L’Europe veut garder ouverte la « fenêtre d’opportunité » [L’Iran n’est pas l’Irak]
06.02.2006
LE 6 MARS, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, remettra au Conseil de Sécurité de l'ONU un rapport sur l'état du programme nucléaire iranien et la coopération de Téhéran dans ce domaine.
Si le bilan est négatif, l'exécutif onusien pourra alors envisager «d'exercer de nouvelles pressions» sur l'Iran, comme l'a observé Peter Jenkins, représentant britannique à l'AIEA.
À moins d'un complet retournement de situation, lorsque El Baradei transmettra ses conclusions à New York dans un mois, il ne pourra toujours pas certifier la nature exclusivement civile du programme nucléaire iranien. La «fenêtre d'opportunité» évoquée par le diplomate égyptien se refermera alors pour Téhéran.
[Le Figaro – Maurin Picard - 06 février 2006]
Maurin Picard (du Figaro) a mis le doigt sur un des points importants du dossier nucléaire iranien. Il s’agit de la terminologie utilisée par l’AIEA ou la Troïka pour la formulation des soupçons qui pèsent sur le programme nucléaire iranien. La résolution est écrite par la Troïka qui des intérêts économiques en Iran et souhaite continuer ses échanges commerciaux avec l’Iran. La résolution est votée par des pays qui sont dans le même cas.
De ce fait, l’objectif de la résolution n’est pas d’empêcher les mollahs de maîtriser le nucléaire militaire, mais de les inciter à « reprendre les négociations » : c’est ce qu’on appelle très poétiquement la « fenêtre d’opportunité ».
C’est là la faiblesse de cette terminologie, elle donne des gages aux mollahs et minimise les soupçons qui pèsent sur leur programme nucléaire. « Lorsque El Baradei transmettra ses conclusions à New York dans un mois, il ne pourra toujours pas certifier la nature exclusivement civile du programme nucléaire iranien. »
Telle est la justification de cette terminologie absconse : elle transforme l’absence de coopération des mollahs et l’absence de résultats de l’AIEA en l’absence de preuves ; absence de preuves qui empêche toute future mesure restrictive contraignante contre les mollahs.
La Troïka ne désire pas de sanctions et grand dieu jamais un changement de régime et son argument sera : « pas de nouvel Irak » ! Et pour ne pas revivre un « nouvel Irak », il faut insister sur l’absence de preuves tangibles qui justifierait les sanctions.
L’Europe veut garder ouverte la « fenêtre d’opportunité » et les mollahs n’auront qu’à exploiter cette ouverture afin de diviser la communauté internationale en se basant sur la tactique des Négociations Sans Fin ...
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