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Analyse : Qui arrêtera l'Iran ?
05.03.2006

Le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA reprendra le dossier nucléaire de l’Iran lundi 6 mars. Il ouvrira la voie à une action du Conseil de Sécurité de l’Onu après l’échec l’ultime conversation entre Européens et Iraniens. Selon les rumeurs, le conseil des Gouverneurs ne votera pas de nouvelle résolution faute de consensus, mais Washington considère qu’aucune nouvelle résolution de l’AIEA n’est nécessaire pour transférer le dossier iranien au Conseil de Sécurité.



Les Etats-Unis veulent obtenir du Conseil de Sécurité qu’il fixe un délai de 30 jours à l’Iran pour arrêter son programme nucléaire, affirme le Washington Post samedi.

L’administration américaine se prépare à transmettre le dossier iranien au Conseil de Sécurité, mais elle s’attend « à des négociations difficiles » entre les 15 membres du Conseil et déclare que tout « beaucoup dépend de la Russie ». Les diplomates américains ont donc préparé un projet qui soit susceptible d’être adopté par le Conseil sans entraîner une grosse résistance de la part des partenaires commerciaux de l’Iran : La Russie, la Chine mais aussi la France et la Grande-Bretagne.

Selon le Washington Post, les Etats-Unis donneraient donc 30 jours à l’Iran pour suspendre ses activités nucléaires et coopérer avec les inspecteurs ou être confronté à des sanctions diplomatiques plus dures » comme une interdiction de déplacement à l’étranger pour les dirigeants iraniens, des sanctions économiques ou un embargo pétrolier.

L’idée est de commencer doucement avec une déclaration de Bush, la détermination d’un calendrier et donner une échéance aux Iraniens pour répondre. Passé ce délai et en l’absence d’une coopération de la part des mollahs, la pression sera augmentée avec une résolution.

- Nous doutons de l’efficacité de cette approche car elle conforte les mollahs dans leur attitude, ils chercheront à profiter de ce délai d’un mois en tentant de diviser la communauté internationale.

Ils savent qu’ils pourront de toute façon signer in extremis avec les Russes ou avec les Européens pour mettre fin à la crise ou la menace des sanctions et renouer avec la crise quand bon leur semblera. Par exemple, lors de la réunion de la « Dernière Chance » (sic) qui se tenait à Vienne le 3 mars, l’Iran a proposé à l’UE « une suspension sélective » qui impliquait un moratoire de deux ans sur l’enrichissement industriel, mais la poursuite des activités de recherche à Natanz. C’est-à-dire une simple « reformulation » des positions effectives des mollahs.

Gisement de Gaz Liquide de Pars Sud

Plus on accorde de délais aux mollahs et plus on abonde dans leur sens. On s’approche alors vertigineusement d’une crise ingérable. Le salut des mollahs est de nous y conduire et inciter à renouer « le dialogue » pour « sauver la paix ». Nous savons tous que « dialogue » est synonyme de bonnes affaires. Hier après l’échec de la réunion de la « Dernière Chance », le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy « a insisté », sur un retour à une suspension complète afin de « reconstruire la confiance » en précisant que la France serait «prête à engager une coopération ambitieuse, y compris dans le domaine du nucléaire civil».

Ce même homme avait déclaré qu’il avait la preuve que les mollahs voulaient une bombe atomique. Plus de délais nous conduiront vers une plus grande crise dont la solution sera de toute façon de « composer avec les mollahs » pour éviter l’affrontement.

Le délai accordé permet au régime des mollahs d’initier d’autres tentatives de division notamment en utilisant le renouvellement des contrats commerciaux et en particulier les contrats pétroliers. C’est exactement ce qui se passe en ce moment : la compagnie nationale iranienne pétrolière (NIOC) a lancé des appels d’offre pour le développement de quatre champs gaziers de son gisement géant off-shore de South Pars (les phases 19 à 22).

L’Iran a divisé son gisement de South Pars (Pars sud), dont il partage une partie avec l’émirat de Qatar, en 25 phases. La NIOC a bien précisé que les contrats seront conclus selon la formule du « Buy-Back » (« contre-achat », voir explications ci-dessous). Cette annonce faite 3 jours avant la réunion de l’AIEA annonce le ton pour cette période de délai que le Conseil de Sécurité accordera éventuellement à l’Iran.

Le pétrolier russe, Gazprom a d’ores et déjà annoncé officiellement son intention de poursuivre sa coopération avec l’Iran sur le gisement de gaz de Pars Sud… En consortium avec le groupe français Total et le malaisien Petronas, Gazprom exploitent les phases 2 et 3 du gisement qui sont les seules tranches déjà opérationnelles de ce gisement. Il est fort probable que la France et la Malaisie, où s’est rendu hier Ahmadinejad, ne renonceront pas à la manne du Buy-Back et réitèreront (plus discrètement que Gazprom) leur coopération avec l’état qui finance tous les terroristes islamiques au Moyen-Orient et en Afrique.

Par ailleurs, l’administration américaine semble dénuée d’une politique définie au sujet de l’Iran ; tantôt elle cherche à aider les dissidents (qui n’en sont pas), tantôt elle lance des œillades aux patriotes laïques et, en sous-main, elle s’active pour utiliser les moudjahiddines du peuple, mouvement antipathique que les Iraniens ne cautionnent en aucune manière. Cette versatilité nuit à l’image positive que le peuple iranien s’était faite du projet du grand Moyen-Orient démocratique car les Iraniens pensaient qu’indirectement Bush voulait en priorité mettre fin à l’ère des mollahs en Iran et au Liban. Aujourd’hui tout le monde se demande qui pourra arrêter les mollahs ?

WWW.IRAN-RESIST.ORG


Après la Russie, l'Iran possède les gisements de gaz les plus importants du monde qui sont estimés à 24000 milliards de m3, soit 16% des réserves mondiales. Près de la moitié des réserves iraniennes sont concentrées dans des gisements offshore du Golfe Persique.

Le Buy-Back est l’offre qui permet à la République Islamique de vendre un droit d’exploitation d’une durée indéterminée et d’un montant fixe pour les puits de pétrole. La capacité du puit est évaluée avant la vente et l’acheteur n’est pas tenu de réévaluer l’estimation au cours des forages.

Ainsi, le prix correspond à une estimation invérifiable. Ce type de procédé permet de casser le prix du baril et de s’attirer la sympathie des pétroliers tels que Total, Statoil ou Shell.

Le recours systématique des Mollahs au Buy-Back est la preuve de la politique délibérée de sous-évaluation des capacités de production du brut. Le régime des mollahs achète ainsi la bienveillance des états européens qui tous exigent le Buy-Back en Iran. Tous les états qui achètent du pétrole en Iran par le Buy-Back ne sont pas sans savoir que ce type de contrat est à l’encontre des intérêts du peuple Iranien. La vente des hydrocarbures constitue plus de 80% des recettes d’exportation de l’Iran. Dans ces conditions, le Buy-Back semble être une solution suicidaire pour les intérêts économiques de l’Iran.

Les « partenaires » commerciaux des Mollahs (dont la France) ne croient guère au commerce équitable et ne semblent pas également très émus par la misère du peuple iranien.

- Pour en savoir + lire : L’argent en Iran ou le niveau du Seuil de Survie

Total s'est implantée en Iran en septembre 97, avec l'accession au pouvoir de Khatami. Ce n'est pas étonnant que la France ne tarisse pas d'éloge à l'égard de ce scélérat. Pendant 8 ans, Khatami a bradé toutes les richesses pétrolières iraniennes avec des contrats de type « buy-back ».


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