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Le nucléaire des mollahs et la « réciprocité » selon les Indiens
16.12.2005

Le Premier ministre indien Manmohan Singh a rappelé jeudi que l’accord conclu avec le président américain George W. Bush sur une reprise de la coopération nucléaire civile était basé sur « une stricte réciprocité », à quelques jours d’une réunion de travail sur ce dossier.



L’accord est basé sur « une stricte réciprocité », a-t-il dit. « Si les Etats-Unis n’appliquent pas leurs obligations, nous sommes également libres de ne pas appliquer nos obligations », a-t-il prévenu.

Le 18 juillet, M. Bush avait dit son intention de demander au Congrès de lever les sanctions imposées contre New Delhi pour permettre une coopération dans le nucléaire civil.

En contrepartie, l’Inde a notamment accepté de dissocier les programmes nucléaires civils et militaires et de laisser examiner ses installations nucléaire civiles par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Mais des membres du Congrès américain se plaignent du fait qu’un tel accord porte atteinte aux efforts internationaux contre la prolifération nucléaire.

« J’attends de l’administration américaine qu’elle use de tout son poids pour obtenir l’approbation nécessaire du Congrès américain », a poursuivi M. Singh qui s’exprimait devant le Parlement alors qu’un deuxième groupe de travail Inde-USA sur le nucléaire doit se réunir mercredi et jeudi prochain à Washington.

L’Inde a effectué son premier essai atomique en 1974 qui a été suivi par une autre série d’essais en 1998, date à laquelle New Delhi s’est déclarée puissance nucléaire.

Une loi américaine interdit l’exportation de toute technologie qui pourrait aider le programme nucléaire d’un pays n’ayant pas ratifié le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ce qui est le cas de l’Inde.

L’accord, s’il est approuvé par le Congrès, permettrait à l’Inde d’obtenir du combustible et des équipements pour réacteurs à des fins civiles des Etats-Unis, voire d’autres pays.


Les tractations USA-Inde doivent être vues dans un cadre plus large qui concerne l’équilibre géopolitique de l’Asie. Ces tractations concernent l’attitude que les Indiens adopteront au moment où le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA passera au vote pour transférer le dossier nucléaire des mollahs au Conseil de Sécurité. Les Indiens ont conscience de l’importance de cet enjeu pour les Etats-Unis et entendent tirer parti de l’occasion.

Les Américains ont besoin des Indiens. Ces derniers le savent et ne cessent de changer d’orientation sur le dossier iranien. Afin de mettre la pression aux Américains et obtenir la levée des sanctions qui pèsent sur l’économie indienne, ils utilisent leurs « droits » d’entretenir des relations commerciales avec l’Iran. Un des points qui ennuie les Etats-Unis est le Gazoduc Iran-Inde-Pakistan.

Le projet de Gazoduc Inde-Iran-Pakistan revient sans cesse à l’ordre du jour et même les Russes se déclarent intéressés pour y prendre part. Déjà en août dernier nous disions sur ce site que les Russes et les Indiens, devenus partenaires privilégiés dans tous les domaines, négociaient leur ralliement aux Etats-Unis au prix fort.

Le 13 Juillet, l’Inde et le Pakistan, fournisseur secret des mollahs en matières nucléaires, annonçaient l’accord sur le Gazoduc avec l’Iran. Le 18, Bush annonçait son intention de demander au Congrès de lever les sanctions américaines imposées contre New Delhi. Le 3 Août, l’Inde trouvait un prétexte pour ajourner l’accord. Le 24 Septembre, l’Inde votait contre les intérêts iraniens au sein de l’AIEA. Le rapprochement Russo-Indien a modifié le point de vue des Indiens et ces derniers se sont alignés sur la stratégie Russe qui consiste à faire semblant d’être très proche des adversaires des Américains pour pousser ces derniers à réagir. Inciter les Américains à se montrer généreux en échange de leur coopération sur ce dossier.

C’est alors que le 1er ministre Indien parle de « stricte réciprocité » !

L’Inde a plus à gagner qu’à perdre. La Russie est un des grands gagnants de cette partie de cache-cache diplomatique . L’Amérique doit céder aux Indiens et aux Russes et dans tous les cas de figures, ces deux états en profiteront pour renforcer leurs économies aux dépens de l’Europe.

Voilà le résultat de l’obstination de l’UE à préserver le régime des mollahs alors même qu’elle aurait pu faire front commun avec les Etats-Unis contre les économies émergeantes de l’Orient.


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