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Origines du programme nucléaire iranien
10.12.2005 [carte+historique+liens]

- Principaux sites nucléaires connus en Iran
- Origines du programme nucléaire iranien



Principaux sites nucléaires connus en Iran

  • Bouchehr - Commencée en 1974 avec le concours de la firme allemande Siemens, la construction de ce réacteur, bombardé six fois pendant la guerre Iran-Irak, a été reprise en 1995 à la suite d’un accord avec la Russie. Ce réacteur destiné à la production d’électricité pourrait également servir à produire du plutonium enrichi, une matière fissible qui entre dans la composition d'armes nucléaires.
  • Natanz - Cette usine d’enrichissement d’uranium est opérationnelle depuis 2003. On y enrichit l’uranium qui sert de combustible aux centrales électriques du pays. On pourrait également y enrichir de l'uranium à des fins militaires.
  • Arak - Sur ce site, on trouve une usine de production d’eau lourde ainsi qu’un réacteur nucléaire à l’eau lourde d’une capacité de 40 mégawatts d’électricité.
  • Ispahan - Abrite l’Ispahan Nuclear Technology Center, où se trouvent quatre petits réacteurs nucléaires destinés à la recherche.
  • Téhéran - Un réacteur de recherche de 5 mégawatts au Tehran Nuclear Research Center.
  • Anarak – (entre Natanz et Ardakan) Important gisement d’uranium exploité à la mine et présence dans la ville d’un dépôt de résidus radioactifs issus des centrales civiles.
  • Bandar Abbas - Gisement d’uranium et ouverture récente d’une usine de transformation du minerai.
  • Yazd - Département de recherche nucléaire à l’université de la ville, où des recherches géologiques sont poursuivies sur un gisement d’uranium situé à 165 kilomètres au nord-est de Yazd.

- Source: Albert Legault, « La tentation nucléaire de l'Iran », bulletin : Le maintien de la paix, # 70, octobre 2004. Institut d'études internationales de Montréal, UQAM. Global Security (globalsecurity.org)  

Origines du programme nucléaire iranien

Ce n’est pas d’hier que la technologie nucléaire est implantée en Iran. En 1959, le gouvernement du Shah fait l’acquisition d’un réacteur nucléaire de recherche de fabrication américaine (et qui est encore en service à ce jour dans le quartier d’Amir-Abad à Téhéran). Le Shah d’Iran était désireux de faire du Golfe Persique une « zone non nucléaire » afin d’inciter tous les pays du Moyen-orient d’en faire autant.

- Les partisans non déclarés du régime des mollahs prétendent fallacieusement que les recherches militaires des mollahs sont la suite des travaux entrepris par le Shah [1]. En réalité, c’est une fausse excuse et il n’existe aucun élément tendant à prouver que le régime du Shah aurait envisagé la possibilité de doter l’Iran d’une capacité de développement d’armes nucléaires provoquant ainsi une crise grave dans la région et dans le monde.

En échange, il existe des preuves du contraire. L’Iran a accédé au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968 et a été parmi les premiers pays à rejoindre le TNP dont il a signé l’accord sur les sauvegardes en 1973. Par ailleurs la suprématie militaire de l’Iran, réputé Gendarme du Golfe, était en contradiction avec la nucléarisation de la région. La course à l’armement atomique (la prolifération) aurait rendu inutiles les armes conventionnelles.

- Il est donc illogique d’imputer la nucléarisation militaire de l’Iran à l’homme qui a cherché à l’éviter tout en assumant pleinement le rôle du Gendarme du Golfe afin d'assurer l’indépendance de l’Iran. C’est la puissante armée conventionnelle du Shah qui gardait l’Irak baasiste en respect et n’autorisait aucun débordement militaire de ce régime fasciste et tribal.

Il faut savoir que l’Iran a rejoint le TNP volontairement et qu’au titre de l’article 2 du traité, l’Iran monarchique s’engageait à « n'accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs; à ne fabriquer ni acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs; et à ne rechercher ni recevoir une aide quelconque pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs nucléaires explosifs. »

En 1974 , l’Iran a signé un accord commercial avec la France [2] dans le but de construire 4 centrales nucléaires civiles. Le Shah estimait que le pétrole était une substance précieuse et rare et qu’il convenait de réduire son utilisation à des fins énergétiques et qu’il était plus indiqué de la réserver à la pétrochimie. A cette époque d’autres recherches étaient menées pour des développer des énergies de remplacements.

- Le programme nucléaire iranien progressa jusque dans les années 70, avec la collaboration de firmes israéliennes, françaises, allemandes et américaines. Le Shah projetait même, à l’époque, de doter son pays de 23 réacteurs nucléaires pour produire une importante quantité d’électricité. Ce programme nucléaire a été toutefois abandonné en 1979, à l’arrivée de Khomeiny au pouvoir.

- Un programme militaire nucléaire a été mis en route vers 1984 alors que l’Iran, en guerre contre l’Irak (1980 à 1988) [3], faisait l’objet d’un embargo international sur les ventes d’armes. L’emploi d’armes chimiques par les Irakiens contre sa population au cours de cette période aurait également incité Téhéran à réactiver ses programmes de développement d’armes nucléaires dès 1984, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Abandonné périodiquement, un programme secret a été poursuivi malgré tout pendant 18 ans, en marge du programme nucléaire civil iranien avec la collaboration, notamment, de l’Afrique du Sud, de la Chine, de la Corée du Nord et de la Russie.