Accueil > News > L’Iran pourrait reprendre la conversion de l’uranium (AFP)



L’Iran pourrait reprendre la conversion de l’uranium (AFP)
17.07.2005

Les Européens pourraient demander plusieurs mois de délai aux Iraniens pour conclure un accord définitif sur le nucléaire, mais l’Iran pourrait reprendre rapidement certaines activités ultra-sensibles, a déclaré dimanche un négociateur à Irna.

Dans les propositions que l’Iran attend d’ici au mois d’août, l’Europe pourrait offrir à la République islamique de coopérer à la construction des centrales nucléaires iraniennes et de garantir son approvisionnement en combustible, a dit Hossein Moussavian à l’agence officielle.

Mais si, en retour, les Européens insistent sur le maintien d’une suspension totale des activités iraniennes d’enrichissement d’uranium, nous la refuserons catégoriquement, a-t-il dit.

Nous poursuivrons les négociations car nous sommes à deux doigts du but, c’est-à-dire un accord, a-t-il déclaré. Mais la poursuite de la suspension dans les conditions actuelles n’est pas possible, et si les Européens ne l’acceptent pas, nous reprendrons nos activités (de conversion d’uranium) à l’usine d’Ispahan (centre), a-t-il prévenu.

Selon M. Moussavian, les Européens pourraient demander aux Iraniens de maintenir une suspension totale, le temps qu’ils se familiarisent avec le nouveau gouvernement du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui prendra ses fonctions le 3 août, et qu’ils prennent connaissance de la nouvelle politique iranienne pour conclure un accord définitif après plusieurs mois de négociations avec une nouvelle équipe.

Contredisant le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharazi, M. Moussavian laisse ainsi clairement entendre que l’équipe qui négocie depuis deux ans avec les Européens devrait changer avec M. Ahmadinejad.

Les Européens essaient de convaincre les Iraniens, qui ont suspendu leurs activités d’enrichissement, d’y renoncer de manière permanente. C’est pour eux la garantie la plus probante.

L’enrichissement, qui produit le combustible pour les centrales civiles, peut être détourné pour fabriquer l’arme nucléaire.

L’Iran n’a cessé de proclamer qu’il reprendrait l’enrichissement. Berlin, Paris et Londres ont prévenu Téhéran qu’ils soutiendraient le recours au Conseil de sécurité de l’Onu si l’Iran recommençait l’enrichissement, ou même la conversion, son préalable.

En mai, l’Iran a accepté, avant toute autre décision, que l’Europe lui soumette d’ici à août des propositions concrètes de coopération.

En dehors des propositions de coopération politique, sécuritaire ou commerciale et de la reconnaissance de l’Iran comme source primordiale d’approvisionnement énergétique de l’UE, les Européens pourraient surmonter les obstacles des 25 dernières années, coopérer pour la première fois aux centrales nucléaires en Iran et donner des garanties internationales pour la fourniture de combustible nucléaire à l’Iran, a dit M. Moussavian.

Il y a aujourd’hui un élément nouveau qui rend le maintien de bonnes relations avec l’Europe négligeable (voire inutile) pour les dirigeants de la République Islamique. Les négociations avec l’Europe supposaient un accord avec contrepartie pour les mollahs : nouveaux contrats passés avec l’Iran.

L’Iran avait le choix entre cette carotte ou le bâton des sanctions qui restait d’actualité. Aujourd’hui cette épée de Damoclès ne menace plus les mollahs de la République Islamique.

Alors que les Européens volontairement ou inconsciemment ont joué le rôle de frein contre leur allié américain et qu’ils s’enlisaient dans les négociations et la gestion des provocations des mollahs, ces derniers oeuvraient pour se rapprocher des russes et des chinois, deux états émergeant, deux puissances nucléaires et surtout deux membres permanents du Conseil de Sécurité avec la faculté de faire échouer toute demande de sanctions contre la République Islamique.

La déclaration finale du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui s’est tenu à Kazakhstan, en présence de l’Iran en tant qu’observateur, reflète volonté des Chinois et des Russes d’affirmer leur ascendance stratégique, politique et économique sur la région. La Chine et la Russie avancent désormais ensemble leurs pions sur l’échiquier le plus disputé de la planète. La présence des mollahs est une manœuvre d’intimidation à l’usage des américains mais aussi un avertissement adressé aux Européens.

Le message est clair. Les Européens doivent conclure un accord ou accepter la défaite de la Diplomatie Européenne. L’accord est désormais un impératif et les Européens sont tenus de respecter l’échéance du calendrier fixée (août 2005). Les Européens ont pris le risque de défier leur allié le plus proche, l’Amérique en espérant décrocher la timbale. Ils ne peuvent remettre en question le calendrier au risque de passer pour des amateurs ! Ils ont raison d’être pessimistes. Ils réalisent tardivement que loin de vouloir un accord, les mollahs ont juste cherché à gagner du temps.

Incapable de contourner cet accord, les barbus de Téhéran ont sorti de la comédie des élections un barbouze qui assumera l’échec des négociations. Si les mollahs peuvent se permettre de tirer le nom d’Ahmadinejad des urnes, c’est qu’ils sont sur le point de maîtriser la technologie de LA BOMBE.

Le nouveau Président changera le Négociateur en chef comme il en aura le droit. Les pourparlers en souffriront. Chacun attribuera l’échec à l’autre et se terminera alors une mascarade qui dure depuis 4 ans mais le véritable perdant est l’Europe qui a tout misé sur un faux-semblant.

Ces notes provenant de la rubrique Articles :
LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES ET LA REPRISE DE L’ENRICHISSEMENT D’URANIUM