L’Iran rejette l’offre de l’UE et envenime la situation
06.08.2005
L’Iran a rejeté vendredi comme inacceptables des propositions de coopération européennes, rendant de plus en plus probable une crise autour du nucléaire qui risque de conduire la République islamique devant le Conseil de sécurité de l’Onu.
Les propositions transmises dans la matinée par les chefs de missions diplomatiques allemande, britannique et française sont inacceptables, a déclaré à l’AFP un des négociateurs iraniens, Hossein Moussavian. Ces propositions « violent » les accords conclus entre Iraniens et Européens, a-t-il dit, et « nient le droit inaliénable de l’Iran ».
En termes diplomatiques, l’offre européenne refuse de satisfaire une exigence iranienne primordiale : la reconnaissance de son droit à l’enrichissement et à la conversion d’uranium.
La réponse formelle de l’Iran devrait être rendue publique dimanche.
L’Iran a réaffirmé vendredi qu’aucune contrepartie ne le dissuaderait de redémarrer son usine de conversion d’Ispahan. Cette décision est irrévocable, a déclaré M. Moussavian.
Et l’’UE3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne) a déjà obtenu la convocation d’urgence, mardi, du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La réponse différée des mollahs résume l’attitude qu’ils ont adoptée durant les trois dernières années. C’est habile mais prévisible.
Visiblement, les dirigeants de la République Islamique ne s’attendaient pas un camouflet de la diplomatie européenne qui a finement joué et a réussi à conserver l’initiative -d’une saisine - laissant la responsabilité de l’échec des négociations à l’intransigeance des dirigeants de la République Islamique.
Le délai de deux jours avant d’annoncer la réponse officielle de l’Iran est une ultime tentative machiavélique pour briser la fermeté tardive et hésitante de la Troïka avant la réunion de mardi.
S’annoncent 48 heures de coups bas, de mensonges et de chantages.
48 heures qui seront un avant-goût des semaines à venir.
Rappel
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Convocation d’urgence du Conseil des Gouverneurs d’AIEA
A moins que l’Iran ne reporte une nouvelle fois la reprise de ses activités de conversion de l’uranium et n’accepte l’offre européenne de concessions économiques, le conseil des gouverneurs, l’organe exécutif de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), se réunira mardi matin à Vienne, sur sollicitation de l’Union européenne. Le Conseil, ou « Board », dans le jargon onusien, est composé des représentants, ou ambassadeurs, des trente-cinq Etats membres de l’agence.
Le Board peut rédiger un rapport à l’adresse du Conseil de sécurité des Nations unies, établissant les manquements de l’Iran en matière nucléaire et lui demander de se saisir du problème.
Téhéran, outré, a prévenu qu’en cas de réunion du « Board », il reprendrait également ses activités d’enrichissement de l’uranium à l’usine de Natanz. [Source : Passe d’arme mardi à l’AIEA - Le Figaro - 6 Août 05]
Le site d’Ispahan est utilisé pour transformer le minerai d’uranium en produit à l’état gazeux par ultracentrifugation. L’uranium ainsi converti peut ensuite être enrichi et utilisé, selon le degré d’enrichissement, à des fins civiles ou militaires.
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