Selon Delphine Minoui, la correspondante du Figaro en Iran, un des sujets qui préoccupent les Iraniens est le pèlerinage à Jamkaran, d’où l’Imam Caché doit sortir d’un puits et sauver le monde après avoir tué tous les mécréants. À ce moment-là, le saint homme aura du sang jusqu’aux genoux : sympathique. Cependant précisons qu’il aura du sang jusqu’aux genoux, mais juché sur son destrier blanc : une version gore du prince charmant.

Le puits de Jamkaran qui est une création des concepteurs des festivités au pays des mollahs, recèle de véritables trésors journalistiques pour qui veut dénoncer le délabrement social et économique de ce pays. Pourtant Delphine Minoui au lieu de traiter ce sujet en or se contente juste de rapporter la version officielle. Au passage, elle fait de la publicité pour des événements factices avec lesquels le régime des mollahs veut occuper les populations. Une version enturbannée du pain et des jeux.

Au coeur de l’affaire de Jamkaran, il y a une histoire de spéculation foncière. L’imam caché a fait décupler le prix du terrain dans cette région désolée. Un point c’est tout. Le reste est sans intérêt journalistique et c’est du recyclage des informations du régime ; passons les en revue :

Selon Delphine Minoui, Jamkaran reçoit 15 millions de visiteurs par an et chaque mardi des dizaines de milliers arrivent par bus : comment est ce possible ? Il faudrait une gare routière gigantesque ! Des batteries de lieux d’aisance ! Et puisque l’affaire est éventée depuis moins d’un an (depuis 4 mois) comment parler de 15 millions par « an » ? à quels endroits sont hébergés ces visiteurs ? Quelles sont les infrastructures d’accueil ? Admettons qu’il en vienne 10 000 tous les mardis, cela en ferait 520 000 visites par an s’il en arrivait autant tous les jours le nombre s’élèverait à 3 500 000 dont des multirécidivistes de la visite ! D’où la petite Minoui nous sort-elle ses 15 millions ? Où sont-ils ?

Selon Delphine Minoui, les réformateurs, « grands perdants de la dernière élection présidentielle », y voient une pure manipulation des masses, une manière de détourner le petit peuple du vrai islam qui est réformateur et modéré comme tout le monde le sait (grâce à de grands reporters comme Delphine Minoui). Or, la manipulation repose sur l’interprétation faite par les « intellectuels religieux » qui attribuent l’affaire du puits magique à Ahmadinejad et prétendent qu’il en allait différemment avec les réformateurs.

Rétrospectivement, les Iraniens croient que Khatami a été présélectionné (comme candidat) et poussé à la présidence afin de canaliser les attentes de la jeunesse voire de créer un faux front d’opposants pour escamoter le vrai mécontentement. Nous pensons que sur ce point, c’est un péché d’orgueil. Le message de Khatami et des réformes s’adressait avant tout à la Communauté des Etats Européens et non aux individus iraniens. En 1997, Rafsandjani, alors président de la république des mollahs, avait été condamné par un tribunal de Berlin et placé sous mandat d’arrêt international.

Le mandat d’arrêt international de l’interpol a terni l’image de la république islamique et il est devenu un obstacle au commerce avec l’Iran. L’étiquette politique de Khatami a donné un éclat politiquement correct à la république islamique qui a pu sortir de son isolement diplomatique et économique.

Quoiqu’il en soit les iraniens ont compris que les réformes étaient une ruse et ils n’en veulent plus. Or, c’est tout ce que les mollahs ont en magasin.

Le côté « fondamentaliste » de Ahmadinejad est censé nous faire oublier les méfaits de Khatami, il faut rendre enviable le concept raté, rejeté et superficiel de la réformabilité du régime des mollahs.

Cette opération de faire rappelle une devinette posée par Churchill à Staline : « Si vous vouliez qu’un chien se lèche l’anus, que feriez-vous ? »

Staline dit : « On fait comme on fait pour tout, l’on lui tapera tellement dessus qu’à la fin, il léchera n’importe quoi y compris son anus ». Churchill lui répondit que ça prendrait du temps et qu’il risquait d’abîmer l’animal, et qu’il y avait mieux.

« Nous lui appliquerons de la moutarde sur l’anus. Vous comprenez ! En moins de 10 secondes, il le fera avec envie. » Telle est l’utilité d’Ahmadinejad : la moutarde !.

Les Iraniens le devinent et ils savent qu’ils finiront comme le petit chien. Mais les humains ont parfois une capacité à encaisser les coups qui est bien supérieure aux animaux. Et par-dessus le marché, c’est ce régime qui a rendu les Iraniens endurants, durs, insensibles et cruels. Ils attendent le débarquement (des Américains) et non le retour des amis généreux de Mlle Minoui. Les Américains ne viendront pas. Les masses attendent un moment de faiblesse de leurs geôliers. Ils attendent et courbent l’échine loin des beaux quartiers et des tours remplies de richesses. Le dernier sport préféré des Iraniens est d’écraser les passants en voiture. Ils jouent à l’Imam Caché. L’objectif est de tuer parce que la vie ne vaut rien en Iran et celui qui meurt ira au paradis.

La manipulation des masses est faite par des Garaudy, des Delphine Minoui, des Gérard de Villiers qui se pressent en Iran pour se remplir les fouilles, qui font croire aux Français que les Iraniens sont heureux ainsi, que le régime est solide et qu’il ne faut pas que la France prête attention à ceux qui prétendent le contraire.