Accueil > Revue de presse > Téhéran doit-il avoir la bombe ?



Téhéran doit-il avoir la bombe ?
18.04.2006

Depuis peu sévit un analyste politique qui fait du lobbying à Paris pour Rafsandjani, le patron du régime des mollah. Cet homme se nomme Frédéric Tellier et il pollue les milieux intellectuels avec ses idées. Cependant, nous avons bon espoir que l'organisme qui le salarie se sépare de ses services et pour prouver notre bonne foi, nous publions un texte écrit par un autre analyste du même organisme en espérant que les Français choisiront de marcher à côté du peuple iranien et non à côté de ses égorgeurs.



Téhéran doit-il avoir la bombe ?

Il est de bon ton, dans certains milieux, d’affirmer, comme le fait Jean-Michel Boucheron, ancien président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, que l’armement nucléaire de l’Iran est inévitable, et qu’il garantirait la stabilité et l’absence de conflit dans la région. Bien que cette conception soit largement répandue, surtout en France, elle ne correspond pas à la réalité.

Les armes nucléaires ne sont pas par nature des armes de stabilisation ou de non-guerre. Ce sont des armes, c’est-à-dire comme toutes les autres armes, des instruments, au service d’une politique, définie et mise en oeuvre par des individus, et ce sont des individus qui décident d’en faire des outils de dissuasion ou des moyens d’anéantissement.

Il est vrai qu’après la crise des fusées de Cuba en 1962, les deux superpuissances ont fait de leurs arsenaux des outils de gestion de crise, mais leur exemple montre qu’il faut, pour cela, posséder un réseau d’observation par satellites et par radar, un système de commandement et de communications capable de survivre à une première frappe, et des capacités de seconde frappe. Il faut aussi que les deux adversaires acceptent de ne pas remettre en cause le statu quo entre eux, en tout cas pas sur un sujet considéré par l’un ou l’autre comme étant d’intérêt vital ; il ne faut pas que les deux armées soient directement affrontées, et la distance entre les deux pays doit être suffisante pour laisser le temps de confirmer les informations et de décider d’une riposte. Même si toutes ces conditions sont réunies, une erreur ou un accident peuvent déclencher un conflit dont les conséquences seraient irréparables. Il faut ajouter que, si les intérêts vitaux d’un des deux protagonistes sont en jeu, le chef de l’Etat ne doit pas hésiter à utiliser les armes nucléaires, même si cela doit signifier l’élimination du pays et de sa population. Si un dirigeant est décidé à ne faire usage de ses armes en aucune circonstance, il vaut mieux que le pays n’en possède pas.

Si toutes ces conditions techniques et politiques ne sont pas remplies, il n’y aura pas nécessairement de catastrophe, mais, en cas de tension, la conduite des deux gouvernements sera dominée par la peur : de crainte d’être anéanti par une frappe surprise de l’adversaire sans avoir pu réagir, l’un ou l’autre peut être tenté de déclencher un conflit qui aurait pu être évité.

Chaque pays peut, en outre, décider, à un moment de son histoire, de mener une politique d’emploi : si Hitler avait eu des armes nucléaires, rien ne garantit qu’il ne les aurait pas utilisées, et aucun pays ne peut être certain de n’être jamais dirigé par un fou ou un fanatique. Si, aujourd’hui, Musharaf était renversé par un groupe extrémiste fanatisé, est-il certain que l’arsenal pakistanais serait mis au service d’une politique de non-emploi ? Or des changements de régime comparables pourraient intervenir un jour dans n’importe quel pays.

Jean-Michel Boucheron ne va d’ailleurs pas jusqu’au bout de sa logique : si les armes nucléaires garantissent l’absence de conflit armé entre deux Etats ennemis, il faut que tous les pays en possèdent, et il faut en donner à ceux qui n’ont pas les moyens de les fabriquer eux-mêmes. Jean-Michel Boucheron est-il prêt à proposer la création d’un fonds des Nations unies pour équiper les moins fortunés ?

Depuis 1945, chacun sait que plus le nombre d’Etats disposant d’armes nucléaires est élevé, plus les chances sont grandes qu’elles soient utilisées comme moyen d’anéantissement. Contrairement à ce qu’affirment ceux qui, depuis des décennies, trouvent plus confortable de prédire son échec sans faire quoi que ce soit pour assurer son succès, le traité de non-prolifération a à peu près atteint les objectifs fixés, même si les grandes puissances n’ont pas fait l’effort nécessaire pour persuader l’Inde, Israël et le Pakistan d’y adhérer. Actuellement, tous les autres pays, à commencer par l’Iran, ont pris l’engagement de ne pas essayer de se procurer d’armes, et il est indispensable de faire respecter cette obligation. L’issue des crises nord-coréenne et iranienne sera à cet égard décisive : si les deux pays sont obligés, après bon nombre d’autres, de renoncer à leurs ambitions nucléaires militaires, il est vraisemblable que d’éventuels candidats hésiteront beaucoup à se lancer dans une aventure onéreuse et vouée à l’échec.

