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Comment administration Bush a fait de l’Irak une théocratie similaire à celle de l’Iran
07.12.2005 ... [Edito]

Ces jours-ci, les Think Tanks américains s'agitent pour nous concocter un changement de régime en Iran ....



.... en y incluant les islamistes modérés du Front National (Jebheh Melli), des crypto-communistes du Toudeh, des vieux lobbyistes libéraux, des étudiants professionnels de 50 ans, les droits-de-l'hommistes-anti-universalistes comme Shirin Ebadi, des dissidents inconnus du régime, des opposants factices issus du Show-biz et d'anciens Pasdarans repentis comme comme Sazgara, Ganji etc. ...

C’est pourquoi nous estimons qu’il est nécessaire de rappeler que l’on ne peut pas faire des prouesses politiques avec des ratés et des déchets islamistes et s’attendre à voir naître un état souverain et relativement démocratique.

Si nos amis Américains veulent aider les Iraniens, ils doivent revoir leur copie et surtout éviter le recyclage des vieux loosers et des vieux procédés applicables aux pays soviétiques. IRAN-RESIST. se propose de les coatcher pour éviter une nouvelle catastrophe à l’Irakienne et ce message est valable pour nos amis Européens, nettement moins enthousiastes à l’idée d’un changement en Iran.


Comment administration Bush a fait de l’Irak une théocratie similaire à celle de l’Iran


L’administration Bush, croyait que l’Irak était un tableau blanc sur lequel elle pouvait écrire sa vision de la réforme du monde arabe. En fait l’Irak était un chaudron dans lequel bouillaient les mouvements politiques et religieux. Lorsque Bush y débarqua, il retira le couvercle.

Les dirigeants religieux chiites en particulier, ont planifié le nouvel Irak en trois phases politiques. La première durant l’administration directe américaine avec Paul Bremer pour l’essentiel, la seconde durant l’intérim avec Iyad Alawi comme premier ministre et enfin la troisième phase depuis le gouvernement élu d’Ibrahim Djafari .

Dans la première phase, les chiites expatriés retournaient en Irak comme des acteurs majeurs dans une certaine confusion. Parmi eux, les plus anciens du parti du Dawa, fondé dans les années 50 en réponse aux partis de masses tels que le parti communiste iraquien et le parti arabo nationaliste du Baas.

Dawa signifiant l’appel comme un impératif à clamer sa foi. Les leaders du Dawa rêvaient d’un paradis chiite dans les années 60 et 70 pour faire le pendant aux marxistes, avec un état dirigé selon les règles de l’islam, avec son comité consultatif chargé de tout remettre en adéquation avec le coran. Puis le Dawa créera des cellules combattantes à partir des années 80, à partir du sud de l’Irak dans la foulée de la révolution de Khomeiny en Iran. Le parti Baas essentiellement sunnite de Saddam Hussein les combattit, tuant les dirigeants du Dawa et entrant en guerre avec l’Iran, le voisin et inspirateur chiite.

C’est au début des années 80 que l’Iran de Khomeiny devint aux yeux des américains l’ennemi N°2, juste derrière l’Union Soviétique. Alors que durant la guerre froide, les USA considéraient l’Iran comme un verrou, faisant De Mohammad Reza Shah un allié, celui-ci expulsait Khomeiny comme fauteur de trouble et ce dernier se réfugiait en Irak de 1964 à 1978 avant d’être expulsé d’Irak pour les mêmes raisons. Il allait alors passer plus d’une année en France, sous la protection de Giscard, organisant la révolution islamique d’Iran qui allait faire de lui un dirigeant théocratique.

La montée en puissance de Khomeiny coïncide avec celle de Saddam Hussein, un sunnite laïque. Des milliers d’activistes musulmans irakiens allaient alors se réfugier en Iran, organisant à leur tour et avec la bénédiction de Téhéran l’opposition à Saddam. D’ailleurs le leader du conseil suprême islamique irakien en exil en Iran n’était autre qu’Ibrahim Djafari, l’actuel premier ministre irakien. Vers les derniers temps du régime irakien, il ira à Londres d’où il rentrera à Bagdad. Son organisation pendant ce temps avec l’appui du régime des mollahs de Téhéran organisait attentats sur attentats contre des cibles représentant le parti Baas irakien.

Durant la guerre du Golfe de 90/91, Bush (père) après avoir virer les irakiens du Koweït, avait invité les irakiens à se soulever contre le dictateur. Les chiites l’avaient pris au mot, lançant une révolte qui les faisait prendre le pouvoir dans les régions sud. Voyant cela et craignant une république chiite islamique, Bush laissa le Baas mater la rébellion dans le sang. Après cela deux leaders religieux irakiens émergèrent sur la scène, l’ayatollah Sistani d’origine iranienne et résident à Nadjaf depuis 1950 et son éternel rival Mohamed Sadeq Al Sadr plus puritains au sens musulman et moins enclin à laisser un pouvoir à des politiques non religieux. C’est son fils Moqtadah Sadr qui s’illustre aujourd’hui dans ces batailles face aux américains.

Dans le temps qui précéda Mars 2003 et l’entrée des forces alliées en Irak, aussi bien la branche londonienne du Dawa que le Conseil Islamique basé à Téhéran se mirent à négocier secrètement avec les américains. Les deux passèrent des accords avec Ahmed Chalabi pour écraser le parti Baas. Lorsque Saddam perdit le pouvoir, les leaders chiites revinrent dare-dare en Irak, rassemblant beaucoup de monde derrière eux, jusque dans les plus petits villages. Dans la foulée le mouvement de Sadr se fit connaître par ses actions ultra violentes et il réclama tout de suite le départ des forces américaines, suivi aussitôt par tous les chiites. Ils réclamaient un gouvernement théocratique similaire à celui de l’Iran.

