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Le pétrole iranien, enjeu majeur de la crise
10.08.2005

Aujourd’hui, deux pipelines en provenance des champs kazakhs et de la mer Caspienne se font concurrence, mais tous deux évitent soigneusement de transiter par l’Iran... Bien consciente du pouvoir pétrolier iranien, la troïka a même proposé de reconnaître en l’Iran « une source majeure d’énergie à long terme pour l’Union européenne ». [Le Figaro - Pierre Avril]



Conjuguée avec les risques d’attentats en Arabie saoudite, la menace de sanctions contre l’Iran a fait grimper les cours du pétrole, ces derniers franchissant pour la première fois, à Londres, le seuil de 63 dollars le baril.

C’est bien la preuve que derrière la crise nucléaire se profile la bataille pour les ressources en or noir et en gaz de l’Iran. Aucune des grandes puissances impliquées dans le dossier iranien et membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne peut se désintéresser du coût de la facture pétrolière lié au conflit nucléaire.

Respectivement deuxième et troisième producteur mondial de gaz et de pétrole, « L’Iran se croit à l’abri des seules sanctions véritablement susceptibles de lui porter tort, celles qui sont liées à son secteur énergétique et qui pourraient conduire à une flambée vertigineuse des cours du brut, avec un prix supérieur à 100 dollars », explique une source diplomatique européenne. Un risque qu’aucun grand pays, juge Téhéran, ne serait capable de prendre.

C’est le cas en particulier de la Chine, confrontée à une économie en surchauffe et qui redoute plus que tout une envolée de sa facture pétrolière. Parallèlement, Pékin commence à faire de Téhéran un allié énergétique majeur. En novembre 2004, le géant chinois du pétrole Sinopec a conclu un contrat de 70 milliards de dollars pour exploiter le champ iranien de Yadavaran, situé à l’ouest du pays. Ainsi, au cas où Téhéran serait un jour traîné devant le Conseil de sécurité, Pékin devra arbitrer entre les impératifs de sécurité qui doivent prévaloir dans la région et ses intérêts économiques. Autre membre du Conseil, la Russie a également intérêt à une stabilité à long terme des marchés pétroliers. Mais, à la différence de la Chine, le pays n’est pas importateur. Il détient même les premières réserves mondiales de gaz... devant l’Iran.

Bien consciente du pouvoir pétrolier iranien, la troïka a même proposé de reconnaître en l’Iran « une source majeure d’énergie à long terme pour l’Union européenne ».

Un geste qui, selon les trois capitales, serait susceptible de ramener Téhéran sur les rails de la coopération internationale. « On avait compris, pendant les négociations, que le régime serait intéressé par une déclaration qui reconnaîtrait de manière officielle ce statut », explique un expert européen. La proposition, selon cette même source, faciliterait les investissements pétroliers européens dans le pays, aujourd’hui freinés par les risques de sanction américaine. « Sur les soixante principaux gisements pétroliers d’Iran, 57 ont besoin de réparations majeures, ce qui exige 14 milliards de dollars sur quinze ans », confirme un universitaire iranien dans la revue Géostratégique (juillet 2005).

Dans ses propositions, la troïka est même allée plus loin en proposant au régime des mollahs de « discuter de futurs projets de pipelines gaziers et pétroliers ».

Aujourd’hui, deux pipelines en provenance des champs kazakhs et de la mer Caspienne se font concurrence, mais tous deux évitent soigneusement de transiter par l’Iran. La semaine dernière, Téhéran n’avait pas manqué de remarquer cette offre qui, si elle se concrétisait, permettrait notamment au brut iranien de trouver un débouché sur le golfe Persique. « Les Européens ne sont toutefois pas en mesure de mener seuls ce type de projet » , souligne Nicolas Sarkis, directeur du Centre arabe d’études pétrolières. Washington, qui soutient le tracé de l’oléoduc transitant par l’Azerbaïdjan et la Géorgie et à destination de la Turquie, s’opposerait rapidement à ce genre d’initiative.

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