Accueil > Présentation de l’Iran > Identité iranienne > 8 jours pour découvrir l’âge d’or de la Perse



8 jours pour découvrir l’âge d’or de la Perse
29.12.2005

L’ancien empire de Cyrus et Darius, qui a brillé environ cinq siècles avant notre ère, est évoqué au British Museum avec la volonté de rendre justice à une grande civilisation symbolisée par les fastes de Persépolis.




Les anciens Grecs, dit-on, n’aimaient pas les anciens Perses.
Trop épris de luxe, de vin, de chansons, pensaient-ils. Est-ce pour cette raison qu’Alexandre le Grand, en 330 avant J.-C., incendia et détruisit totalement la splendide capitale de l’Empire perse que fut Persépolis ? Ou fut-ce un accident ? Le British Museum, à Londres, accessible il faut le rappeler par l’Eurostar en quelque trois heures et d’un coût relatif si l’on s’y prend à l’avance, en collaboration avec le musée du Louvre et avec le musée de Téhéran, en Iran même, a décidé d’éclairer d’une manière sensible la période de la splendeur perse, soit celle de Cyrus et de Darius, en gros de 558 avant J.-C. à - 486.

Non que la culture perse se soit éteinte ensuite. Ni la conquête de l’empire par les Grecs, ni la naissance de l’islam à partir du VIIe siècle ne parviendront à étouffer un certain esprit tel qu’il s’exprime encore au XIIe siècle chez le poète, philosophe et mathématicien Omar Khayyam :

« Notre trésor ? Le vin. Notre palais ? La taverne. Nos compagnes fidèles ? La soif et l’ivresse. Nous ignorons l’inquiétude, car nous savons que nos âmes, nos coeurs, nos coupes et nos robes maculées n’ont rien à craindre de la poussière de l’eau et du feu. »

De ce point de vue, ce n’est pas seulement une exposition érudite que présente le British Museum, mais en quelque sorte une exposition engagée, fidèle en cela, son directeur Neil MacGregor y insiste, à la vocation qui fut la sienne dès sa création au XVIIIe siècle. À savoir diffuser la connaissance, non seulement pour elle-même, mais pour mieux connaître les hommes.

Or l’histoire écrite par les vainqueurs, et d’abord les Grecs, fut sans doute injuste avec la Perse. Ainsi, si l’on entrevoit les fastes assez incroyables de Persépolis, est-on moins au fait de la vie dans un immense empire qui sut unir des dizaines de peuples sans aucune oppression, culturelle ou religieuse. En oeuvrant de la sorte, y compris dans les conditions d’une collaboration avec le musée de Téhéran, le British Museum entend ainsi lever les préjugés et les raccourcis du temps présent. L’ancienne Perse fut dès le milieu du troisième millénaire un haut lieu de l’essor des civilisations. Mais c’est bien avec Cyrus que naquit l’empire. Il s’empare de la mythique Babylone. Son fils Cambyse conquiert l’Égypte. Avec Darius, c’est l’apogée.

L’immensité du territoire appelle des moyens de communication modernes, tel le percement du premier canal de Suez, la création d’une monnaie, la standardisation des poids et mesures, de la valeur des métaux précieux. L’administration centrale a ses délégués, les satrapes, dans toutes les provinces. Dans son incroyable démesure même, la capitale que Darius fait construire, Persépolis donc, est le lieu ou se retrouvent les représentants des différents peuples qui viennent porter leurs offrandes ; c’est une chose, mais c’est aussi une extraordinaire plaque tournante des langues et des cultures.

Quant à sa splendeur dont témoignent au Louvre les colonnes qui y sont conservées, elle laisse pantois pour ce que nous en savons. Pourtant, ce n’est pas là l’essentiel de l’exposition du British Museum, qui s’est davantage attaché à la vie quotidienne, aux objets témoignant d’un mode de vie, pour ne pas dire d’un art de vivre. Les bijoux, les vases, les coupes de cette époque, dont celles en or massif qui sont présentées, témoignent certes du goût du luxe évoqué plus haut, mais aussi d’un exceptionnel raffinement, d’une esthétique sûre, d’un monde où les dieux, s’ils sont présents -, et le panthéon perse de l’époque semble très complexe, n’inspirent pas la peur. On a parlé d’un âge d’or de la Perse. Peut-être est-ce exagéré. Mais encore ceci au crédit de cette époque d’un empire : les bas-reliefs et autres représentations plastiques de la vie évoquent souvent la chasse, pas la guerre.

.

- Empire oublié. Le monde de l’ancienne Perse
- British Museum à Londres. Jusqu’au 8 janvier.


Vous avez sur ce site un moteur de recherche qui vous permet de retrouver des articles antécédents. Au cas où votre demande concernerait un sujet précis, vous pouvez nous écrire. Notre équipe vous aidera dans votre recherche.

Bonne lecture et à très bientôt.