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Iran-Nucléaire : La Chine choisit la prudence
14.01.2006

Attentif aux initiatives de la Russie, Pékin, pour ne pas s’isoler, pourrait finalement lui emboîter le pas, estiment certains observateurs.

- [ Le Figaro : 14 janvier 2006 ] + nos commentaires



A CHINE a opté pour la prudence dans l’épreuve de force engagée entre la communauté internationale et l’Iran. Pékin s’est jusqu’à présent limité à exprimer son « inquiétude » devant la tournure prise par les événements, appelant tous les protagonistes à la modération et au dialogue. Un profil bas qui trouve son explication dans l’ambivalence des priorités chinoises : apparaître comme un acteur « responsable » sur la scène internationale dans cette nouvelle crise mais en veillant surtout à ce que celle-ci n’affecte pas des relations stratégiques dans le domaine de l’énergie.

Pour les Occidentaux, l’objectif a minima est donc de ménager ce partenaire aussi incontournable qu’incertain pour le « faire rentrer dans le jeu » et s’efforcer qu’il ne fasse pas obstruction à leurs efforts. Car la Chine, elle-même puissance nucléaire, compte parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et s’est jusqu’à présent toujours opposée, comme la Russie, à une saisine de cet organe. Une telle initiative risquerait de « compliquer le problème » vient d’ailleurs de réitérer hier l’ambassadeur de Chine aux Nations unies. Ces derniers jours, les Chinois ont été tenus informés en continu par des contacts à haut niveau et ils seront associés à la rencontre prévue lundi à Londres entre la troïka européenne, les Russes et les Américains. Le 24 septembre dernier, à Vienne, ils s’étaient finalement abstenus lors du vote par l’AIEA d’une résolution évoquant implicitement la perspective d’un transfert du dossier iranien à New York.

Un objectif commun

Une réticence qui est d’abord affaire de principe : Pékin veut à tout prix éviter que l’ONU mette un jour le nez dans ses propres affaires, voire dans celle de la Corée du Nord, un pays également engagé dans un bras de fer nucléaire avec Washington. Certes, il y a trois ans, la Chine s’était résolue à ce que les Nations unies se saisissent de la question nord-coréenne. Mais elle a tout fait depuis pour que le problème soit traité non dans le cadre du Conseil de sécurité, mais dans celui de pourparlers à six qu’elle peut orchestrer. Attentif aux initiatives de la Russie, Pékin, pour ne pas s’isoler, pourrait finalement lui emboîter le pas, estiment certains observateurs. Mais aucun geste n’est à attendre de la Chine qui irait à l’encontre de sa soif d’or noir. Avant la chute de Saddam Hussein, elle était en pourparlers pour l’exploitation de deux champs pétroliers irakiens (al-Ahdab et Halfayah) qui représentaient alors, avec 400 000 barils/jour quelque 13% de ses besoins. L’aggravation de la crise avec Bagdad a tout remis en cause et les compagnies pétrolières chinoises se sont alors rapprochées de l’Iran. Des tractations qui ont abouti, en novembre dernier, à la signature d’un premier contrat de 70 milliards de dollars pour l’importation de brut iranien. Les échanges entre les deux pays concernent aussi la technologie nucléaire et missiles. Tous deux partagent le même objectif de bouter les Américains hors d’Asie centrale. De quoi peser lourdement dans les tractations qui se profilent.

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Alain Barluet

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