Le Département d’Etat US effrayé par l’installation au pouvoir par le Pentagone d’un corrompu en la personne d’Ahmed Chalabi, réussit à convaincre George W. Bush d’y envoyer Paul Bremer. Au début, il comptait bien d’ailleurs diriger l’Irak seul. Mais comme la guérilla sunnite gagnait en intensité, surtout en Mai et Juin, il lui fut clair qu’il devrait s’entourer d’irakiens et c’est ainsi qu’il nomma 25 membres, issus du Dawa, du conseil de la résistance irakienne ainsi que des sunnites et des membres des minorités irakiennes.

Le plan de Bremer était de faire écrire une Constitution par un comité nommé par lui-même mais il se heurta aux religieux jusqu’à Sistani qui lança une fatwa pour que cette constitution fusse écrite par une assemblée élué par les irakiens. Bremer qui ne connaissait rien à l’islam demanda s’il n’y avait pas un autre mollah pour édicter une contre fatwa.

C’est là qu’il se rendit effectivement compte que l’autorité de Sistani était suffisamment importante pour pouvoir se passer de lui sur ce point.En octobre 2003, alors que la guérilla progressait encore, il apparut que Bremer ne pouvait pas espérer gouverner l’Irak et que les forces US devaient laisser la souveraineté aux irakiens.

Le plan initial de Bremer était d’organiser un conseil des provinces mais Sistani, encore une fois fit descendre ses troupes dans la rue et voyant cela, Bremer et les américains avec l’appui des anglais se rangèrent à l’idée d’élections de type un électeur une voix. D’autant que les mollahs, très malins ne manquaient pas de citer J-J Rousseau aux américains et de promettre que l’avenir de l’Irak devrait passer par un rôle pré éminent de l’ONU.

L’abattement général des troupes et dirigeants US en Irak a aussi encouragé la prolifération de parti paramilitaires, Le Dawa a des patrouilles dans certaines villes, le conseil de la résistance (organisation dirigée depuis Téhéran rappelons le) a une milice entraînée par les pasdar iraniens.

Ces milices évitent les conflits avec les militaires américains, ayant fait une sorte de pacte avec l’administration Bush de ne pas utiliser de matériel militaire lourd. Il est prouvé que le conseil suprême continue aujourd’hui encore de recevoir une aide substantielle de Téhéran qui paye aussi les salaires des milices de Badr (la fameuse armée du Mahdi).

- Les faits étant que les iraniens dispensent aussi quelques subsides même à des laïcs irakiens ou des sunnites, afin que quel que soit la personne qui soit au pouvoir à Bagdad, celle-ci soit redevable à Téhéran.

C’est aussi l’ayatollah Sistani qui a réussit à convaincre tous les chiites à faire liste commune aux élections, sachant qu’avec 62 % de la population irakienne ils étaient majoritaire. Et c’est ainsi que ce qui avait été décidé à Téhéran s’est passé alors que le candidat laïque proche de Bremer, Iyad Alawi n’a obtenu que 14 % des voix.

Les véritables vainqueurs des élections de Janvier 2005 étaient les partis chiites. Une mauvaise nouvelle pour Bush ! Avec l’alliance des kurdes ils emmenèrent Ibrahim Djafari au pouvoir en tant que premier ministre, le parti Dawa et le conseil de la résistance dans les bagages, ne laissant que la portion congrue aux sunnites. Et tout de suite, le nouveau gouvernement irakien s’est empressé d’avoir des relations plus que chaleureuses avec Téhéran.

Téhéran qui aussitôt offrit des facilités portuaires aux irakiens, un prêt d’1 milliard de $ et de l’aide en raffinant le pétrole irakien. La domination d’un exécutif religieux fit de Sistani l’autorité morale suprême. Les chiites viennent ainsi de faire passer une loi selon laquelle aucune loi ne peut être votée si elle n’est pas en accord avec la religion islamique et obligeant le judiciaire à s’entourer de religieux musulmans.

- Lorsque tout ce monde était en exil à Téhéran, il y a 20 ans, jamais ils n’auraient imaginés arriver au pouvoir islamiquement et avec l’aide des USA. L’administration Bush a beau crier partout qu’elle veut instaurer la démocratie dans la région, en attendant, elle n’a réussit qu’à instaurer la république islamique et chiite d’Irak, petite sœur modèle de celle de l’Iran.

Les faucons de l’administration Bush ont un jour pensé que la conquête de l’Irak serait une base pour une guerre future avec l’Iran et les chiites d’Irak viennent de ruiner leurs plans.

Un Irak dominé par les religieux chiites ayant longtemps vécus en exil en Iran et inévitablement le meilleur des alliés de Téhéran. Les USA sont maintenant empêtrés dans un marigot dans les zones sunnites ne peuvent se permettre la moindre attaque contre l’Iran sans déclencher une révolte des chiites d’Irak.

C’est ainsi que Bush a, par inadvertance, renforcé l’Iran et sa position dans la région, la dotant d’un nouvel allié chiite. Les forces sunnites traditionnelles de la région, c’est-à-dire l’Arabie Saoudite et la Jordanie, sont ennuyées et terrorisées par le croissant chiite made in by Bush.

Loin d’avoir fait trembler les ayatollahs, Bush les a renforcé. Et après avoir user des menaces non avérées des armes de destruction massives de l’Irak, il a perdu toute véritable chance d’empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire.

En résumé, les véritables vainqueurs de la guerre en Irak sont les chiites, les religieux, les mollahs et pire encore : les iraniens !



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