Accueil > Présentation de l’Iran > Repères historiques > La Perse ou l’Iran ancien



La Perse ou l’Iran ancien
15.06.2005

La terminologie "Iran" est dérivée du mot "Eranshahr" (la Cité des Aryens/L’empire Aryen) qui est apparu dès le IIIe siècle et qu’on retrouve sous diverses formes dans l’AVESTA ou dans la Perse ancienne.



Les ancêtres des Perses, peuplades de tribus Indo-européennes, avaient émigré depuis les plaines sud de la Russie pour s’installer sur le plateau iranien, en l’an 2000 avant JC. Les Indiens et les Iraniens ont les mêmes ancêtres appelés communément les proto-indo-iraniens. Ces peuples de pionniers, dont l’immigration se situe entre le IVème et le IIIème millénaire avant JC, se sont forgés des liens religieux très puissants, liens et traditions qui donnèrent naissance plus tardivement au Zoroastrisme.

Le Zoroastrisme est la plus ancienne des religions des mondes connus et il a influencé, directement ou indirectement, les autres religions de cette région, le Judaïsme, la Chrétienté, l’Islam mais aussi des croyances gnostiques comme le Bouddhisme du Nord et le brahmanisme.

C’est pourquoi, par bien des aspects, son influence reste visible dans la vie quotidienne des Iraniens, qu’ils soient musulmans ou non-musulmans.

Les écritures du Zoroastrisme sont communément connues sous l’appellation d’AVESTA (approx. "Enoncé Réglementaire”). Elles furent réunies à différentes époques avec les Gathas qui en sont la partie la plus ancienne et la seule partie qu’on attribue à Zoroastre lui-même. Les vestiges de cet AVESTA qui nous sont parvenus sont composés de textes liturgiques rédigés dans une forme tardive de la langue AVESTAN, dans un dialecte différent. Des additions et des interprétations diverses y ont été ajoutées sous la dynastie Parthe (env. 200 avant JC) et sous la dynastie Sassanide (env. IIIe siècle). Les dates concernant l’existence de Zoroastre lui-même sont indécises. La forme archaïque du langage avestique, c’est-à-dire celui des Gathas, et sa similitude avec le Rig Veda indien qui date de 1700 ans avant JC laisse penser que Zoroastre aurait vécu aux alentours de 1700 à 1500 avant JC.

Les premières générations d’iraniens, les Mèdes et les Perses, se sont établies à l’ouest de l’Iran aux environs du premier millénaire avant JC.

Dès le VIIe siècle avant JC, les Mèdes étaient bien installés et avaient passé des alliances avec Babylone et avaient renversé l’Empire Assyrien. En 549 avant JC, les Perses, menés par Cyrus, le roi d’Anshan, se sont soulevés contre les Mèdes, les ont vaincus et ont fondé alors l’Empire Achéménide. Anshan se situe sur les hauts plateaux du Sud-ouest iranien (par ailleurs, la région de l’est de l’Empire Elamite). Anshan fut le territoire des Perses et ils lui donnèrent leur nom et l’appelèrent la Perse.

La terminologie "Iran" est dérivée du mot "Eranshahr" (la Cité des Aryens/L’empire Aryen) qui est apparu dès le IIIe siècle et qu’on retrouve sous diverses formes dans l’AVESTA ou dans la Perse ancienne.

Le concept d’Eranshar a permis aux Sassanides de forger une nouvelle identité pour eux-mêmes et leurs sujets, sans aucune ségrégation. Le concept avait d’évidents enjeux politiques, culturels et religieux.

Ce concept ne peut en aucun cas être mis en parallèle avec le concept Nazi qui s’appropria le mot Aryen, l’assimilant à une interprétation raciste. Pour nous Iraniens, le mot Aryen n’a aucune connotation raciste, mais il a une signification sémantique précise relative aux populations orientales de tradition linguistique indo-européenne.

Le mot Aria, qui se référait aux fondements d’Eran, se caractérise par cette identité ethnico-linguistique et confessionnelle, présente sous les Achéménides et même bien avant. Dans certaines écritures, les rois Achéménides évoquent leurs origines Aryennes qu’ils associent à la parole d’AHURA MAZDA : le Dieu des Aryens, Le Dieu Souverain Zoroastrien et le maître de la sagesse. Cependant, il convient de noter qu’ils insistent plus sur leur Identité Perse que sur leurs origines Aryennes, et ils s’affirment Perses pour marquer leurs différences avec les Mèdes et autres voisins persanophones comme les Bactrians (peuple d’une région auj. située en Afghanistan).

