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L'art d'emballer les iraniennes
21.05.2006

Ils ont censuré un ayatollah et celui-ci n’est pas content ! Mais qui sont les « ils » qui ont osé ce sacrilège ?



Le «secrétariat du bureau de l'ayatollah Amini», Imam du Vendredi par intérim de Qom et personnage majeur du clergé, a publié un communiqué hier soir pour signifier qu’une partie du sermon de celui-ci sur le sujet du voile n’avait pas été retransmis par les journalistes.

En rapportant ce communiqué le journal Aftab en a profité pour publier l’intégralité du sermon du religieux et une fois de plus comme nous l’écrivons depuis le début c’est les femmes qui sont dans le collimateur des mollahs. Dans le discours du religieux on lit notamment :

«Bien sur nous n'avons pas de femmes non voilées, mais les mal-voilées (bad-hedjabi) que nous avons dans nos villes sont un problème inquiétant! Les femmes iraniennes sont dignes, grandes, et chères à nos coeurs, elles aiment le voile mais malheureusement le problème du mal-voilure (bad-hedjabi) et son développement sont sources de troubles. Que ce soit à Qom-même, ou dans d'autres villes ou encore à Téhéran, je ne prétend pas que les mal-voilées soient sans foi ni croyance, beaucoup d'entre elles sont même pieuses mais elles ne savent pas que le voile est le socle de l'islam, une obligation primordiale.

Je propose aux honorables responsables de réfléchir ensemble pour trouver une solution au problème, pour que les docteurs de l'islam (= mollahs – ndlr) ne soient plus dérangés, pour que le peuple et les bassidjis ne soient plus dérangés. Il faut se presser car les choses empirent chaque jour, tout ceci est indigne de l'islam et de sa république. Quand quelqu'un vient de l'étranger, il me pose toujours la même question, pourquoi la situation du voile est si mauvaise dans notre pays ? Et je ne sais que répondre, les femmes de notre pays ont des voiles mais pourquoi les portent-elles si mal ? Nous sommes tous furieusement en colère de cet état de fait, qui je le rappelle, ne cesse d'empirer chaque jour ! Le peuple me demande pourquoi nous (les mollahs – ndlr) ne faisons rien, pourquoi nous ne disons rien, le peuple est venu se plaindre auprès de moi ! Il faut résoudre le problème tout de suite !»

Dans la suite, l’ayatollah s’adresse directement au Gouvernement de Ahmadinejad :

«Je demande au gouvernement et à la présidence de la république islamique de prendre les mesures nécessaires pour apporter la solution. J'implore la présidence de la république islamique de se reporter aux promesses électorales ! Parmi les mesures annoncées figurait la promesse de redonner à l'islam ses lettres de noblesse et de défendre notre religion. J'ai entendu les propos du président alors candidat, les propositions du candidat avaient fait chaud au coeur du peuple qui a voté pour lui ! Dieu est témoin que même moi j'y ai cru mais maintenant après quelques mois, presque une année que le président est au pouvoir qu'est ce qui a été fait de positif pour prendre la défense de notre voile islamique ?

Nous sommes inquiets M. le Président, il faut nous écouter, il faut se mettre au travail, il faut commencer. Personne ne dit que la violence est la solution avec ces femmes, personne ne dit de les mettre en prison et de les garder enfermées, mais il va falloir y songer ! Quand il y a un problème, il faut éliminer la source du problème !»

Et plus loin dans son texte, le mollah Amini veut des femmes entièrement bâchées et avance des propositions concrètes :

«Il va falloir au moins commencer par faire un travail d'éducation, un travail culturel, un travail qu'il faudra réaliser dans sa totalité, vous en avez le pouvoir, le ministère de l'Ershad (ministère de bonne Conduite) est entre vos mains (m… - ndlr), il est à la disposition du gouvernement, les ondes radios et télévisées sont à vous.

Donc si tout est au service du gouvernement et de la présidence, que vous faut-il de plus ? Alors pourquoi ne vous mettez-vous pas au travail ? La première chose doit être une volonté politique, une volonté qui vienne du haut de l'état et de toutes les administrations qui en dépendent et qui doivent donner l'exemple, depuis les universités jusqu'aux banques. Être «mal-voilée» n'est pas mieux que ne pas avoir de voile du tout. J'ai visité des pays, les femmes sont voilées ou ne le sont pas du tout mais il n'y a pas de «mal-voilées» comme chez nous ! S'il y en avait, je vous l'aurais dit. C'est une très mauvaise chose que ce bad-hedjabi (mal-voilement) qui se transmet par Internet, par satellite et autres choses dans le genre. Il faut arrêter cela tout de suite ! Nous attendons que le gouvernement prenne toutes les mesures!»

