nouveau choc pétrolier conçu comme une arme de guerre.

La proposition de Joshka Fisher est la plus dangereuse des solutions. Derrière l’Iran, la Russie attend son heure de retour...


[3négocier pour gagner du temps : :«Comment nous avons dupé l’occident».

[9Balkanisation du Moyen-Orient :A propos des manifestations de Tabriz.