L’avènement des Achéménides a été synonyme de la mise en place d’une administration efficace, d’un appareil militaire d’une puissance sans précédent et de la construction de nouvelles cités. Des temples religieux furent bâtis et pour la première fois dans l’histoire, une organisation prit en charge la formation cléricale pour donner naissance à une hiérarchie ecclésiastique afin de remplacer le système clérical existant qui était héréditaire. L’Empire s’étendit des Indes jusqu’en Afrique du Nord, des bordures du Golfe Persique jusqu’en Europe Centrale. Il en résulta une structure étatique d’une échelle sans précédent, caractérisée par un cosmopolitisme aussi bien ethnique que religieux ou culturel, un cosmopolitisme teinté d’une grande tolérance c’est-à-dire du respect mutuel entre ses composants hétérogènes.

En l’an 330 avant JC l’agression d’Alexandre de Macédoine a mis fin au règne de la dynastie des Achéménides. Alexandre brisa la résistance iranienne qui faisait face à son appétit d’extension sur le continent asiatique. Les Iraniens évoquent « Alexandre le Grand » comme « Alexandre le Dément ».

À la mort d’Alexandre, qui survint dans l’actuel Afghanistan, son Empire se divisa et se partagea entre divers protagonistes, d’une part ses héritiers et d’autre part la dynastie des Séleucides qui prit le pouvoir en Iran à cette époque. La doctrine politique d’Alexandre était fondée sur la promotion des unions maritales entre grecs (son armée) et non-grecs (les femmes autochtones) pour renforcer l’unité des peuples. Cette politique des alliances prônait aussi la participation des autochtones dans les affaires administratives ou militaires. Les principes Perses et Mésopotamiens ont été adoptés par les Séleucides dans différents domaines : typologies d’habitation, modes de vie, étiquette de cour et par-dessus tout dans le domaine de l’idéologie de la royauté, mais cette période de métissage est également marquée par l’introduction d’éléments de la civilisation grecque en Iran, éléments englobant l’art, la philosophie et les sciences.

La domination macédonienne en Iran dura jusqu’à la moitié du IIe siècle avant de s’effondrer sous les pressions conjuguées des Romains à l’Est et des Parthes à l’ouest. Les Parthes ou les Arsacides (du nom du fondateur de la dynastie, Arsaces) ont vaincu les Séleucides et devinrent les nouveaux maîtres de l’Iran. Originaires de la Parthie au nord d’Iran, ils régnèrent sur une vaste société cosmopolite et eurent une influence sur d’autres territoires voisins comme l’Arménie, la Syrie et l’Asie Mineure.

Les Achéménides et leurs successeurs, les Séleucides et les Arsacides (les Parthes) ont été de grands bâtisseurs de temples et ils encourageaient volontiers le développement des institutions confessionnelles, cependant ils n’imposèrent jamais de pouvoir théocratique et les réformes qu’ils introduisirent ont été en total respect avec les calendriers en vigueur et avec les écritures.

Cette règle d’or de polythéisme tolérant a été partiellement altérée avec les Sassanides pour être entièrement remise en question et abandonnée par les différentes dynasties musulmanes qui suivirent.

À partir des Sassanides, le pouvoir prit une tournure religieuse. Les sassanides se prétendaient les gardiens héréditaires du Grand Temple d’ANAHITA (Nahid, l’équivalent de Venus) qui se trouvait à la cité d’ISTAKHR dans la région de Parse. Ardéshir le plus important monarque de cette dynastie fit grand usage du prosélytisme afin d’affermir son propre pouvoir sur cet empire conquis durant le IIIe siècle.

Il en résulta la fin du polythéisme tolérant et l’établissement d’une pensée ecclésiastique unique, celle du Zoroastre, au service du pouvoir politique. Une seule interprétation des écritures AVESTAN était admise, celle de Din-kard qui remplaça les versions adaptées aux contextes régionaux ou communautaires. Une caste puissante de prêtres endoctrinés et disciplinés de plus en plus nombreux fût mise en place pour faire respecter la réglementation religieuse (le Din-kard) avec la plus grande efficacité. Peu à peu, les prêtres finirent par dominer les différentes facettes de la vie publique et privée du citoyen ordinaire de la Perse.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

La Suite : 2. La Perse après l’invasion arabe

La Suite : 3. L’Iran après le XIXème siècle


Vous avez sur ce site un moteur de recherche qui vous permet de retrouver des articles antécédents. Au cas où votre demande concernerait un sujet précis, vous pouvez nous écrire. Notre équipe vous aidera dans votre recherche.

Bonne lecture et à très bientôt.