Accueil > News > Iran : Le sort peu enviable des femmes



Iran : Le sort peu enviable des femmes
02.04.2006

Depuis Meched (Machhad) et d’après des nouvelles qui nous sont parvenues par le comité de défense du droit des femmes (organisation légalement interdite par Téhéran). Meched est la ville sainte d’Iran à la frontière d’Afghanistan où se trouve le tombeau de l’imam Reza, figure majeure des chiites.



1e Témoignage : Dans notre ville, les femmes mariées aux Afghans sont nombreuses, et la plus grande majorité d’entre elles éprouvent de grandes difficultés dans leur vie quotidienne. Je viens de discuter avec l’une d’entre elles, voisine des amis chez qui j’étais. Il s’agit d’une discussion totalement privée, parce que si son mari avait su que je lui avais fait ouvrir son coeur, c’est sous les coups qu’elle aurait disparu sans que nul ne s’en inquiète. Cette femme se nomme Mariam et comme elle l’avoue elle-même, sous les coups, les tortures physiques et morales, les viols de son conjoint elle est passée en peu de temps de jeune fille souriante à femme cassée et sans âge. Manifestement Mariam a besoin d’être écoutée, Mariam a besoin qu’on la soulage d’un poids trop lourd à porter :

« Mes parents étaient dans la misère, financièrement nous étions au trente sixième dessous, la vie était difficile et nous n’avons jamais eu aucune aide d’un organisme de l’état, alors que mon père qui était un vieil homme s’était retrouvé sans travail et sans ressource à cause de son âge. Pour notre malheur ma mère était malade et à cause de nos problèmes financiers son état ne faisait qu’empirer, les gens savaient que dans ce cas-là la famille était une charge pour mes parents. C’est ainsi que mon mari s’est présenté un jour chez nous pour faire une demande en mariage, enfin disons plutôt qu’il est venu m’acheter, excusez-moi mais c’est carrément ça.

Mariam s’arrête de parler, un sanglot est dissimulé dans sa gorge, elle jette un regard au ciel. Oui je disais donc que mon père m’a vendu à cet homme pour un prix dérisoire, mais je dois dire que je ne lui en voulais pas, à cette époque nous n’avions même pas de quoi satisfaire notre faim. Avec cet argent, il pouvait, enfin emmener ma mère chez un médecin et acheter à mes frères et soeurs de quoi manger et s’habiller un peu mieux, éponger ses dettes. Je ne veux pas vous fatiguer avec mon histoire... donc finalement je ne pouvais que me marier avec cet Afghan. Aujourd’hui j’ai deux enfants, deux enfants complètement déphasés et perdus, témoins des cris et des coups que je reçois quotidiennement, ils me voient de plus en plus cassée comme une vieille. »

Après elle me montre sa main cassée, en m’expliquant que c’est aussi son mari qui lui a fait cela. Elle continue :

« Je suis déjà retournée plusieurs fois chez mes parents pour les supplier de me garder pour me soustraire à cet homme mais à chaque fois ils refusent. J’ai un jour parlé de demander le divorce, et mon mari a répondu que chez eux, les Afghans, les femmes ne demandent pas le divorce d’un homme mais que les hommes demandent le divorce d’une femme parce qu’elle a trahi et que l’honneur de l’homme afghan doit être lavé et donc qu’il doit reprendre la vie de la femme d’une manière ou d’une autre. Il m’a encore dit que s’il me tuait, il retournerait en Afghanistan avec les enfants. »

« Parfois je me dis que je devrais accepter de mourir en demandant quand même le divorce. Parce que je n’en peux plus d’être battue sous les yeux terrorisés de mes enfants, en plus nous n’avons pas de moyens financiers, mes parents ne m’acceptent pas, je ne vois plus que le suicide comme porte de sortie. Pour l’instant ce qui me retient, c’est mes deux enfants, parce que j’ai peur qu’ils n’aient le même sort que le mien. »

Elle stoppe son discours, je ne dis rien, je ne sais quoi dire quoi faire.

2nd Témoignage : Aux alentours du mausolée de l’imam Reza et à l’intérieur il y a de nombreuses femmes qui sont là pour faire un « sigheh » (mariage temporaire béni par un mollah) et pour elle peu importe que le sigheh soit d’une heure, d’un mois ou..., peu importe que le contractant du sigheh soit un Iranien ou un Arabe, d’ailleurs pour des raisons financières elles préfèrent encore un Arabe !

À Meched et tout prés de Meched dans un lieux qui se nomme Elahi, les femmes qui sont dans de grandes difficultés financières louent des maisons ensembles. Pour arriver à payer les loyers, non seulement elles n’hésitent pas à se prostituer mais prostituent aussi leurs enfants. Il y en a tellement que la rumeur prétend que 80% des loyers perçus sont issus de l’argent de la prostitution.

Bien sûr il ne s’agit que d’un petit aperçu et selon ma mère depuis que les mollahs sont au pouvoir chaque jour l’endroit grandit avec de plus en plus de victimes financières. Mais c’est aussi explicable, car les femmes n’ont ni droits ni aides dans ce pays, elles n’ont que ce recours pour survivre. Il y a d’autres endroits comme Golshahr, MahleTalab, Nodeh, et d’autres encore où les hommes font ces actes avec les femmes parce que des mollahs ont dit que c’était halal plutôt que d’essayer de nous trouver un emploi digne et suffisamment payé pour vivre et se loger. Ces coins sont les plus pauvres des coins de la région, et tout le monde rêve de le quitter ou de se suicider, tant que vous n’aurez pas vu par vous-même les scènes que l’on voit là-bas vous ne me croirez pas et vous ne comprendrez pas ce que je veux dire. Nous sommes là-bas comme des animaux, avec une valeur marchande comme des animaux au bazar.

En plus il y a beaucoup d’enfants laissés à eux-mêmes du fait des divorces de leurs parents, ils sont aussi la proie de personnes qui en veulent à leurs corps et qui les droguent. Eux aussi sont chaque jour plus nombreux .... Je suis désolée de vous raconter tout cela alors que nous sommes à l’approche de Nowrouz (nouvel an perse) mais il faut que quelqu’un essaye de faire quelque chose pour mettre fin à ces pratiques inhumaines, vous vous rendez compte, nous sommes dans une ville sainte et en fait nous vivons l’enfer, et cet enfer nous le devons aux mollahs, des religieux en principe !

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Fléaux : Prostitution, tourisme sexuel & Sigheh |