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L'Iran cherche son CPE : Contrat Pour l'Enrichissement !
31.03.2006

Au 1er jour de l’ultimatum de 30 jours, l’Iran a rejeté la demande du Conseil de Sécurité de suspendre, d'ici 30 jours, son enrichissement d’uranium.



« La décision de l’Iran sur l’enrichissement, en particulier dans les domaines de la recherche et du développement, est irréversible », a déclaré à Vienne l’ambassadeur iranien auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Ali-Asghar Soltanieh.

« Il n’est pas possible de décider d’une suspension », a poursuivi l’ambassadeur, dans une fin de non-recevoir à la déclaration du Conseil. Mais, du côté occidental, le discours reste flou et hésitant et on peut d’ores et déjà prévoir que les Européens se livreront à leur sport favori pendant ces 30 jours, multipliant les demandes secrètes de reprises des négociations en essayant d’obtenir des Américains une révision de leurs exigences.

Concernant les moyens de faire flancher les mollahs, Douste-Blazy parle d’ores et déjà de « mesures négatives » mais aussi de « mesures positives » en concertation avec la Russie, avec la Chine, avec tous les autres partenaires (c’est-à-dire les autres clients du pétrole iranien) ! Nous connaissons hélas, ces « mesures positives » : Garanties de Sécurité, harcèlement des opposants iraniens (et leur expulsion), offres énergétiques (faire du régime des mollahs le principal fournisseur de l’Europe, ce qu’il est déjà) …

Quant aux « mesures négatives », Douste-Blazy n’en a aucune idée, et il songe peut-être à « hausser le ton » ou peut-être « menacer de saisir le Conseil de Sécurité » !

Or, le Conseil a été saisi, mais ce sont les Français qui refusent d’appuyer la position américaine et restent blottis dans le « bloc européen ». Ils n’essaient pas de créer un pôle franco-américain en faveur de sanctions réellement contraignantes contre le régime des mollahs, le reste est verbiage.

Ce verbiage n’a que le choix des mots. Pour Frank-Walter Steinmeier, le nouveau chef de la diplomatie allemande, l’Iran doit choisir entre un « isolement qu’il s’infligerait lui-même » et un « retour à la table des négociations » !

Une manière de ne pas reconnaître l’échec des négociations dû à l’absence de « mesures contraignantes » et du « manque d’autorité » de la Troïka et de l’AIEA, les deux intermédiaires impliqués dans ces négociations. Ce verbiage qui recommande le « retour à la table des négociations » a aussi les faveurs de la Russie, autre négociateur malheureux… Et cette dernière déclaration est la pierre tombale qui orne ces trois ans de verbiages, de manque d’autorité, d’esprit de marchandage qui ont rendu inopérants la moindre « mesure contraignante ».

Il ne s’agit plus de trouver des « mesures négatives », mais de réelles « mesures contraignantes » pour restaurer l’autorité. Cette autorité qui permettra de reprendre les négociations sans s’attendre aux mêmes échecs.

Il y a effectivement une unité de point de vue entre les Européens, les Russes et l’AIEA. Les trois exigent la reprise des négociations et le Britannique Jack Straw se permet d’affirmer que la communauté internationale est « de plus en plus unie » face à l’Iran !

Il s’agit d’une unité dans les formulations qui nient l’échec des négociations. Ce front uni, qui parle d’une seule voix, ne peut recommander la restauration de l’autorité puisqu’il n’admet pas d’en avoir manqué. Par conséquent, il maintient son approche, parle de restaurer la confiance, et évite l’évocation de la moindre mesure économique contraignante (mesure qui serait contraignante surtout pour l’Europe, la Russie et la Chine). Le verbiage retire tout sens au débat. On parle de confiance pour masquer le manque d’autorité vis-à-vis de l’Iran et le manque de confiance entre les alliés.

Les Allies. Les Américains ne peuvent réussir s’ils agissent seuls sans l’aide d’un Européen et plus particulièrement sans l’aide de la France. La France n’a pas les moyens politiques d’un tel choix courageux. Le CPE a affaibli l’Elysée qui ne peut se permettre d’aller à l’encontre de l’opinion très largement anti-américaine.

Condoleezza Rice a peut-être vu un « signe fort » dans la déclaration du Conseil, mais nous pensons qu’il s’agit d’une déclaration pour sauver la mise face à l’adversité du défi. Un sujet qui concerne la sécurité internationale est désormais subordonné à un problème intérieur de la France. Nous revenons ironiquement dans les années 30, le Front populaire, l’Europe, la paix de courte durée….

- La faiblesse du gouvernement français, qui rechigne à créer un pôle franco-américain ambitieux et puissant, laisse libres les Chinois et les Russes de dicter leurs lois sur la scène internationale et les mollahs se réjouissent de cette désunion pénible à voir. Dès lors, Russes et Chinois font mine d’autorité à l’égard des mollahs qui savent qu’il s’agit seulement d’une pure formalité.

Nous ne sommes qu’au premier jour de cet ultimatum. Il en reste 29 autres aussi pénibles, aussi vides de sens que saturés de verbiages.

Selon certaines rumeurs, les mollahs font actuellement de la contestation sociale une priorité et leur terrain d’action est la France. Désormais vous verrez des bandes organisées de casseurs qui interviendront lors des manifestations et s’en prendront aux CRS et brûleront des voitures : pour qui connaît les mentalités et les logiques du Proche et du Moyen-Orient, il n’y a aucun doute : l’Intifada est une signature ; la voiture incendiée, c’est-à-dire presque piégée, est une référence (nous avions développé une étude sur les émeutes des banlieues en novembre 2005 pour un Think tank français, que nous publierons bientôt sur ce site).

Notre thèse privilégiait une action planifiée (dans une stratégie d’intimidation [1]) qui coïncidait avec les prises de positions françaises plus atlantistes dans le dossier du nucléaire iranien. Et à l’époque nous pensions que les émeutes et leurs modes opératoires ne seraient pas des évènements isolés.

Les mollahs font actuellement du CPE leur priorité. Ils ne manquent pas d’encourager les casseurs aussi encagoulés qu’inconnus... Ils espèrent que le CPE, Contrat premier Emploi, pour les uns, pourra déboucher (pour eux) dans un délai de 29 jours sur un Contrat Pour l'Enrichissement.

Une solution : Un homme fort en France qui oserait dénoncer l’implication d’un état étranger dans l’action planifiée des casseurs et déciderait de changer de politique internationale sans se laisser impressionner par ces provocations.

Alors les Allemands suivront, les Britanniques se tairont et les Russes seront moins gloutons. Bizarrement, c’est en rompant avec « le bloc européen » que la France peut relancer l’Europe et en devenir le patron.


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Bonne lecture et à très bientôt.

[1Actions planifiées par les agents iraniens en Irak : (lien - lire nos commentaires ) !