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L’incendie d’une Eglise en Iran dans un contexte très complexe
01.03.2006

Hier à Tabriz, des manifestants islamistes « non identifiés » (des bassidjis) se sont réunis devant l’évêché arménien de cette ville en lançant des slogans contre les Arméniens (iraniens chrétiens) avant de s’attaquer à l’église de la ville.



Selon les nouvelles que nous avons reçues, ces manifestants commémoraient une tuerie au Nagorny Karrabagh aux cris de « Morts à l’Arménie » et « La mort ou l’Azerbaïdjan ». Des forces de l’ordre seraient intervenues pour disperser les manifestants qui ont mis le feu à l’église.

Cette manifestation serait de nature à compromettre les relations entre l’Iran et l’Arménie et certains y voient une ingérence de Bakou dans cette affaire alors que l’Iran entretenait de bonnes relations avec Erevan. Bakou tenterait ainsi de développer un sentiment pan-turquiste dans cette région de l’Iran face au pouvoir central de Téhéran.

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La langue Azéri (Âzari)... est une langue iranienne !

Or, dans cette région de l’Iran appelée Azerbaïdjan, les habitants parlent lAzéri (Âzari) qui est une langue iranienne turquisée (voir les notes) qui n’a rien avoir avec les langues altaïques ou turciques. Il y a souvent une confusion phonétique entre la langue Azéri, les Azéris et l'Etat d'Azerbaïdjan (inventé par l'ex-URSS). Et en se basant sur ces confusions tantôt phonétiques tantôt politiques, l’Etat d’Azerbaïdjan épaulé par Ankara revendique des territoires dont les habitants sont profondément attachés à l’Iran. Dans cette affaire l’Etat d’Azerbaïdjan est téléguidé par la Turquie qui a des visées territoriales dans cette région.

La Turquie a d’ailleurs créé un amalgame similaire entre les langues turques et la Turquie dans le but d’imposer son hégémonie sur la région Caspienne. La résistance et l’imperméabilité des Iraniens azéris à ces concepts nouveaux est un véritable obstacle à l’expansionnisme de la Turquie qui n’hésite pas à embrigader des groupes « indépendantistes panturques » composés de linguistes, d’écrivains ou d’historiens autoproclamés qui inondent l’espace culturel de textes ou de recherches qui tentent de prouver ces impossibles amalgames. Ces « pousseurs » sont très mal vus dans cette région et n’arrivent pas à susciter une adhésion populaire massive, c’est pourquoi il semble peu probable que leur commanditaire décide d’avoir recours au terrorisme et puisse se rendre ainsi encore plus impopulaires les pan-turquistes.

Cette action terroriste à l’encontre de la communauté arménienne de Tabriz est la preuve qu’on veut provoquer des confrontations entre des communautés qui vivent en Iran à l’écart des querelles qui opposent l’Etat d’Azerbaïdjan à l’Arménie (Tabriz possède 6 églises). Il est à noter qu’il y a quelques jours les chefs d’état azerbaïdjanais et arméniens s’étaient rencontrés à Rambouillet (France) pour évoquer le cas de la province de Nagorny Karrabagh.

La situation est bien plus complexe. On est plus probablement dans une situation à l’Irakienne et le régime des mollahs est très certainement derrière cet incident comme il a été derrière l’attentat contre le mausolée chiite de Samara. On rappellera aussi qu’il y a encore quelques jours, le mollah Kashani, lors de la Prière du Vendredi de Téhéran, appelait à brûler les églises des chrétiens présentés comme sales et pervers. On est pratiquement certain que le coup est l’oeuvre des miliciens du régime des mollahs et l’objectif des autorités religieuses est de provoquer des troubles à l’approche du Nouvel An Perse qui est célébré par toutes les communautés y compris les Arméniens. Le régime des mollahs veut se donner les moyens d’ordonner des mesures punitives qui seront la preuve de son autorité dans le pays.

Les sanctions de l’ONU se rapprochent et le régime fait de l’action préventive. Etant un régime terroriste, son action préventive est aussi de nature terroriste : les autorités ont besoin d’affermir leur autorité et décourager d’éventuelles révoltes anti-mollahs. Depuis hier, des bombes explosent à nouveau dans le sud du pays dans une région frontalière de l’Irak ; au même moment, cette église est attaquée dans le nord mais dans une région frontalière de la Turquie : des incidents qui raviveront des querelles anciennes et qui donneront aux mollahs l’opportunité de mener une répression justifiée et mettre en place une présence policière massive afin de décourager d’éventuelles envies de transformer la fête de Tchahar-Chanbeh-Souri en nuit de révolte généralisé dans l’ensemble de l’Iran.

Les caractéristiques de la langue Azéri (Âzari)...

Quelques réalités historiques pour démontrer la faiblesse intellectuelle des « amalgames partisans » utilisés par la Turquie pour asseoir son hégémonie dans les riches régions pétrolifères du pourtour de la Mer Caspienne.

Les Turcs sont originaires de l’Altaï dont ils sont descendus au 1er millénaire avant JC, d’une culture de chasseurs cueilleurs (Altaï), ils sont passés à une culture de pasteurs (steppes). Les populations préexistantes sédentaires ont été nomadisées. C’est le phénomène de bédouinisation : extension du nomadisme pastoral aux dépens des autres modes.

Les invasions turco-mongoles ont toujours été mal perçues. Les indigènes ont réagis passivement en créant des murailles : la Grande Muraille de Chine, le mur d’Alexandre dans le Daghestan, près du Turkménistan (rien à voir avec Alexandre, cela signifie juste qu’il est ancien). Construit à l’époque Sassanide (dynastie iranienne pré-Islamique), il est constitué de 3 murs de briques parallèles. Les invasions turkmènes opnt constitué une menace jusqu’au début du XXe siècle.

Les Turcs se sont implanté largement depuis leur terre natale de Mongolie jusqu’aux Balkans (à l’Ouest) et la Yakoutie (à l’est). Des Etats éponymes ont été créés ultérieurement par l’U.R.S.S. (jusque-là, beaucoup de turco-mongols étaient restés nomades et certaines peuplades n’ont jamais eu de terre aproprié , c’est le cas des Nogaïs ou des Koumyks).

Les Azéris sont un cas particulier. Ni Turque, ni nomade, il s’agit en fait d’une ancienne peuplade iranienne turquisée. La langue azéri garde des traces de cette origine. Elle n’est pas agglutinante (ajoutant des suffixes) et n’a pas d’harmonie vocalique (suffixe changeant selon la voyelle dans la racine). La syntaxe de la langue Âzéri est persane et les mots sont turcs. Dans certaines parties reculées d’Azerbaïdjan, les populations parlaient encore le Persan Pahlavi (des Sassanides), il y a naguère quelques décennies.

Les Azéris occupent une terre jadis occupés par les Mèdes et le nom Azerbaïdjan provient du satrape et dynaste des Mèdes, Âzar-Âbadegân (Atropotès en grec).

Dans une certaine mesure, on peut comparer l'Âzéri au Fârsi qui utilise des mots arabes avec la syntaxe persane. Affirmer que l'Azéri est une langue turque revient à dire que le Fârsi est une langue Arabe.


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