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Entretien de Marianne avec Kaveh Mohseni
22.07.2002

Dans ses colonnes, EN DEUX MOTS, du numero du 22 juillet 2002, page 38, Marianne a donné la parole à Kaveh Mohseni, l’animateur du bureau parisien du Comité de coordination des mouvements étudiants pour la démocratie en Iran.



Marianne : Que se passe-t-il en Iran à l’heure où un membre important du clergé dénonce le chaos et la corruption et démissionne pour marquer sa colère ?

- Kaveh Mohseni : La dissidence de ce religieux, l’ayatollah Taheri, prouve que la contestation commence à toucher toutes les categories du pays, clergé compris. Cent vingt cinq députés le soutiennent. La crise est donc profonde ; ce n’est pas étonnant avec un salaire moyen de 80 dollars et 75% de la population qui vit au-dessous du seuil de pauvreté. Ajouté à cela une prostitution galopante, la drogue qui se répand partout : une bouteille de lait coûte plus cher qu’une dose d’héroïne ! Du coup, les gens finissent par croire que rien n’est fortuit, que le régime lui-même sème la toxicomanie pour affaiblir toute vélléité de résistance.

Marianne : En dehos de cette subite bataille au sein du clergé, comment la contestation s’exprime-t-elle au sein de la population ?

- Par toutes sortes de mouvements sporadiques, comme cette manifestation étudiante, le 9 Juillet, devant l’université de Téhéran. Quelque 5000 personnes scandaient : Ouvriers, étudiants, lycéens, tous unis !

Certains pasdarans - les gardiens de révolution - auraient même apporté leur caution à la manifestation. On sait par ailleurs, captant les radios qui émettent hors d’Iran, que des auditeurs qui appellent de l’intérieur du pays sont en pleine révolte. Des commerçants du bazar exhortent à manifester et tout le monde s’interroge sur les moyens de restaurer un peu de démocratie. Mais les prisons sont pleines, les bourreaux torturent, les arrestations pleuvent. Sans la moindre réaction du président Khatami. A des étudiants qui voulaient l’alerter récemment sur les geôles du régime, il a rétorqué qu’il n’y avait pas de prisonniers politiques dans la république islamique... Khatami, c’est une perestroïka de salon !

Propos receuillis par Martine Gozlan