Si, au contraire, ils arrivent à leurs fins, bien d’autres pays pourront estimer que, si la communauté internationale n’est pas capable de faire respecter les règles qu’elle a définies, ils doivent assurer leur sécurité par leurs propres moyens.

Un monde dans lequel vingt ou trente Etats disposeraient d’un arsenal nucléaire serait incontrôlable : chacun se croirait autorisé à détruire préventivement les installations de ses voisins. On peut avoir des raisons particulières de défendre le droit pour l’Iran de fabriquer des armes nucléaires, mais personne n’a le droit de le présenter comme une fatalité : si l’Iran atteint ses objectifs, c’est que les autres pays n’auront pas voulu ou pas su l’en empêcher. Les politiciens qui n’auraient rien fait pour éviter d’en arriver là porteraient alors une bien lourde responsabilité.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Georges Le Guelte

Directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Le Figaro - 15 juin 2005

Frédéric Tellier est un homme exceptionnel qui utilise un discours incroyablement subtil pour faire du lobbying pour Rafsandjani. Tellier écrit bien, son style est pur et limpide, qu’à cela ne tienne, afin qu’il ne puisse réfuter notre démonstration, nous allons la fonder sur ses écrits.

Dans Libération, Tellier nous apprend que la menace militaire américaine s’érode chaque jour un peu plus car une guerre sera humainement, militairement et financièrement coûteuse. On a l’impression d’entendre un mollah au cours d’un prêche du vendredi, mais d’autres disent la même chose, alors nous passons cet argument et continuons de lire Tellier dont le dernier livre s’appelle « l’Heure de l’Iran ». L’auteur pense que l’heure de l’Iran approche et il sous-entend l’heure de la république islamique au Moyen-Orient.

Car, en effet, poursuit Tellier, qui veut réellement d'une crise avec l'Iran ? Les Américains autant que les Européens emploient le mot sanction au compte-gouttes. C'est la condition pour que Russes et Chinois se joignent aux débats du Conseil de Sécurité. Téhéran l'a compris et voit déjà plus loin que le Conseil de Sécurité. Il est probable que la stratégie de l'Iran soit fondée sur l'organisation de l'apaisement, une fois franchis les seuils technologiques nécessaires à la maîtrise de la technologie nucléaire.

Tellier nous réconforte, le régime des mollahs n’a aucune mauvaise intention. Tellier ne mentionne pas la possibilité de la bombe et se limite à l’évocation des « seuils technologiques nécessaires à la maîtrise de la technologie nucléaire ».

Décodage : La maîtrise de la technologie nucléaire est la rhétorique des mollahs qui revendiquent le droit de l’Iran à raffiner l’uranium à hauteur de 4% pour lui permettre de l’utiliser à des fins civiles. Reste que l’enrichissement n’est pas une opération linéaire : il est en effet plus complexe de passer de 0,7% à 4% d’uranium 235 que de 4% à 90%. Autrement dit, tout pays en mesure de produire du combustible à usage civil peut sans difficulté en faire autant pour un programme d’armement nucléaire. Première digression de Tellier.

Tellier ne mentionne pas que ce régime est le sponsor n°1 du terrorisme islamique dans le monde. Tellier est amnésique sur les attentats financés par les mollahs. Ainsi, Lockerbie, les paras français, les otages du Liban, les morts d’Alia à Buenos Aires, les tours de Khobar et les attentats de Paris passent à travers la grille de lecture de Tellier. Passé ces détails, les 3 années de ruses pour disqualifier les Européens sont aussi oubliées par cet analyste qui ne retient du régime des mollahs que l’organisation de l’apaisement. Tellier est sûrement en désaccord avec Georges Le Guelte car il pense qu’un Iran islamique et nucléaire continuera à être source de stabilité.

Tellier dit : Le président Ahmadinejad a un rôle à jouer dans cette stratégie et ce, malgré lui. Le régime a programmé, grâce à la fraude électorale, l'arrivée de cette personnalité conflictuelle. N'est-il pas en fait le paratonnerre du régime ?

Cette partie, il l’a piquée à notre site, mais il utilise nos arguments non pas pour mettre en garde contre un retour de Rafsandjani mais pour promouvoir ce retour : nous tenons pour preuve le portrait qu’il dresse de Rafsandjani, selon Tellier, c’est un pragmatique fréquentable. Rappelons que le cheval sur lequel misent Tellier et son ami Montbrial de l’IFRI est sous mandat d’arrêt international pour excès de pragmatisme et participation aux meurtres de tous les opposants iraniens. A ce propos, d’autres crimes seront élucidés si la justice daigne ouvrir les dossiers des prises d’otages, d’Alia, de Lockerbie et d’autres charcutages en règle d’opposants.

Poursuivons la lecture édifiante de Tellier : (Ahmadinejad, n'est-il pas en fait le paratonnerre du régime ?)... Dans quel but, sinon de s'en débarrasser plus tôt que prévu afin de légitimer un successeur plus fréquentable par l'Occident. L'image de l'Iran se rétablirait, invitant les Occidentaux à une approche modérée de manière à ne pas compromettre les espoirs d'évolutions positives. Avènement d'un pragmatique ou d'un réformateur nouvelle mouture...