Censuré ! Contrairement à ce que vous pouvez penser, Amini n’a pas été censuré pour ses propos sur les femmes, propos qui ne pouvaient que faire plaisir aux dirigeants du pays mais parce qu’il avait osé mettre en cause le gouvernement pour sa passivité en matière de lutte contre les femmes (selon lui) et ce faisant mettait en cause Ahmadinejad lui-même qui est le protégé de l’ayatollah Khamenei guide suprême de tous les mollahs sur terre.

Mettre en cause Ahmadinejad est considéré comme mettre en cause les autorités suprêmes de la république islamique. Comme on peut le constater les « ils », qui ont osé censurer l’« ayatollah Amini », ne sont que les journalistes aux ordres du gouvernement.

Ceci est à mettre en parallèle avec nos articles précédent sur les « soucis vestimentaires » des dirigeants de la république islamique, c’est d’ailleurs d’autant plus significatif que dans le même temps la correspondante de l'AFP à Téhéran, Hayedeh FARMANI, a envoyé un article reprenant une partie de nos propos mais en faisant parler des femmes qui absolument pas au courant de ce qui se trame pensaient que la mode officielle allait faire au moins entrer les couleurs folkloriques à la place du noir du voile !!!

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Pour info :

TEHERAN (AFP) - Le Parlement iranien a approuvé un projet de loi pour promouvoir une mode féminine iranienne et islamique, les députés craignant «l'invasion culturelle» de l'étranger dans ce domaine. «Les vêtements des jeunes Iraniens ne reflètent pas leur identité islamique et iranienne. Ils expriment des vues étrangères», s'est inquiétée Laleh Eftekhari auprès de journalistes. Vêtue du traditionnel tchador noir, cette députée s'est plainte que «même si quelqu'un cherche un vêtement différent, rien n'est disponible». Toute personne de sexe féminin et pubère doit observer le code islamique, en dissimulant les formes de son corps et en couvrant sa chevelure, de préférence avec du noir. Même si bon nombre d'Iraniennes observent cette règle, dans les villes en revanche les foulards tendent à glisser en arrière, les bas de pantalon à remonter et les manteaux à se cintrer. Au point que le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'en est alarmé il y a deux ans déjà. «Nous avons de nombreux créateurs de mode talentueux dont l'expérience n'est pas mise à profit ou dont les créations ne sont pas à un prix abordable. Nous voudrions les soutenir et les aider à présenter et vendre leurs produits», a dit Mme Eftekhari. Une fois approuvée par le Conseil des Gardiens, la loi obligera le gouvernement à promouvoir et à aider financièrement une mode inspirée par les motifs traditionnels de la mode iranienne. Elle encouragera aussi la population à ne pas céder aux attraits d'une mode étrangère qui serait «incompatible» avec les canons du code vestimentaire et les traditions de l'Iran. Par exemple, la télévision d'Etat devra faire porter à ses présentateurs des vêtements se conformant à la réglementation. «Nous n'allons rien imposer aux gens. Nous sommes contre une apparence homogène», a dit une autre députée, Fatemeh Alia, membre de la commission de la culture. Mais tout le monde n'est pas convaincu par l'idée, des modérés s'inquiétant d'une nouvelle restriction potentielle aux libertés publiques, dans un pays qui en compte déjà un certain nombre. «Si nous devons adopter une loi sur l'habillement, nous devrions en concevoir pour ce que les gens mangent», a suggéré sur un ton ironique le député réformateur Ismail Gerami-Moghadam (désinforamtion de l’AFP : depuis la révolution, les iraniens ne sont plus libres de manger ce qu’ils veulent – ndlr) .

A Téhéran, des femmes interrogées dans la rue étaient sur la défensive à ce sujet. «Ils sont tout miel au début, mais ils pourraient très bien forcer tout le monde à porter la même chose», a dit Manijeh Afzali, 47 ans, en plein shopping. Sa fille de 20 ans était tout aussi sceptique: «Je ne vois pas ce qu'ils vont proposer comme motifs de vêtements. Ce sera sans doute plouc et comme les habits des villageois». Les députés n'ont pas précisé à ce stade ce qu'ils entendaient par des vêtements «corrects», mais ont évoqué comme source d'inspiration les costumes traditionnels et régionaux de l'Iran. Selon la loi, les ministères de l'Industrie et du Commerce sont censés travailler avec celui de la Culture et guidance islamique pour concevoir des expositions de mode. Pour Parvaneh Hosseinpour, vendeuse dans un magasin de vêtements, l'inspiration des vêtements traditionnels pourrait paradoxalement colorer l'uniforme noir du tchador, omniprésent dans toutes les rues d'Iran. «Les costumes traditionnels ont des couleurs vives magnifiques, mais ils ne sont pas très confortables. Si les créateurs peuvent adapter ces couleurs à des vêtements pratiques, on pourra peut-être se débarrasser de ce noir envahissant», a dit la vendeuse.

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