Accueil > Lettres ouvertes > L’enrichissement de l’uranium vu de l’Iran (par les iraniens)



L’enrichissement de l’uranium vu de l’Iran (par les iraniens)
24.04.2006

L’enrichissement d’uranium en Iran est « irréversible », a déclaré dimanche à la presse le porte-parole de la diplomatie Hamid Reza-Assefi, à moins d’une semaine de l’échéance fixée par l’Onu pour suspendre ces activités.



« Nos activités de recherche sont irréversibles », a déclaré Assefi. Le 11 avril, le régime des mollahs avait annoncé qu’il avait procédé avec succès à l’enrichissement de l’uranium. Le procédé d’enrichissement d’uranium permet d’obtenir aussi bien du combustible (gazeux) nucléaire que de la charge fissile pour une bombe atomique.

En début de processus, le gaz contient seulement 0,7% d’uranium 235. Cette proportion passera à 4% en cas d’utilisation dans une centrale électrique et à 90% si sa destination est militaire. Tout pays en mesure de produire du combustible pour usage civil peut sans difficulté en faire autant pour un programme d’armement nucléaire car il est extrêmement plus complexe de passer de 0,7% à 4% d’uranium 235 que de 4% à 90%. La poursuite de la recherche signifie donc que les mollahs cherchent à maîtriser l’enrichissement pour un usage militaire.

« S’agissant de la recherche, nous sommes décidés à ne pas nous priver de nos droits », a dit le porte-parole, en ajoutant que « les recherches vont continuer, la suspension (de l’enrichissement de l’uranium) n’est pas au programme, ni pour une minute ou une heure, c’est irréversible ».

Cette annonce a été mal reçue par les pays occidentaux qui devront désormais sanctionner les mollahs ou accepter un état islamiste disposant d’un nombre croissant de têtes nucléaires. Si l’Europe accepte de sanctionner économiquement les mollahs, elle devrait renoncer à ses colossaux intérêts en Iran. Le problème n’est pas le régime des mollahs, mais les états qui ont la capacité de le restreindre mais n’en font rien et se contentent de faire des déclarations non suivies de sanctions concrètes [1].

Pourtant, il n’y a pas eu le moindre progrès depuis 3 ans, les seuls progrès ont été ceux du programme nucléaire des mollahs. Et pourtant l’Europe responsable de cette catastrophe n’avoue pas son échec et ce faisant elle refuse d’admettre l’échec de ses méthodes et préfère qu’on s’achemine vers un bombardement massif de l’Iran.

L’Europe ne veut pas interrompre ses relations économiques avec l’Iran [2] et préfère le bombardement à des sanctions. Les sanctions peuvent faire tomber les mollahs qui sont les alliés de l’Europe alors que le bombardement massif de l’Iran peut effectivement anéantir les mollahs mais anéantira aussi les infrastructures industrielles de l’Iran. L’Europe espère être de la partie pour reconstruire l’Iran aux frais de l’Iran et sans doute aider ce pays « sinistré après les bombes » à extraire son pétrole. C’est-à-dire que l’anéantissement de l’Iran arrange les affaires économiques de l’Europe.

En ce moment même, les compagnies pétrolières Européennes, Total, Statoil et Shell exploitent directement et sans intermédiaire iranien le pétrole de ce pays et elles arrivent à un coût de production aux alentours de 8 dollars le baril. Ce procédé exigé par les compagnies pétrolières et mis en place par le régime des mollahs ruine littéralement les Iraniens et annule les bienfaits de la nationalisation du pétrole.

Ce procédé exigé par Total [3], Statoil et Shell contribue à l’appauvrissement de l’Iran. Aucune des approches Européennes de l’Iran ne prend en compte le bien-être même très relatif des Iraniens. Et ce ne sont pas les déclarations Européennes sur la grandeur de la Perse qui peuvent y changer quelque chose. Les Iraniens y voient le signe d’un mépris profond des européens pour eux et leur avenir.

Les Iraniens ont la certitude que les pétroliers Européens n’hésiteront pas à demander des indemnités à leur « pays vaincu par les bombes » pour les destructions infligées à leurs infrastructures de forages dans ce pays et l’Iran endetté par les mollahs devra aussi payer pour une guerre qu’il aurait pu éviter. Or, les membres Européens du Conseil de Sécurité ne veulent pas imposer des sanctions pour affaiblir les mollahs et aider le peuple à se soulever.

Ces Européens pourraient créer une coalition des démocraties contre le totalitarisme des mollahs, mais ils n’en feront rien. Ils peuvent avoir recours au Chapitre 7 pour neutraliser la Russie et la Chine, mais ils n’en feront rien. Ils préfèrent attendre une crise internationale majeure pour concrétiser l’option militaire.

L’Europe évoque les négociations ou la guerre mais jamais les sanctions, à titre de comparaison, contre un cancer généralisé, le « médecin Europe » propose l’homéopathie ou l’euthanasie et mais à aucun moment la chimio.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur la France vue de l'Iran:
- Le Patriotisme, le nucléaire et Ahmadinejad dans les media français (13.04.2006)

Pour en savoir + sur le Chapitre 7:
- Décodage : Rice veut utiliser le Chapitre 7 prévoyant l’usage de la force (14.04.2006)

IRAN-RESIST réitère son appel à l’UE (25.12.2005)