Tellier est un hypnotiseur au service des mollahs qui veulent vous fourguer « les espoirs d’évolutions positives » cependant qu’ils continueront de financer le Jihad Islamique qui vient d’ensanglanter Tel-Aviv. Cependant qu’ils continueront de financer Zarqawi en Irak, les usines d’enrichissement clandestines en Iran et s’armeront à toute vitesse, à l’image d’un régime hitlérien qui a mis à profit les années d’apaisement.

Tellier va encore plus loin en répandant la rhétorique des mollahs. Dans son intervention sur Proche-Orient.info, il cite Ahmadinejad comme l’héritier de Mossadegh, ce dernier jouissant d’une image de « patriote anti-américain » en France, même si la réalité est autre. Tellier parle de l’héritage de Mossadegh et de la Fusion « Peuple - Régime », martelant avec véhémence que le nucléaire flatte le sentiment national.

Ce discours sur le PATRIOTISME des mollahs islamistes transnationaux qui sont plus palestiniens qu’iraniens a une fonction bien précise :

- Maîtrise d’enrichissement » flatte la fibre patriotique des Iraniens.
- Les Iraniens approuvent ce régime et ne veulent pas en changer.

Ce discours sur le patriotisme religieux (nom officiel du courant de Khatami en Iran) a pour fonction de neutraliser la légende de l’impopularité du régime des mollahs. Le patriotisme nucléaire discrédite le discours des Iraniens et empêche l’opinion européenne d’accorder son soutien à un changement de régime.

D’un côté les alter-mondialistes défendront bec et ongle les mollahs contre Bush, et de l‘autre Tellier & co. s’acharnent à défendre le retour d’un « Réformateur » ou d’un pragmatique pour neutraliser les opposants, les révoltés, les jeunes, les oubliés.

La conclusion de Tellier dans Libé est édifiante : Car si aujourd'hui, confronté aux excès d'Ahmadinejad, l'Occident est enclin à se souvenir du lourd passé accolé à l'Iran islamique, s'en souviendra-t-il devant un interlocuteur plus acceptable ? Les huit années de pouvoir de Mohammad Khatami soulignent que l'Occident, et l'Europe en tête, se sont montrés capables de minorer sinon d'occulter complètement ce passé douloureux. Le coeur du pari iranien consiste à penser qu'il en sera de même à l'avenir et que l'Europe, mais pas seulement elle, sûrs d'avoir assisté à une alternance démocratique à Téhéran, acceptera comme par le passé de minorer ses critiques pour ne pas compromettre le processus en cours. On ne change pas une stratégie gagnante. C'est pour cela que l'Iran mise tout sur la répétition de l'histoire.

Pour Tellier, le régime des mollahs a fait preuve d’une alternance démocratique et il faut l’accepter et ne pas compromettre le processus en cours ! Et le terrorisme ? et le soutien au Hamas et au Hezbollah ? et les cellules de Vevak agissant dans les banlieues ? et l’ingérence en Irak ? et les meurtres ? et les enlèvements ? les viols ? les lapidations ? les amputations ? sans doute les dommages collatéraux du pragmatisme réformateur. Les liens avec Al Qaeda ? Le Hezbollah ? La Syrie ?

Avec Tellier ces questions restent sans réponse et il a recours à des digressions. Tellier ou un autre, le régime des mollahs paye bien d’ailleurs il se paye les plus charmants et les plus convaincants, mais cependant en deux ou trois questions, on peut démasquer ces cyniques lobbyistes. Nous le ferons toujours.

Tellier est un cynique lobbyiste du régime des mollahs, au service des manigances de Rafsandjani, au service du plus puissant des mollahs. Nous pensons que cet apaisement suggéré sera aussi nocif que l’apaisement avec le nazisme. Et plus nocif encore car ce régime a des fondations plus solides et des ramifications qui lui permettent de se renouveler. L’Europe prépare sa propre servitude et une nouvelle guerre qui la détruira. Nous espérons que l’IRIS mettra fin à sa collaboration avec Tellier et avec tous ceux qui tiennent ce genre de discours et qu’il se maintiendra dans des réflexions qui ne sont pas motivées par des intérêts occultes.

À la question, Téhéran doit-il avoir la bombe ? Nous répondons : jamais, et pour avoir cette certitude, il faut remplacer les mollahs par une démocratie laïque et patriote.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

- Nous espérons que l’IRIS entendra notre mise en garde et qu’il ne se laissera pas envoûter par le chant des sirènes du régime des mollahs, ni par Rafsandjani et ni par ses lieutenants parisiens dont un certain Frédéric Tellier.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

IRAN-RESIST.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + :
- Le Patriotisme, le nucléaire et Ahmadinejad dans les media français (13.04.2006)


Vous avez sur ce site un moteur de recherche qui vous permet de retrouver des articles antécédents. Au cas où votre demande concernerait un sujet précis, vous pouvez nous écrire. Notre équipe vous aidera dans votre recherche.

Bonne lecture et à très bientôt.