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Le Qatar ou le placebo
02.01.2006

AVANT PROPOS d'IRAN-RESIST : La France cherche des remplaçants pour son fournisseur préféré : l’Iran. Elle a jeté son dévolu sur le Qatar et s’ingénie à donner un packaging démocratique et ambitieux à ce choix.



Comme il l’a été fait pour Khatami, la France a besoin d’un décorum pour justifier la cour qu’elle fait aux pays producteurs du pétrole. Si dans les années 70, la devise de la France était : Nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons des idées. Aujourd’hui ce serait : « Nous avons trouvé du pétrole et les moyens de l’exploiter, mais nous n’avons plus aucune idée ».

Elle se contente de créer des feuilletons ou fictions pour justifier sa présence ailleurs. Elle ne peut admettre ses besoins énergétiques et le besoin d’un renouvellement diplomatique. En Iran, 85% de la population attend un changement parce que 70% au moins vit sous le Seuil de Pauvreté et 15 % sous le Seuil de Survie (50% du Seuil de la Pauvreté). Mais la France courtise aujourd’hui le Qatar avec les mêmes arguments qu’elle utilisait pour qualifier l’Iran de Khatami.

Il faut que la France assume ses besoins énergétiques, mais qu’elle reconnaisse aussi le degré de dangerosité du monde en raison de l’existence du terrorisme islamique. Ce terrorisme islamique qui est financé par les mollahs comme Khatami et qui peut en une fraction de seconde pulvériser les magnifiques tours de Qatar et plonger ce paisible pays dans les tourments de l’islamisme.

C’est pour cette raison que la France manque d’idée. Elle néglige les dangers et utilise un discours populiste pour faire face à un danger planétaire.

Arnaud de La Grange du Figaro a écrit un article qui reflète bien cet état d'esprit Français, déconnecté des réalités du monde (Note IRAN-RESIST.)

Le Qatar, nouveau hussard du Moyen-Orient

Détenteur des troisièmes réserves de gaz au monde, l’émirat tente de s’imposer sur la scène régionale grâce à une politique étrangère audacieuse.
- Arnaud de La Grange [31 décembre 2005]

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IL N’EST PAS, plus question en tout cas de jouer les pétromonarchies d’opérette. Petit sur les cartes, immense par les richesses de son sous-sol, le Qatar compte sur le gaz pour s’élever dans le concert des nations.

L’émirat mène une offensive diplomatique tous azimuts, et d’abord à l’ONU, comme il se doit. Le Qatar vient d’être élu membre non permanent du Conseil de sécurité, ce qui en fait le porte-parole des pays arabes et asiatiques pour les deux années à venir. Pour conforter ses ambitions, l’émirat fait feu de tout bois. Il accueille conférences et forums internationaux en rafales.

La plus jolie réussite fut sans doute la grand-messe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en novembre 2001, puisque la dénomination de « cycle de Doha » a donné à la capitale une notoriété inespérée. Côté sports, le Qatar sera l’hôte des Jeux asiatiques en 2006. Par ailleurs, il réhabilite l’île de Gorée et son mémorial de l’esclavage, au Sénégal, offre 6 millions de dollars pour construire un stade dans une ville arabe en Israël ou crée en ses murs un centre international de dialogue pour les trois grandes religions monothéistes.

Simple effet d’image, achetée à coups de pétrodollars ? Pas seulement. Le Qatar a pris des risques, en empruntant des sommes vertigineuses pour lancer son industrie gazière. Il a mené une politique d’ouverture révolutionnaire sous la conduite de l’émir, Cheikh Hamad Ibn Khalifa al-Thani, qui a déposé pacifiquement son père en 1995. Le pari est gagné puisque le Qatar est en passe de s’imposer comme le premier producteur de gaz liquéfié au monde.

Ses réserves connues lui assurent plus d’un siècle de production. Le tout pour une population inférieure à celle d’un gros arrondissement parisien, 160 000 autochtones sur quelque 750 000 habitants, le reste étant constitué par la main-d’oeuvre immigrée. Du coup, le PIB par habitant est l’un des plus élevés au monde et, du bord de mer sablonneux, émergent des tours ultramodernes par dizaines.

Une rente intelligemment gérée

« La rente est gérée de manière intelligente, avec un souci de diversification de l’économie, explique un expatrié, puisque le pays développe ses infrastructures, ses autres secteurs industriels, ainsi que l’Education. » Ce domaine de la ressource humaine est celui de la première dame, Cheikha Mozha. Sous sa houlette se construit « Education City », un campus qui veut former les élites régionales. Les plus grandes universités américaines s’y installent. Sur le plan politique, ce n’est pas la démocratie puisqu’il n’existe toujours pas de partis politiques, mais le « printemps de Doha » a permis l’instauration d’une monarchie constitutionnelle.

C’est sur le plan international que l’habileté du nouvel émir est la plus visible. L’exercice relève souvent de l’équilibrisme géopolitique. La relation avec les Etats-Unis en est le meilleur exemple. Le pays de la chaîne de télévision al-Jezira, bête noire audiovisuelle de Washington, abrite aussi le PC avancé du Commandement central de l’armée américaine (Centcom) ainsi que le QG des forces aériennes pour le Golfe.

Une base de quelque 5 000 hommes, autrefois stationnés dans une Arabie saoudite moins encline aujourd’hui à accueillir des troupes étrangères en grand nombre. C’est du Qatar qu’a été dirigée l’invasion de l’Irak en mars 2003. « La chaîne de télévision la plus connue du monde arabe sert d’exutoire pour les sentiments antiaméricains, explique un observateur étranger, comme si le régime se « lavait » ainsi de son rôle d’allié privilégié des Etats-Unis ». Le Qatar a senti passer le vent du terrorisme islamiste au printemps de 2005, quand un attentat kamikaze a causé la mort d’un ressortissant britannique.

Le Qatar se taille aussi des habits de « consultant » et de « conseiller » au sein du monde arabe : sur la question palestinienne, qui joue un rôle central dans la région, sur le dossier syrien, mais aussi à l’occasion du séisme au Pakistan cet automne, lorsqu’il a déployé une politique humanitaire active. C’est peut-être avec l’Iran que le Qatar détient le plus de clés.

La pointe rocheuse de l’émirat vient presque chatouiller les côtes iraniennes. Du coup, les deux pays partagent le même champ de gaz offshore. « Cela crée évidemment des relations particulières, confie un diplomate. Ils sont obligés de s’entendre, même si le Qatar s’inquiète des visées hégémoniques iraniennes dans la région et redoute une catastrophe environnementale liée au nucléaire, par exemple. » Une frappe préventive américaine sur les installations nucléaires iraniennes serait lourde de conséquences. L’Iran serait tenté de riposter au plus près : sur la grande base américaine du Qatar !

Ce côté « hussard du Golfe » irrite le grand voisin saoudien, qui goûtait plus la politique d’alignement de l’ancien émir. Les Qatariens, eux, soupçonnent Riyad de vouloir faire de leur petit pays une presqu’île saoudienne. Ils ne se privent pas, à l’occasion, de chahuter les Saoud sur al-Jezira.

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