Lavrov troque l’Iran contre l’OMC
08.03.2006
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a paru renoncer mardi à une formule de compromis qui aurait évité de saisir le Conseil de Sécurité, à l’issue d’une rencontre avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice.
« Il n’y a pas de compromis à la proposition russe » qui permettrait à l’Iran d’enrichir de l’uranium à petite échelle, a assuré Lavrov, alors que des sources diplomatiques à Vienne faisaient état de discussions sur un compromis russe acceptant le principe d’une « petite unité d’enrichissement d’uranium pour la recherche » en Iran après une pause.
« Cette initiative n’est pas nouvelle », a assuré Lavrov, qui devait être reçu dans l’après-midi à la Maison-Blanche par le président George W. Bush. « Il n’y a pas de proposition de compromis. Et il ne peut pas y avoir de solution de compromis ».
« Nous discuterons de la situation sur la base du rapport de l’AIEA. Et ce rapport sera présenté au Conseil de Sécurité comme nous en étions convenus en février », a ajouté le chef de la diplomatie russe.
Pour sa part, Mme Rice a réaffirmé la position américaine exigeant un arrêt de toutes les activités d’enrichissement sur le territoire iranien, que Washington soupçonne d’être destinées à l’élaboration d’une bombe nucléaire.
La Russie utilise son rôle d’arbitre dans le dossier Iranien comme une monnaie d’échange dans ses relations avec les Etats-Unis. C’est ainsi que les Russes avaient fini par régler en octobre 2005, le problème posé par Iran Non-proliferation Act [1].
C’est pourquoi les Russes insistent pour dire qu’il est indispensable de garder le contact avec les Iraniens, « pour pouvoir continuer à surveiller leurs agissements dans le cadre de l’AIEA ». En réalité ils plaident pour la reconduction de leur mandat d’intermédiaire, lié à leurs relations commerciales privilégiées avec les mollahs dans les domaines du nucléaire et d’armement. Les Russes étendent leurs réseaux dans le monde arabo-musulman et font un retour en force au Moyen-Orient.
Lavrov et Mme. Rice ont également négocié sur l’accession de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les Etats-Unis sont le seul pays qui n’a pas encore signé le protocole pour l’accession de la Russie à l’OMC.
Avec l’Iran, les Russes ont un atout qu’ils entendent utiliser pour atteindre d’autres objectifs. La difficulté est qu’ils doivent préserver leur rôle d’intermédiaire en Iran, s’ils veulent se servir du dossier nucléaire iranien comme une monnaie d’échange. Tout dépendra de l’appétit des Russes et du nombre des petits conflits d’intérêts qui les opposent aux Américains.
Malheureusement, ce jeu de chassé-croisé profite aux mollahs dont un des soucis est de gagner du temps.
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